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Full metal jacket

1987

Voir : photogrammes, jeu des paires

Avec : Matthew Modine (Guignol / Joker), Adam Baldwin (Grosse baleine /Animal Mother), Vincent D'Onofrio (Pyle), Lee Ermey (Sgt. Hartman), Dorian Harewood (Eightball), Kevyn Major Howard (Rafterman), Arliss Howard (Cow-boy). 1h58.

Entraînement à Parris Island (Dakota du sud). Un sergent dresse un groupe de volontaires pour huit semaines dont Guignol, Blanche-neige, Cow-boy et Grosse baleine. Le sport (qui donne lieu à de belles images de soleil couchant) et le maniement du fusil (de nombreuse fois assimilé au sexe) sont le quotidien des futurs Marines. Baleine, sans cesse humilié par le sergent, sombre dans la folie et abat le sergent.

La seconde partie débute après un fondu au noir qui rompt avec les fondus enchaînés omniprésents entre les séquences.

Dans un premier temps, Guignol se retrouve, loin du front, à Da-nang et occupe son temps entre prostituées et conférences de rédaction pour "Stars and stripes". Juste après l'offensive du têt (janvier 1968), il se fait muter pour le front à Phu bai.

Il découvre le massacre de civils par les vietcongs et participe aux combats avec son camarade cow-boy, qu'il a retrouvé, et les membres de sa section dont "Méchante brute" une sorte de Rambo. Après une première escarmouche et une longue interview par des cameramen de télévision, son groupe est envoyé en reconnaissance sur une rive de la Perfume river. Crazy, le chef de section, est tué par un jouet piégé et Cow-boy prend le commandement. Suite à une erreur de parcours, un éclaireur est blessé par un sniper que personne ne voit. Sans assistance, Cow-boy ordonne la retraite mais Méchante brute convainc tout le monde d'attaquer. Le médecin puis Cow-boy se font tuer. Apres avoir échappé à la mort par miracle, Guignol achève la snaper vietcongn, blessée. Cette attaque lui a fait perdre la dernière trace de lucidité et il entonne dans le crépuscule un chant de mort et de destruction avec ses camarades qu'il accompagne de ces mots en voix off : "Je vis dans un monde merdique, oui, mais je suis vivant et je n'ai pas peur".

>Scène clé : d'abord hésitant pour participer à la correction de Léonard-Baleine, Guignol lui assène plusieurs coups.

Message essentiel : La guerre finit par faire perdre leur conscience aux hommes, même les plus lucides sur les folies humaines. La correction de Baleine est le premier échec de Guignol qui avait su, jusque là, résister au conditionnement du sergent. Alors qu'il avait toujours soutenu Baleine, il se range du coté des bourreaux. Son badge (peace and love) et son casque (born to kill) aux significations contradictoires, lui serviront ensuite un temps à conserver sa lucidité avant qu'un colonel ne lui les fasse retirer devant un champ de morts. Puis, ultime fin de toute distanciation : après avoir failli être tué, Guignol entonne avec ses camarades un chant de mort et de destruction.

 

Toujours perfectionniste, Kubrick mit plus de sept années, de 1980 à 1987, pour réaliser son film. Commencé juste après Retour de Al Ashby, (1978), Voyage au bout de l'enfer de Cimino (1978) et Apocalypse Now de Coppola (1979), le film pâti d'un intérêt devenu modéré du public pour le sujet.

Durant les sept ans d'élaboration du film, n'étaient d'ailleurs sortis que des films nettement plus mineurs : Rambo (1982) et Platoon (1986). Après Kubrick, seuls Barry Levinson avec Good morning Vietnam (1988) et surtout Brian de Palma avec Outrages (1990) réaliseront encore des films importants sur la guerre du Viet Nam.

Kubrick, comme plus tard Spielberg avec La liste de Schindler, a souhaité une caution documentaire pour l'histoire qu'il tournait. Non seulement, il n'a pas réédité une parodie comme Docteur Folamour mais il a affirmé vouloir tourner un vrai film de guerre, allant, pour renforcer la vérité documentaire, jusqu'à refuser le son dolby pour préférer un son mono plus réaliste et à choisir un grain de pellicule proche de celui utilisé par les auteurs de documents d'actualité. Le titre du film est également très précis et fait référence aux cartouches pour les fusils M14 utilisés par les Marines.

Les choses se gâtent néanmoins dès que l'on passe aux décors. Passe encore que les scènes de la première partie, l'entraînement à Parris Island, soient tournées dans la banlieue londonienne. Mais le décor d'une usine du West-end détruite pendant la seconde guerre pour les scènes de bataille apparaît vite assez réducteur. Et pire encore, on s'aperçoit bien vite que seuls les palmiers fonctionnent comme signe de la végétation vietnamienne. Les voir indéfiniment dans chacune des scènes finit par nuire à la crédibilité documentaire.

Ce ne sont là toutefois que des détails qui ne nuisent pas à l'élan épique du film, à la mise en scène qui vise à accentuer les projections mentales des individus ni même à son sujet : l'incapacité de l'intelligence à affronter la peur.

Kubrick utilise quatre fois le procédé de l'élargissement du champ qui révèle une signification de la scène toute autre que celle que l'on avait d'abord perçu en plan serré. Deux fois dans la première partie nous découvrons les soldats à l'entraînement avant de voir apparaître Léonard-Baleine, brimé, d'abord obligé de sucer son pouce. Ensuite, au moment de la correction de celui-ci, nous ne verrons d'abord qu'un savon enfermé dans une serviette avant de d'en comprendre l'utilité. Lorsque Guignol et son ami photographe prennent l'hélicoptère pour se rendre au front nous croyons d'abord que celui-ci est malade avant de comprendre qu'il vomit écœuré par le massacre des paysans vietnamiens abattus par un soldat fou. Enfin, avant d'entreprendre l'exploration de la rive de la perfume river les soldats sont interviewés par des cameramen de télévision puis brutalement un plan en contre plongé indique que l'on est passé à une autre séquence : celle de l'éloge funèbre des deux soldtas morts dans l'escarmouche précédente.

Il obtient le même effet de signification retardée par deux longs travellings arrière. Le premier débute sur un fondu de soldats marchant au pas qui enchaîne sur une séance de tir dont le champ se dégage de façon extraordinaire depuis les cibles jusqu'aux recommandations du sergent. Sa signification pourrait être : vous vous croyez des hommes, vous n'êtes que les serviteurs de vos fusils. A ce travelling de la première partie répond son symétrique dans la seconde sur la découverte des vietcongs morts depuis le regard de Guignol.

Suraccompagnement des projections mentales par la caméra : contre plongé sur un ciel omniprésent dans la première partie et des contre plongés plus franches lorsque les soldats regardent les morts. Lourde mise en scène de la folie de Baleine. Pour figurer un monde de merde, suicide près de la cuvette des toilettes !

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