Montage

L'ouverture à l'iris permet de débuter un plan en éclairant son centre qui progressivement ses contours. Parallèlement, la fermeture à l'iris obscurcit les contours du plan puis en éteint même le centre qui devient également noir. L'effet de transition à proprement dit ne fonctionne que si une fermeture à l'iris est suivie d'une ouverture à l'iris. A l'opposé de la transition douce du fondu enchaîné, l'ellipse spatio-temporelle et ici bien marquée.

On en trouve deux exemples dans A bout de souffle (Jean-Luc Godard, 1960). Michel Poiccard sort du cinéma où il a vu l'affiche de Bogart puis constate qu'il pas assez d'argent pour inviter Patricia à déjeuner

Plus tard, Michel Poiccard est repéré par un passant (caméo de Godard) qui a vu sa photo dans un journal. L'ellipse le retrouve alors qu'il  accompagne Patricia qui va interviewer Jean-Pierre Melville

 

Les exemples ci-après d'ouvertures partielles de l'iris ne relèvent pas du montage mais plutôt de l'analyse du cadre ou du plan.

Cadre avec ouverture partielle de l'iris

Le muet a fait grand usage d'un cadre avec une ouverture partielle de l'iris. George Albert Smith avec La loupe de grand maman (1900) utilise un iris partiellement ouvert pour cerner une vue à la loupe

voir : photogrammes de La loupe de grand maman (George Albert Smith, 1900)

Encore rare au milieu des années 1910 et souvent isolé à la faveur d’un iris qui enserre harmonieusement le visage au sein de l’écran noir de l’écran, le gros plan place le visage au centre du récit et au cœur du drame tout en le fétichisant et en le détachant des aléas du monde et de l’histoire. Ainsi apparaît le visage pensif de Lilian Gish dans ce qui est le premier gros plan de Naissance d'une nation (David Wark Griffith, 1915), un plan médaillon raccordé sur le regard d’un des personnages principaux du film, Le petit colonel, soldat sudiste qui, dans un champ de coton, contemple à la dérobé le portrait ovale de sa bien-aimée nordiste.

Plan avec ouverture partielle de l'iris

Dans Nana (Jean Renoir, 1931), le comte Muffat s'empare des jumelles de sa femme pour admirer Nana sur scène.

Quand le comte Muffat doit subir les convives encombrants chez Nana, qui va devenir sa maîtresse, l'ouverture à l'iris est prolongée par un travelling arrière.

Plus facétieux, Renoir garde l'ouverture à l'iris pour balayer le lit de haut en bas avant de prolonger le plan par un travelling arrière découvrant les cadeaux accumulés sur le lit.

 

Jean-Luc Lacuve, le 28 octobre 2025.

Source: Vincent Amiel, José Moure : Histoire vagabonde du cinéma, 2020.

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