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Autoportrait dans les noces de Cana
(1528-1588)
Maniérisme
La tentation de Saint Antoine 1553 Caen, Musée des beaux-arts
Persée délivrant Andromède 1555 Rennes, Musée des beaux-arts
Susanne au bain 1560 Paris, Louvre
Saint Barnabé guérissant un malade 1560 Rouen, musée des Beaux-arts
Sainte famille avec sainte Dorothée 1560 Bordeaux, musée des Beaux-arts
Saint Jean Baptiste prêchant 1562 Rome, Galerie Borghese
Les noces de Cana 1563 Paris, Louvre
Résurrection du fils de la veuve de Naïn 1570 Vienne, Musée de l'histoire de l'art
Le repas chez Levy 1573 Venise, Academia
Le mariage de sainte Catherine 1575 Venise, Academia
Le repas chez Simon le pharisien 1576 Versailles, château
Mars et Venus réunis par Cupidon 1578 New York, Metropolitan
Leda et le cygne 1580 Ajaccio, Musée Fesch
Moïse sauvé des eaux 1581 Dijon, musée des Beaux-arts
Judith et Holopherne 1581 Caen, Musée des beaux-arts
Judith et Holopherne 1582 Gênes, Musée des beaux-arts
Vénus et Adonis 1582 Madrid, Museo del Prado.
Vénus au miroir 1585 Omaha (Nebraska)
Bethsabée au bain 1585 Lyon, Musée des beaux-arts

Véronèse représente parfaitement l'époque de passage de la grande Renaissance au Maniérisme. Lié à des cercles aristocratiques et humanistes - comme ceux des Grimani, des Barbaro, des Contarini -, il s'est attaché à la recherche d'un coloris somptueux, rythmé, qui exalte la luminosité de l'image, avec des ombres colorées et de précieux effets de tons superposés.

Véronèse emprunte à l'école romaine le goût de la représentation mythologique et allégorique que Julio Romano (l'élève le plus célèbre de Raphaël) avait apporté à Mantoue ; de l'école vénitienne, il tient la splendeur et la magnificence des couleurs qui font de lui l'artiste "royal" dont l'œuvre est destinée à célébrer le bonheur de vivre et à illustrer les merveilles du monde, la beauté des hommes et des femmes.

En somme, Véronèse exprime une vision laïque et progressiste qui, de ce fait, heurte les hiérarchies ecclésiastiques (comme l'attestent nombre de documents et témoignages), au point d'en faire un véritable symbole de l'art moderne.

Véronèse aborde la Bible dans le même esprit que le narrateur "profane", en voulant mettre en évidence les aspects émotifs de la Bible plutôt que ses côtés symboliques et évocateurs comme le feront d'autres artistes vénitiens de son temps.

Véronèse opère la synthèse entre la peinture vénitienne proprement dite et celle de la terre ferme, entre Padoue, Vicence, Vérone, Rovigo, territoires qui abritent aussi de nombreux talents. Véronèse n'est pas vénitien comme Titien ou le Tintoret, et il n'est pas non plus étroitement lié à la culture de l'Europe du Nord comme c'est le cas pour d'autres artistes de la Vénétie, en particulier Jacopo Bassano ou Pordenone. Il est donc la quintessence du grand classicisme qui exalte le dessin et la couleur, la magnificence et la qualité, qui s'attache à organiser de façon grandiose les épisodes peints et à mettre en évidence la profonde conscience de soi des personnages des portraits.

Paolo Caliari, dit Paolo Veronese, naquit à Vérone en 1532. Son père, Gabrielle Caliari, sculpteur, le destina d'abord à sa profession et lui apprit à modeler ; mais bientôt, entraîné par une penchant irrésistible vers la peinture, il entra à l'atelier de son oncle, Antonio Badile. Vasari prétend qu'il eut pour maître Giovanni Carotto, qui avait des connaissances étendues en architecture et en perspective. Les gravures d'Albert Dürer, les dessins du Parmesan, furent des modèles qu'il copia assidument pendant plusieurs années. Il fit des progrès rapides, et après avoir terminé différents travaux à Vérone, il fut conduit à Mantoue par le cardinal Ercolo Gonzaga, avec plusieurs de ses compatriotes, pour peindre plusieurs tableaux dans le Dôme. Le jeune Paolo, dans ces travaux, se montra supérieur à ses compagnons, et revint à Vérone; mais n'y trouvant pas assez d'occupations, il passa à Vicence; puis à Venise, où il s'établit.

Ses premières peintures, exécutées en 1555 dans la sacristie et dans l'église Saint-Sébastien, le placèrent immédiatement au rang des premiers artistes de l'époque, et son triomphe fut complet lorsque à la suite d'un concours établi par les procurateurs de Saint-Marc pour la peinture du plafond de la bibliothèque, ses rivaux lui décernèrent eux-mêmes la chaîne d'or destinée au vainqueur. Après cette lutte mémorable, Caliari fit un voyage à Vérone, puis revint à Venise, où il travaillait en 1560 à Saint-Sébastien, ainsi qu'au palais ducal. Le procurateur Girolamo Grimano ayant été envoyé par la république en qualité d'ambassadeur près du saint-père, Paolo l'accompagna. La vue des ouvrages de Raphaël, de Michel-Ange, et surtout l'étude des chefs-d'œuvre de l'antiquité, eurent l'influence la plus heureuse sur sa manière, qui s'agrandit et se simplifia encore sans perdre de sa grâce et de sa noblesse.

Ce fut à son retour de Venise, en 1562, que Paul Véronèse peignit pour le réfectoire du couvent de Saint-Georges-Majeur son célèbre tableau des Noces de Cana. En plus de cette grande cène, il en peignit encore trois autres, le Repas chez Simon le Pharisien (de 1570 à 1575), pour le réfectoire des pères Servites; le Repas chez Simon le Lépreux (1570), et le Repas chez Lévi, pour les religieux de Saint-Jean et Saint-Paul. Le premier de ces trois tableau, donné à Louis XIV en 1665 par la république de Venise, est actuellement au Chateau de Versailles.

Paul Véronèse était alors tellement recherché, que c'est à peine si, malgré son extrême assiduité et sa prodigieuse facilité d'exécution, il put suffire à tous les travaux publics et particuliers dont il fut chargé. Des églises presque entières ont été peintes par lui ; le palais ducal est rempli de ses œuvres gigantesques; des maisons de campagne dans les environs de Vicence, de Trévise, de Vérone, sont couvertes de ses fresques, et ses tableaux se trouvent répandus dans toutes les galeries de l'Europe. Son dessin, ferme et noble, qui procède par de grands plans à la manière antique, le doux éclat de sa couleur argentine, la beauté et la grâce de ses têtes, la pompeuse magnificence de ses vastes compositions, enfin l'art admirable, et que lui seul a possédé à ce degré, de représenter sans sacrifice apparent et sans confusion de nombreuses figures enveloppées d'une atmosphère également lumineuse, toutes ces éminentes qualités font de Paul Véronèse un des plus rares génies dont la peinture puisse se glorifier.

Paul Véronèse mourut le 20 mai 1588 d'une fièvre aiguë gagnée dans une procession solennelle faite à l'occasion d'une indulgence accordée par le pape Sixte V. Il était âgé de cinquante-six ans

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