What price Hollywood ?

1932

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Genre : Mélodrame

Avec : Constance Bennett (Mary Evans), Lowell Sherman (Maximillan 'Max' Carey), Neil Hamilton (Lonny Borden), Gregory Ratoff (Julius Saxe). 1h28.

Mary Evans, une jeune serveuse au Brown Derby qui aspire à la gloire rencontre une nuit dans le restaurant le réalisateur Maximillan Carey. Il est fort ivre, mais est charmé par la jeune fille, et l'invite à la première de son film au Grauman's Chinese Theatre. Ayant renvoyé son chauffeur raccompagner chez elle une vendeuse de gardénias à laquelle il avait acheté toutes ses fleurs pour les distribuer aux clients, Max avise dans la rue une vieille guimbarde qu'il achète à son propriétaire pour 50 dollars alors que celui-ci n'en réclamait que 35. Et c'est dans une voiture fumant de partout qu'il arrive devant ses fans et les journalistes au bras de Mary. Celle-ci est contrainte de faire une déclaration à la radio mais s'en tire plutôt bien.

Le lendemain matin, Max se réveille chez lui ne se souvenait plus de rien au sujet de la nuit précédente. Il sonne son valet qui lui amène son whisky mais constate éberlué dans la glace un message avec numéro de téléphone que Mary a écrit sur son plastron. Son valet lui explique quelle l'a raccompagné au matin et dort en bas. Max réveille Mary qui lui rappelle que, pour le suivre la veille, elle a démissionné. Elle lui demande une lettre de recommandation. Charmé, il lui promet beaucoup mieux : un bout d'essai pour le lendemain. Comme elle exprime sa préoccupation au sujet de sa consommation excessive d'alcool, il lui dit qu'il ne supporte pas l'ennui du cinéma.

Le lendemain, Mary vient sur le plateau de Max qui lui demande de revenir le soir à 20 heures pour une scène où elle devra descendre un escalier et avoir une réplique à dire. Le premier essai de Mary révèle son inexpérience. Max la conseille avec précision et gentillesse mais devant ses échecs répétés demande une autre comédienne pour le lendemain. Découragée, Mary rentre chez elle et s'entraine toute la nuit à descendre l'escalier de son logement. Le lendemain, elle harcelle Max au téléphone pour un nouvel essai qu'il lui accorde d'une tyrolienne guillerette. Elle obtient son premier engagement de figurante pour Purple flame.

Mary vient perturber la séance de visionnage des rushes de Purple flame et c'est depuis la cabine de projection qu'elle assiste à la projection de son bout d'essai et à la réaction enthousiaste de Julius Saxe. Celui-ci décide sur le champ d'en faire la vedette du studio et orchestre une campagne nationale de promotion qui fera d'elle "la copine de l'Amérique". Julius reproche aussi à Carey de trop boire et, par conséquent, de ne plus se soucier de faire bien ni de ce qui est bon pour le film : "Il y a cinq ans, tu avais dix ans d'avance. Maintenant, tu es dépassé"

Mary rencontre Lonny Borden, un jeune milliardaire, sur un terrain de polo. Elle provoque tant et si bien qu'il lui promet un somptueux diner auquel elle refuse de se rendre. Il vient la chercher jusque dans son lit et finit par rendre les armes devant la sincérité de son amour. Il la convainc de l'épouser, ce qui réjouit Julius Saxe qui organise un grand mariage médiatique. Seul Max prédit que ce mariage est sans avenir. La cérémonie du mariage se révèle une épreuve face aux journalistes et au public déchaîné. Qui plus est, Julius et Max doivent annuler le voyage de noces du couple car des séquences de son dernier film sont à tourner de nouveau. Même la presse s'étonne du perfectionnisme soudain de Max qui saboterait ainsi le mariage de celle qu'il a découverte. Lonny doit supporter d'être renvoyé du plateau, d'être exclu des discussions sur les scenarios et doit se soumettre à l'interview vulgaire de Mlle Dupont, une commère d'Hollywood.

Parallèlement, la carrière de Max décline. Julius, malgré son amitié envers lui, doit le remplacer lorsqu'il disparait trois semaines. Mary le recherche en vain dans les bars et c'est ivre que Max débarque un soir chez elle au grand dam de Lonny qui quitte la maison. Max traine sur le plateau où Mary tourne sous la direction d'un autre metteur en scène. Elle apprend par un télégramme que Lonny a divorcé. Eplorée, elle explique à Julius qu'elle est enceinte et accouchera en septembre.

Un an après, la presse reproche à Mary d'avoir la grosse tête... surtout parce qu'à un an, son fils n'a jamais été pris en photo. Mary reçoit la médaille de la meilleure actrice décernée par la profession. Lonny envoie un cadeau à son fils pour Pâques mais Mary est préoccupée car il risque de demander la garde de son fils. Après trois mois de disparition, on lui téléphone que Max est en prison. Mary paie la caution, et l'amène chez lui. A ses encouragements, il répond "Consumé, je suis mort à l'intérieur". Elle lui demande d'être sobre. Il promet de ne plus lui causer de soucis.Max trouve un revolver dans un tiroir et compare son image dissolue dans le miroir avec une photographie de lui-même quelques années plus tôt. Il revient vers le tiroir et se tue d'une balle dans la poitrine.

La presse fait ses gros titres sur le scandale que cause la mort de Max dans la maison de la star. Les ligues de vertu interdisent les films avec Mary Evans. La presse et les commères assiègent son domicile. Julius réconforte Mary tout en lui rappelant la réalité : "Si tu étais une fille ordinaire, cela passerait mais tu es une star. Tu appartiens au public. Il peut te faire et te briser". Lonny menace de reprendre son fils. Devant le scandale qui enfle, Mary s'enfuit dans une ferme en France.

Lonny vient la retrouver, non pour lui rependre son fils comme elle le craignait, mais pour lui remettre une lettre de Julius Saxe qui la convie à rentrer pour un nouveau rôle. Lonny fait suivre cette lettre d'un post-scriptum de son cru où il déclare son amour à son ex-femme et lui propose une nouvelle cérémonie de mariage qui ressemblera à leur premier diner. Mary se laisse facilement convaincre.

What Price Hollywood ? contient en germe le scénario de Une étoile est née que Wellman réalisera en 1937 avant que Cukor ne s'en empare en 1954. Il s'agit en effet dans chaque cas des destins croisés d'une actrice vers les sommets et d'un metteur en scène ou d'un acteur alcoolique sur le déclin. Cukor déplorait d'emblée - contre Selznick, qui s'est rangé trop tard à son avis - un scénario insuffisant quant aux relations entre le réalisateur, star déclinante, Max Carey, et la jeune actrice, star montante, Mary Evans. Mais lorsque le scénario d'Une étoile est née est prêt, Cukor et Selznick sont fâchés et c'est à Wellman qu'échoit la réalisation avant que Cukor ne reprenne son bien pour une version Warner inoubliable.

En l'état, What Price Hollywood ? est moins un mélodrame qu'un drame sentimental. Il est constitué de trois parties d'égales durées. L'ascension de Mary Evans, son histoire d'amour avec Lonny Borden et la chute de Max qu'accompagne la souffrance de Mary auquel l'épilogue met fin.

Un méta-film sur Hollywood

Méta-film sur Hollywood, What Price Hollywood ? décrit les relations fusionnelles entre producteur, réalisateur et star. Le producteur Julius Saxe est le véritable mettre d'œuvre du film. Sa confiance et son amitié envers Max le conduisent à le laisser diriger les premiers films de Mary mais il le remplace quand il disparait trois semaines, risquant de mettre en péril l'économie du studio. C'est aussi, le producteur qui choisit les sujets de film. Ils sont souvent liés à l'actualité de la star. Dès qu'elle est mariée il choisit pour Mary des films où elle attendra bientôt un enfant et, pour son retour, il imagine pour elle le rôle d'une femme qui va en prison par amour. Il a tendance à aimer les grands sujets mythologique ce qui agace Max ('Les auteurs devraient pouvoir raconter leur histoire en 50 mots. Si ce n'est pas possible, l'histoire n'est pas bonne. Apres tout, conclut-il, dans la Genèse, la Création a été écrite en 300 mots"). Etre asexué, il appelle sa mère pour toute décision importante et l'associe à sa signature lors du mot final à Mary.

Max, le réalisateur n'est le maitre que sur le plateau. Il peut alors convier qui bon lui semble (Mary pour un bout d'essai) comme congédier son mari quand il perturbe l'actrice ("Je dirige Mme Lonny et vous, vous êtes M. Lonny"). Dans l'exercice de son métier, on le voit surtout comme directeur d'acteurs. Le premier essai de Mary révèle son inexpérience. Max la conseille alors, lui recommandant de descendre tranquillement avec grâce et légèreté, ne pas tenir la rampe, d'être sobre puis, après le deuxième essai, de ne pas marcher sur la pointe des pieds, de ne pas crisper les mains. Dans son studio, le temps de travail se répartit en deux séances dont la dernière commence à 20 heures et peut se terminer vers minuit.

L'actrice doit travailler dur pour répéter son rôle, ainsi le travail de nuit effectué chez elle pour descendre l'escalier. Mais la décision d'être la star du studio peut venir en un jour même sil elle doit être accompagnée d'une campagne de publicité et d'un slogan. Mary sera ainsi "la copine de l'Amérique". Julius Saxe propose d'amblée à Mary un contrat de sept ans avec 150 dollars la première année, la deuxième 200 par semaine et, dans sept ans dit-il, un million. La chute peut venir aussi rapidement. Ainsi la double transparence de Mary grandissant au milieu des étoiles ou assommée par les journaux.

Autour de ce trio, gravitent le public, les journalistes et Mlle Dupont, commère d'Hollywood, tous traités avec cruauté. Les annonces des journaux people, ""You ask me ! ", qui racontent comment l'actrice blonde a été découverte par le brillant réalisateur, comment elle le cherche dans tous les bars de Los Angeles alors qu'il a disparu d'un tournage depuis trois semaines, puis comment ce brillant réalisateur a brisé son mariage pour finir mystérieusement sa vie dans la maison de la jeune femme, désormais mère et divorcée.

Milieu clos, peu charitable et vulgaire, il est ainsi décrit par Lonny, laissé totalement à l'extérieur des discussions. Mary essaie d'avoir une tenue et une maison moins ostensiblement clinquante et lit le livre des bonnes manières de la société d'Emily Frost mais elle ne pourra éviter ce jugement sans appel de son mari : "Les gens de ton monde sont vulgaires sans le savoir."

Le refus du mélodrame

What price Hollywood ?, malgré ces critiques sur le système, ne cherche pas le mélodrame comme ce sera le cas dans les deux versions d'Une étoile est née. Dans toute la première partie, Max est toujours le réalisateur attitré du studio. La seconde partie met en parallèle la souffrance de Mary et celle de Max et le film se clôt sur un épilogue où le remariage qui se profile ne remet pas en cause le retour de Mary vers les studios.

La relation entre Mary et Lonny est présentée sous les accents de la comédie, lors de leur rencontre sur un terrain de polo, puis lors du dîner dans la salle principale où il a déployé vaisselle d'or, orchidées et trente musiciens, où il l'emmène de force, et enfin lors de leurs retrouvailles en France où il vient lui redonner son amour. Souvent Max est drôle ainsi lors de la première de Secret love où il annonce qu'il doit tout au bœuf, au fer et au vin ; ainsi sur sa prétention à marquer sa dose de whisky aussitôt détourné par son valet qui gomme le trait qu'il vient te faire et en met un nouveau après avoir bu sa rasade; ainsi de la tyrolienne chantée au téléphone ou de son numéro de téléphone mis au nom de son cuisinier chinois, Hip Sing Lung.

Jean-Luc lacuve le 05/08/2012.

Bibliographie :

Test du DVD

Editeur : Editions Montparnasse. Septembre 2012. Nouveau master restauré, version originale, sous-titres français.

L'un des six DVD de la treizieme vague des Classiques de la RKO.