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I - Naissance de la peinture de paysage à Rome et en Hollande au XVIIe

C’est à Rome, dans la première moitié du XVIIe siècle, que débute véritablement l’histoire de la peinture de paysage. Auparavant, la représentation de la nature n’existait pas en tant que genre autonome dans la peinture européenne et c’est dans la capitale de la chrétienté que va naître et se développer cette nouvelle catégorie picturale, appelée à connaître un essor considérable.

Rome était depuis l’antiquité une destination convoitée par les artistes désireux d’y compléter leur formation mais à la fin du XVIe siècle, divers facteurs vont permettre l’éclosion de ce genre profane : la présence simultanée de peintres parfois spécialisés venus de multiples foyers artistiques, en particulier les Flandres ; l’attrait de la Ville éternelle, renouvelé par les transformations récentes de son paysage urbain ; un goût croissant pour le dessin sur le motif et son réemploi dans l’œuvre peinte en atelier ; la circulation des images favorisée par l’estampe, et l’intérêt nouveau des théoriciens ; l’existence de grandes collections de peintures des maîtres de la Renaissance ; enfin, l’immense succès commercial du paysage peint auprès des amateurs, en particulier ceux de l’aristocratie et des familles pontificales.

Anibal Carrache :
Paysage fluvial
Anibal Carrache :
La fuite en Egypte

D’Annibal Carrache à Adam Elsheimer, de Pieter Paul Rubens à Paul Bril, de Claude Lorrain à Nicolas Poussin en passant par Gaspard Dughet, quelques-uns des plus grands peintres du XVIIe siècle vont contribuer à l’émergence du paysage.

Ainsi avec la diffusion des créations d’Annibal Carrache ; l’affirmation du naturalisme nordique ; le développement des paysages d’inspiration néo-vénitienne à partir des années 1620 ; la multiplication des vues peintes avec scènes de genre ; le succès des paysages topographiques et des caprices architecturaux ; et enfin, l’exceptionnelle restitution de la lumière et des effets atmosphériques.

Claude Lorrain :
Paysage avec berger
Claude Lorrain :
Embarquement de st Paule
Nicolas Poussin :
Nymphe et satyres

Parallèlement, les conséquences de la réforme affectent particulièrement l'art des Pays-Bas. Si les Pays-Bas méridionaux (la Belgique actuelle) restent attachés au catholicisme, les province septentrionales adhèrent dans l'ensemble à la réforme et se soulèvent contre leurs maitres catholiques, les Espagnols. La peinture religieuse disparait alors complètement de ces territoires et les peintres hollandais ne reçoivent alors plus que deux types de commandes : des portraits ou des paysages. Simon Vlierger (Embouchure d'un fleuve vers 1640 NG) sera ainsi l'un des premiers peintres de marine. Il exprime l'atmosphère de la mer par des moyens simples et discrets. Avec lui, la beauté des ciels entre dans l'histoire de l'art. Il ne recherche aucun effet dramatique ou spectaculaire et se contente de peindre un aspect de la nature qui lui plait. Jan van Goyen (Moulin près d'une rivière, 1642 ,NG) réalise des paysages simples et directs moulin familier et étendue uniforme de la plaine hollandaise. Van Goyen transfigure un paysage banal en une image de beauté paisible

Jacob van Ruysdael appartient à la seconde génération des grands maitres hollandais. Il a passé la première moitié de sa vie dans la charmante ville de Haarlem que seules des dunes boisées séparent de la mer. Il aimait étudier les effets de la lumière et de l'ombre sur les arbres noueux fouettés par le vent marin et peignait principalement des paysages de forêt. Il a été le peintre magistral des nuages sombres et menaçants, des éclairages crépusculaires, des châteaux en ruine et des ruisseaux bondissants

Au milieu du siècle, le nouveau genre pictural est devenu un art prestigieux et non plus mineur pour les collections aristocratiques, comme l’atteste la commande des grands tableaux destinés au palais du Buen Retiro à Madrid. Les cours européennes contribuent à la création de cycles auxquels participent désormais les peintres les plus confirmés, et les artistes de l’Europe entière s’en inspireront pendant plusieurs siècles. Le paysage est devenu une catégorie à part entière de l’histoire de la peinture : il en sera désormais indissociable.

II - Du genre héroïque au genre champêtre au XVIII

En Angleterre, pays réformé, les paysages de Claude Lorrain et de Nicolas Poussin influencent les paysagistes anglais. William Kent (1685-1748) architecte et paysagiste anglais, né à Bridlington dans le Yorkshire dessine les jardins de Stowe House dans le Buckinghamshire (1730), la villa d'Alexander Pope à Twickenham, du château de Richmond upon Thames pour la reine Caroline, Rousham House dans l'Oxfordshire. Il définit l’archétype du jardin paysager anglais qui comprend un point de vue intéressant avec création de perspectives découvertes progressivement, la suppression des clôtures, des haies, reprise du saut de loup, l’utilisation de courbes, de buttes, de relief, la plantation d’arbres en quantité et en groupes de façon à recréer un espace naturel, l’utilisation des jeux d’ombre et de lumière, l’implantation de fabriques, temples, ruines, pagodes, ponts, embarcadères.

Jean-Antoine Watteau :
Pélerinage à l'île de Cythère, 1717
Thomas Gainsborough
Mr and Mrs Andrews , 1749

En 1766, Roger de Piles dans ses Cours de peinture par principes peut alors disposer d'un corpus suffisant pour distinguer le style héroïque et le style pastoral ou champêtre. "Le style héroïque est une composition d'objets qui dans leur genre tirent de l'art et de la nature tout ce que l'un et l'autre peuvent produire de grand et d'extraordinaire. Les sites en sont tout agréables et tout surprenants : les fabriques n'y sont que temples, que pyramides, que sépultures antiques, qu'autels consacrés aux divinités, que maisons de plaisance d'une régulière architecture, et si la nature n'y est exprimée comme le hasard nous la fait voir tous les jours, elle y est du moins représentée comme on s'imagine qu'elle devrait être. Ce style est une agréable illusion et une espèce d'enchantement quand il part d'un beau génie et d'un bon esprit, comme étant celui de Poussin, lui qui s'y est si bien exprimé. Mais ceux qui voudront suivre ce genre de peinture et n'auront pas le talent de soutenir le sublime qu'il demande courent souvent le risque de tomber dans le puéril.

Le style champêtre est une représentation des pays qui paraissent bien moins cultivés qu'abandonnés à la bizarrerie de la seule nature. Elle s'y fait voir toute simple, sans fard et sans artifice; mais avec tous les ornements dont sait bien mieux se parer lorsqu'on la laisse dans sa liberté que quand l'art lui fait violence.Dans ce style, les sites souffrent toutes sortes de variétés : ils y sont quelquefois assez étendus pour y attirer les troupeaux de bergers, et quelquefois assez sauvages pour servir de retraite aux solitaires et de sûreté aux animaux sauvages."

Denis Diderot, dans ses différents compte-rendus des salons, admire d'abord François Boucher pour sa virtuosite, son goût des couleurs et la multiplicité des notations dont sont emplis ses tableaux. Il finit cependant par ne plus le défendre. Diderot exige en effet du paysage qu'il procure un sentiment général unique hors, chez Boucher, il ne trouve pas cette unité de ton qui était celle du Titien ou de Poussin.

François Boucher : Pastorale, 1740
François Boucher : Un automne pastoral, 1749

 

III - Ecole de Barbizon et impressionnisme au XIXe

Corot, Boudin, Monet.

 

Sources :