Frankenstein
James Whale : Frankenstein (1931)
La fiancée de Frankenstein
James Whale : La fiancée de Frankenstein (1935)

La créature de Frankenstein, comme le Mister Hyde du docteur Jekyll ou l'homme invisible, est un monstre créé par l'homme et appartient ainsi au genre fantastique, comme les films de fantômes, de vampires ou les créatures aux pouvoirs fantastiques, non créées par l'homme : les super héros.

Frankenstein ou Le Prométhée moderne est un roman fantastique, publié en 1818 par la britannique Mary Wollstonecraft Godwin, maîtresse et future épouse du poète Shelley, alors âgée de 18 ans.

Le roman débute par le récit d'une tentative d'exploration polaire dont la majeure partie est constituée par l'histoire de la vie de Victor Frankenstein que l'explorateur Walton a recueilli sur la banquise avant sa mort. Ce récit tourne lui même autour de la narration à Frankenstein, par le monstre auquel il a donné vie, des tourments de celui-ci, qui justifient la haine qu'il lui porte

Le sous-titre évoque une tragédie grecque, mais c'est surtout le caractère inéluctable des malheurs que provoquent Frankenstein et le monstre, malgré toutes leurs tentatives pour faire le bonheur de ceux qu'ils aiment et admirent qui fait du roman une tragédie.

Avec les fantômes, l'homme est confronté à une névrose inconsciente qui le fait communiquer avec l'au-delà. Avec Frankenstein (ou Mister Hyde), l'homme est confronté à sa conscience, à sa propre puissance mentale hors norme. On retrouve dans cette catégorie de fantastique les monstres artificiels crées par l'être humain. Bien que faisant appel à un axiome scientiste, ces films relèvent du fantastique et non de la science-fiction, car la découverte du savant n'offre qu'un prétexte pour approfondir l'opposition entre le bien et le mal, le normal et le paranormal.sont les deux figures majeures du genre. Ni Frankenstein, ni Jekyll ne sont fous. C'est l'idée de dépasser les contraintes de la nature qui les pousse dans leur recherche prométhéenne et les conduit à la tragédie

Frankenstein a été plusieurs fois adapté au cinéma. Le premier film a été réalisé en 1931 par James Whale, avec Boris Karloff dans le rôle de la créature. Le maquillage avait été créé par Jack Pierce et est resté célèbre. En 1935, le même James Whale réalise une suite, La fiancée de Frankenstein.

Suivront un grand nombre d'adaptations : Le fils de Frankenstein, Le spectre de Frankenstein, Frankenstein rencontre Le Loup-Garou, La maison de Frankenstein, Deux nigauds contre Frankenstein jusqu'en 1948.

De 1957 à 1973 ce sont les productions de la Hammer qui vont prendre le relais avec Frankenstein s'est échappé, La revanche de Frankenstein, L'empreinte de Frankenstein, Frankenstein créa la femme, Le retour de Frankenstein, Les Horreurs de Frankenstein et Frankenstein et le monstre de l'Enfer

En 1994, le Mary Shelley's Frankenstein de Kenneth Branagh, se révèle, comme son nom l'indique le plus fidèle au roman.

Principales adaptations :
       
Frankenstein Kenneth Branagh G.-B. 1994
Frankenstein et le monstre de l'enfer Terence Fisher G.-B. 1973

Les horreurs de Frankenstein

Jimmy Sangster G.-B. 1970
Le retour de Frankenstein Terence Fisher G.-B. 1969
Frankenstein créa la femme Terence Fisher G.-B. 1967
L'empreinte de Frankenstein Freddie Francis G.-B. 1964
La revanche de Frankenstein Terence Fisher G.-B. 1958
Frankenstein s'est échappé Terence Fisher G.-B. 1957
Deux nigauds contre Frankenstein Charles Barton U.S.A. 1948
La maison de Frankenstein Erle C. Kenton U.S.A. 1944
Frankenstein rencontre Le Loup-Garou Roy William Neill U.S.A. 1943
Le spectre de Frankenstein Erle C. Kenton U.S.A. 1942
Le fils de Frankenstein Rowland V. Lee U.S.A. 1939
La Fiancée de Frankenstein James Whale U.S.A. 1935
Frankenstein James Whale U.S.A. 1931
Frankenstein J. Searle Dawley U.S.A. 1910

La science contre la nature
La science en devenant opérative place l'homme hors de sa fonction naturelle dans l'ordre du monde, l'exposant ainsi à la vengeance des dieux. Tout ce qu'il fait pour améliorer le monde suppose par là que celui ci n'est pas parfait, mettant en cause l'infaillibilité des dieux et provoquant un retour de bâton qui annule, voire inverse, les bienfaits supposés de son œuvre.

Frankenstein, comme Prométhée, crée un être pourvu du feu sacré, qui a la "connaissance du bien et du mal". Et c'est ce don lui même, conçu a priori comme une bénédiction, qui est a posteriori la cause de sa "chute".

Dans tout le roman la crainte quasi-religieuse qu'inspire la beauté et la puissance de la nature vierge, personnage à part entière du roman, par opposition à l'horreur qu'inspire le monstre-artefact souligne où passe cette démarcation entre le bien et le mal, ou plus exactement entre la vision correcte du monde et l'erreur constituée par l'utilisation opérationnelle de la science.

La créature est née dans la résidence d'études qu'occupait le docteur Frankenstein à Ingolstadt en Allemagne et se réfugie sur les pentes du Mont-Blanc, au-dessus du glacier de Montenvers. C'est là que le docteur Frankenstein la retrouvera et s'interrogera sur ce qui fait d'un être humain un homme à part entière. Le Mont-Blanc était tout à côté et sa présence est réelle dans le roman lorsque Mary Shelley décrit « le rugissement furieux de la rivière (…) les précipices (…) les immenses montagnes (…) révélaient en ces lieux la présence de forces évoquant celle de la toute puissance »; les «géants prestigieux des Alpes (…sont des…) pyramides et des dômes blancs et étincelants (…) un autre monde, habitat d'une espèce inconnue de nous».


La psychologie du chercheur
L'analyse du comportement de Frankenstein va bien au-delà de son cas particulier. Tous les chercheurs sont soumis à cette attitude qui leur fait se battre sans relâche contre le dernier obstacle avant la connaissance absolue, sans prendre le temps et le recul pour réaliser que ce dernier obstacle n'en est qu'un de plus et ne débouche que sur des problèmes à chaque fois plus complexes et plus nombreux, ni pour réaliser que les obstacles renversés ouvrent la porte à des conséquences à chaque fois plus néfastes sans permettre encore de résoudre les misères humaines qui motivent la recherche.

Jamais, en fabriquant le monstre, Frankenstein n'a une vision claire ni même globale de ce qu'il est en train de faire. Il est motivé par l'horreur que lui a inspiré la mort de sa mère, horreur qu'il veut éviter de revivre ou de voir revivre en découvrant le secret de la vie. Mais ce n'est que quand il est bien trop tard et que son œuvre détruit tout ce qui avait de l'importance pour lui qu'il commence confusément à réaliser sa responsabilité dans la génération de ce qu'il cherchait à abolir.


La relation Créateur créature

Le fait que le monstre est végétarien comme Mary et Shelley donne un indice sur le fait que l'auteur se projette non dans Frankenstein mais dans sa créature. Le monstre est donc un symbole de l'être humain et Frankenstein celui du Créateur, ce qui est confirmé par le sous-titre.

Mary Shelley nous dit que l'homme est devenu mauvais parce qu'il a été chassé du jardin d'Eden et non le contraire. Elle nous dit que le destin du Créateur et de sa créature sont indissolublement liés. Frankenstein ne peut abandonner le monstre quel que soit le désir et le besoin qu'il en éprouve, et le monstre n'a plus de raison de vivre quand Frankenstein meurt, alors même que toute sa vie n'a tendu qu'à le détruire.

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