The big Lebowski

1997

Avec : Jeff Bridges (Le Dude), John Goodman (Walter Sobchak), Julianne Moore (Maude Lebowski), Steve Buscemi (Donny), David Huddleston (Le grand Lebowski). 1h57.

Venice (Californie), Jeff Lebowski, homme paisible et sans ambition, revendique son surnom de "Dude" ("tocard") et mène une vie nonchalante essentiellement occupée par son passe-temps favori, le bowling. Avec ses copains, Walter Sobchak (un ancien du Viêt-nam irascible et revanchard) et Donny (pas très futé, mais excellent joueur), il prépare les prochains championnats où leur principal adversaire devrait être le vaniteux Jesus Quintana.

Un soir, Dude se fait agresser dans son appartement par deux individus voulant obtenir le remboursement d'une dette soi-disant contractée par son épouse envers le producteur de films pornographiques Jackie Treehorn. Or, Dude n'est pas marié. On l'a manifestement confondu avec Jeffrey Lebowski, dit " The Big Lebowski ", un milliardaire philanthrope de Pasadena. L'un des voyous ayant uriné sur son tapis, Dude, poussé par Walter, va demander réparation à son homonyme et, bien que reçu très froidement, réussit à retourner chez lui avec un beau tapis en remplacement du sien. Pendant sa visite, il fait la connaissance de Bunny, l'aguichante épouse de Lebowski qui, peu après, se fait enlever. Lebowski, en larmes, demande à Dude d'assurer la livraison de la rançon. Walter, toujours d'aussi mauvais conseil, incite son ami à remplacer la mallette contenant l'argent par un leurre.

Quelques heures plus tard Dude se fait voler sa voiture avec la mallette. Entre-temps, Maude, fille d'un premier mariage de Lebowski, est venue récupérer le nouveau tapis de Dude, sous prétexte qu'il appartenait à sa défunte mère. Selon elle, Lebowski n'a aucune fortune personnelle et fait un très mauvais usage de l'héritage destiné par sa mère à des œuvres caritatives. Courant toujours après sa mallette, Dude s'efforce de calmer la colère de Lebowski et de résister aux assauts du trio de ravisseurs, des nihilistes allemands armés d'un furet vorace. Drogué lors d'une visite à Treehorn, il se retrouve chez lui, où la belle Maude s'offre à lui. Di Fino, un détective à la recherche de Bunny, lui propose de mettre leurs renseignements en commun. Il s'avère en fait que la jeune femme est tout bonnement allée passer quelques jours chez des amis et que les " ravisseurs " ont fait croire à son enlèvement afin de toucher une rançon. Quant à la rançon, elle n'a jamais été déposée dans la mallette, car l'hypocrite Lebowski comptait ainsi faire assassiner sa dépensière épouse. L'aventure fera pourtant une victime innocente : Donny, mort d'un infarctus au cours d'une bagarre avec les nihilistes. Mais dans le ventre de Maude, un petit Lebowski attend de voir le jour.

Les frères Coen venaient de remporter l’Oscar pour Fargo. Ce film plus facile, avec son  antihéros en peignoir et tongs réussira modestement à s’installer à la sixième position du box-office américain, dans le sillage du Titanic de James Cameron qui écrase alors la concurrence.

On a souvent prétendu que la trame narrative était empruntée au Grand Sommeil. L'intrigue pas plus que les personnages n'ont pourtant rien de commun avec  le roman de Raymond Chandler. Ethan Coen a juste déclaré à ce sujet : « Nous voulions quelque chose qui produirait un certain sentiment narratif, une sorte d'histoire à la Raymond Chandler moderne, et c'est pourquoi nous l'avons située à Los Angeles. Nous voulions avoir un flux narratif, une histoire qui se déplacerait à travers différents endroits de la ville et différentes classes sociales, comme dans un roman de Chandler ». Joel Coen a également fait remarquer que l'utilisation d'un narrateur en voix off provient aussi de Chandler : « Il joue un peu le rôle du spectateur. Dans les adaptations des romans de Chandler, c'est le personnage principal qui parle en voix off et nous nous en sommes inspirés mais nous n'avons pas voulu reproduire cela à l'identique. C'est comme si quelqu'un commentait l'histoire d'un point de vue omniscient et, en même temps, avec le côté truculent d'un Mark Twain ».

Cette voix off est aussi plouc que The Dude lui-même. Elle vante le mérite exceptionnel de cette histoire... pour celui qui n'a jamais voyagé et n'a pas à faire l'effort d'apprendre une langue étrangère. Elle finit par s'embrouiller, perdre le fil pour conclure hâtivement  avant le générique de début.

Au fil des ans, le film devient néanmoins culte autour de ce barbu en robe de chambre qui retrouve ses deux amis et fait étalage de sa coolitude  en jouant au bowling et buvant pour cocktail des  White Russians.  Au total une communauté rassurante, finissant par se sortir des emmerdes en étant heureux ensemble et en marge. Cette ode à la non-performance propose une forme de rébellion salvatrice post-idéologique : le Dude fait la révolution tout seul dans son coin mais, imité, il pourrait ébranler le système.