Night and day

2008

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(Bam gua nat). Avec : Kim Yeong-ho (Sung-nam), Park Eun-hye (Lee Yu-jeong), Hwang Su-jeong (Sung-in), Gi Ju-bong (M. Jang), Hwang Soo-Jeong (la femme de Sung-nam), Kim You-jin (Min-sun). 2h25.
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Des cartons nous informent qu'"au début de l'été 2007, Sung-nam fuma un joint avec deux étudiants américains. C'était son premier. Peu après un des Américains fut arrêté et le dénonça. Baek, un ami de l'étudiant, l'avertit. Terrifié, Sung-nam prit un avion pour Paris".

8 août. Arrivé à l'aéroport, un homme mystérieux auquel il dit être peintre et être venu pour visiter paris, lui dit de prendre garde. Sung-nam vient se loger dans une pension du 14e arrondissement

9 août. Sung-nam partage une chambre avec plus de dix colocataires. Il décide que sa venue à Paris est l'occasion de repartir à zéro.

11 août. Il trouve enfin un café-tabac ouvert. Il ne se croit plus capable d'être amoureux comme les jeunes clients asiatiques qu'il croise.

12 août. Désœuvré, il lit la bible et sympathise avec le propriétaire, le Coréen M. Jang, qui lui propose de lui faire rencontrer une de ses amies, étudiante aux beaux-arts.

13 août. A une heure du matin, il appelle sa femme. Ils promettent de se rappeler régulièrement à cette heure là. L'après-midi, il fait la sieste dans une église puis croise par hasard sans d'abord la reconnaître l'une de ses ex, Min-sun.

15 août. Sung-nam informa sa femme qu'il a rencontré une ancienne camarade de cours désormais mariée à un français. Le midi, ils déjeunent ensemble. Min-sun se dit sans rancune des six avortements qu'elle a dû subir autrefois du fait de Sung-nam auquel elle n'osa rien avouer tant son emprise sur elle était alors importante. Aujourd'hui, elle voudrait bien renouer avec lui. Ils sont dérangés dans leur conversation par l'une de ses voisines que Min-sun lui signale comme particulièrement égoïste et radine. Au moment de se séparer, Min-sun se fait particulièrement câline mais Sung-nam, effrayé que son mari pourrait les surveiller, fuit à toutes jambes

21 août. M. Jang lui fait aussi rencontrer son amie, Hyun-ju, qui suit des cours aux beaux-arts et qui l'accompagne au musée d'Orsay voir les Courbet. Ce n'est pas l'origine des hommes mais Origine du monde le titre du tableau fait remarquer Sung-nam à Hyun-ju devant ce célèbre tableau qui ne dérange aucunement la jeune femme. "L'art ne devrai-t-il pas inspirer le respect ?" Fais remarquer néanmoins celle-ci. En se promenant dans Paris, Hyun-ju lui fait aussi découvrir les aides au logement pour les étudiants. Sung-nam n'en revient pas que le gouvernement aide même les étrangers : 180 euros pour un logement de 560.

23 août. Min-sun est venue à la pension à l'improviste alors qu'il lisait la bible. Sung-nam le regrette et, dans l'hôtel où il l'a conduite, refuse de faire l'amour. Il lui lit quelques pages de la bible exhortant à une conduite irréprochable. Elle s'en va tristement

24 août. Sa femme, Sung-in, l'informe que sa mère en veut pas lui donner d'argent. Il envisage d'être serveur dans un restaurant, ce que Sung-in refuse.

26 août. Hyun-ju lui fait rencontrer sa colocataire, Yu-jeong, également étudiante aux beaux-arts dans laquelle Sung-nam reconnait la voisine dénigrée par Min Sun. Il s'étonne que les écoles et les galeries (Claude Bernard) soient fermées pendant les vacances. Yu-jeong lui montre son press-book et Sung-nam invite les deux jeunes femmes au restaurant.

27 août. Sung-nam regarde de la gymnastique chinoise dans un parc

28 août. Sung-nam voit Yu-jeong offrir un casse-croute à un SDF. Ce geste qui contredit sa prétendue radinerie l'enchante. Il se sait désormais amoureux d'elle : "Le miracle est là. Elle est merveilleuse. Ne doit-on pas en profiter ?" Il l'invite à diner un soir où ils mangeront des huitres qui lui semblent appréciées des français. Yu-jeong accepte pour un soir prochain.

1er septembre. Sung-nam a tellement parlé d'huitres que Hyun-ju en a acheté pour qu'ils en dégustent chez elle. Pendant ce temps, Yu-jeong, dort et Sung-nam admire ses pieds. Il est suffoqué quand Hyun-jua lui affirme que Yu-jeong déteste les huitres.

3 septembre Sung-nam se perd dans Paris sous la pluie

4 septembre. Il téléphone à sa femme. Il est triste et voudrait qu'elle se masturbe afin de l'entendre jouir. Elle rit et accepte.

6 septembre. Sung-nam est fiévreux. Il pense à rentrer. Il va Yu-jeong un matin en dédaignant Hyun-jua qui s'en va en cours. Il mordille les pieds et s'ébahit qu'à son réveil elle lui demande d'agir en homme et de lui faire l'amour. Mais ce n'était qu'un rêve dû à la fièvre; il rêve d'elle toute la journée.

7 septembre. Sung-nam vient chez Yu-jeong avec une bouteille de vin. Elle lui dit que, quitte à fréquenter quelqu'un elle préfère uen femme à un homme marié. Dépité, il écrit à sa femme que les jeunes coréens de Paris sont futiles et qu'il va cesser de les fréquenter

8 septembre. Il  visite des ateliers d'artistes. Un jeune couple, posé, lucide, et heureux ainsi qu'un   peintre coréen plus âgé et réputé .Sung-nam  se sent triste d'être désœuvré à Paris

10 septembre. Hyun-ju, qui n'est pas insensible au charme de Sung-nam, a loué une voiture pour une escapade à Deauville en compagnie de celui-ci et de Yu-jeong qui se révèle à cette occasion particulièrement égoïste et radine suscitant les pleurs et la colère de Hyun-ju. Mais rien ne semble plus désormais pouvoir détourner Sung-nam de son amour. Il se montre particulièrement goujat avec Hyun-ju la délaissant pour se rapprocher de Yu-jeong partie bouder plus loin sur la plage.

12 septembre. Sung-nam sauve par hasard un oisillon

21 septembre. Sung-nam a repéré Yu-jeong à la terrasse d'un café. Il lui déclare tout de go qu'elle cesse de le vouvoyer et qu'il veut coucher avec elle. Elle s'en indigne puis s'en amuse et accepte qu'il lui offre un verre d'alcool. Tous deux marchent dans Paris, Yu-jeong se dérobant aux approches de Sung-nam mais acceptant finalement de s'endormir sur un banc, la tête sur ses jambes.

22 septembre. Sung-nam dit à sa femme envier une vie ordinaire

24 septembre. Yu-jeong a accepté de le recevoir Sung-nam chez elle qui lui dit le plus grand bien de sa peinture. Après un torride échange de baisers, Yu-jeong refuse toutefois d'aller plus loin et congédie définitivement Sung-nam.

26 septembre. Sung-nam essaie vainement de trouver un travail dans un restaurant. Sung-nam participe à une fête initiée par les locataires M. Jang.

1er octobre. Chez une amie de M. Jang, il découvre stupéfait l'un des dessins que lui avait montré Yu-jeong dans son press-book. Une jeune étudiante des beaux-arts qui lui révèle que Yu-jeong n'est plus étudiante car elle s'est fait renvoyer de l'école pour avoir plagié ses travaux, intitulés Monde chimérique. Dans une autre fête, il rencontre un coréen du Nord, Yoon Giung-su, avec lequel il se dispute.

3 octobre. Sung-nam. lit par hasard dans le journal que Min-sun s'est suicidée et, conscient de l'abandon dans lequel il l'a laissé, éclate en sanglots. Il promet à M. Jang, qui le réconforte de désormais mieux aimer les gens. Se doutant du désarrois actuel de Yu-jeong il lui déclare tout de go :" Je voudrais m'allonger dans tes bras". Son assurance suffit à briser ses défenses et, malgré les gifles, il obtient d'elle un nouveau week-end à Deauville.

Le 8 octobre. A la sortie de la gare, les deux amoureux jouent au Casino. Sung-nam y gagne 800 euros qu'il partage avec Yu-jeong à la plus grande joie de celle-ci. Dans la chambre d'hôtel donnant sur la plage, Yu-jeong est enfin prête à se donner à Sung-nam mais lui demande d'aller acheter des préservatifs. Sung-nam, qui semble novice en la matière, n'ose pas en acheter à la pharmacie où il est allé. Il revient dans la chambre où ils font l'amour.

Le 9 octobre. Les deux amants reviennent plus amoureux que jamais sur Paris. Mais Sung-nam apprend au téléphone que sa femme est enceinte et décide de rentrer immédiatement en Corée. Il prétexte d'une grave maladie de sa mère auprès de Yu-jeong qui s'inquiète pour elle-même d'une possible maternité.

12 octobre. Rentré en Corée, Sung-nam y retrouve une femme amoureuse qui lui avoue avoir mentie car elle ne supportait pas son absence. Sans doute, il n'encourra pour sa consommation de marijuana qu'une forte amande. Mari et femme rejoignent donc apaisés le lit conjugal.

Sung-nam vit avec une jeune femme, Ji-hye, qui ressemble étrangement à l'étudiante coréenne des beaux-arts dont s'inspira Yu-jeong. Ils doivent rendre visite à la femme de Sung-nam, hospitalisée et cherchent un cadeau pour elle. Le vase qu'ils ont choisi est malencontreusement cassé par un cycliste et Sung-nam s'emporte contre sa compagne qu'il chasse.

Ce n'était qu'un rêve mais Sung-nam a prononcé le nom d'une femme ce qui déclenche la colère de sa femme légitime. Sung-nam la rassure : c'est elle qu'il aime.

Night and day est l'histoire d'un enivrement amoureux où comment Sung-nam en dépit de tous les avertissements, de toutes les révélations sur Yu-jeong va tomber amoureux d'elle. La force du film est de nous faire partager cette obsession amoureuse, certes grâce à la beauté de l'actrice Park Eun-hye mais aussi par la mise en valeur des petits riens qui cristallisent la passion.

En contrepartie de cet enivrement, Hong Sang-soo délivre un message particulièrement cruel vis à vis de tous ceux qui sont délaissés par l'amour. L'ensemble atteint un degré de précision et d'ironie qui place le film dans la lignée des meilleurs contes moraux d'Eric Rohmer.

Sung-nam semble moins se perdre dans un Paris, auquel il s'habitue très vite ,que dans son univers mental de plus en plus focalisé autour de l'image qu'il se fait de Yu-jeong. L'étrange et menaçant voyageur qu'il rencontre à son arrivée à l'aéroport l'avait pourtant prévenu qu'il fallait se méfier. Min-sun l'avait prévenu que Yu-jeong était égoïste et pingre mais, emporté dans son rêve, il ne pense pas à vérifier ses dires. Et lorsqu'il se vérifient, c'est trop tard. Sung-nam n'avait préféré retenir que la générosité de celle qu'il aime déboursant quelques sous pour un sandwich et un café offerts à un SDF.

L'aspect culturel de Paris est vite évacué par une visite à Orsay exclusivement consacré à Gustave Courbet et à son célèbre Origine du monde où sont rappelés les fondamentaux du désir. Sung-nam va bien plutôt partir en quête de tous les signes amoureux : manger des huîtres, accepter ou non un rendez-vous, se cacher ou non de la colocataire qui vont l'obséder jusqu'à oublier Min-sun et l'abandonner à son suicide.

Le rythme régulier des cartons, marquant l'écoulement objectif des jours, contraste avec la fièvre amoureuse qui s'empare de Sung-nam. Dans chaque séquence, le film oscille entre l'observation du réel et la fièvre du désir d'un des personnages obligeant le spectateur à un décryptage de l'image qui sauf au tout début (le voyageur de l'aéroport) et vers la fin (tableau du ciel, cochon frappant à la fenêtre du rêve et vase) évite un symbolisme inutile.

9a sent bon la soupe. C'est pret à table. comprendre permet de tout surmonter. Nous restons unis à jamais luidemande si lle veut venir voir sa femme. Au son glorieux de la 7e symphonie de beethoven.

Jean-Luc Lacuve le 11/09/2008

critique du DVD
Editeur : Blaq out. Avril 2013. 20 €..

 

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