Paris brûle-t-il ?

1966

Avec : Jean-Paul Belmondo (Pierrelot/Yvon Morandat), Charles Boyer (Docteur Monod), Leslie Caron (Françoise Labé), Jean-Pierre Cassel (Lieutenant Henri Karcher), Bruno Cremer (Colonel Rol Tanguy), Claude Dauphin (Colonel Lebel), Alain Delon (Jacques Chaban-Delmas), Kirk Douglas (Général Patton), Glenn Ford (Général Bradley), Yves Montand (Sgt. Marcel Bizien), Anthony Perkins (Sgt. Warren), Michel Piccoli (Edgard Pisani), Claude Rich (General Leclerc/ lieutenant Pierre de la Fouchardière), Simone Signoret Simone (Propriétaire d'un café), Robert Stack (Brig. General Wm L. Sibert), Jean-Louis Trintignant (Capitaine Serge), Pierre Vaneck (Maj. Roger Gallois), Orson Welles (Consul Raoul Nordling). 2h55.

Le récit de la libération de Paris du 8 au 25 août 1944. Le général Von Choltitz est nommé commandant de la place de Paris par Hitler. Dans la capitale, la résistance s'organise tandis qu'un émissaire est envoyé au-devant des troupes américaines pour les convaincre de venir délivrer Paris afin d'éviter un massacre et la destruction de la ville...

Le jour le plus long à la française : tourné selon le principe américain du grand spectacle : une foule de comédiens célèbres jouent de petits rôles et des acteurs de nationalité correspondant à leur personnage s'expriment dans leur langue originelle.

Le film a pour base le best-seller international de Dominique Lapierre et Larry Collins, deux journalistes (l'un français, l'autre américain) qui unirent leurs efforts pour écrire ensemble l'histoire de la libération de Paris après avoir retrouvé tous les témoins célèbres et encore vivants de l'événement. Le scénario est écrit avec la collaboration de Francis Ford Coppola. Le film nécessita cent quatre-vingts lieux de tournage. La production bénéficia du soutien actif du gouvernement français qui permit ainsi de filmer Paris désert (le tournage avait lieu tous les matins à partir de cinq heures).

Le titre du film renvoie à l’intention d’Hitler de mettre en œuvre la politique de la terre brulée. Autrement dit, si les forces alliées envahissent la capitale, les généraux ont ordre de la détruire. Il s’agit pour le führer de faire passer un message clair : si le monde ne peut être nazi alors il doit être détruit. Seul ce message compte puisque dans le contexte de l’été 1944, Paris n’est plus vraiment une place forte d’un point de vue stratégique. Une grande partie de la France est déjà libérée, l’avancée des alliés est inflexible et la Wehrmacht bat en retraite de toutes parts. Le maintien des allemands à Paris ne sert qu’à maintenir l’illusion de l’occupation. Personnages pragmatiques et réfléchissant en termes d’objectifs à long terme, les chefs militaires ne montrent ainsi guère de considération pour Paris. Le général Patton ne considère pas la libération d’une ville comme un objectif prioritaire et préfèrerait foncer vers Berlin pour tuer le loup dans sa tanière. Quant au général Choltitz, gouverneur de Paris, il refusera de détruire la ville non pas parce qu’il est éblouit par sa beauté mais parce qu’il juge un tel acte inutile. « Si je pensais que la destruction de Paris aiderait l’Allemagne à gagner la guerre, je serais le premier à aller allumer l’incendie.» déclare-t-il. Pour tous les autres, Paris est bien sûr le symbole de la France et si Paris est libéré, toute la France l’est.

Le film fonctionne par petites touches (l’attention portée à un tableau représentant la révolution française lors d’une discussion entre résistants) ou plus ostentatoires (la destruction du drapeau nazi après l’arrestation de Choltitz)

Clément choisit de présenter Hitler (interprété par Billy Frick) dans une sorte de métaphore des évènements à venir : il excite son chien en tirant sur l’os qu’il tient dans sa gueule. Il semble se forcer à reprendre l’os mais finalement laisse tomber et laisse le chien partir avec. C’est uniquement au travers des images d’archives parsemant le film que le général de Gaulle apparaît puisqu’il a purement et simplement refusé qu’on le représente au cinéma. À la place, le long-métrage met en avant le général Leclerc. Le personnage nous est introduit par les yeux d’un résistant. Ce dernier ne manquera pas d’être troublé par cette rencontre et le général lui dira comprendre son émotion. Il n’apparaît ainsi pas comme un individu mais comme le potentiel libérateur de la France.

Source : Matthieu Ruard, courte focale.