La colline des potences
(Dalmer Daves, 1959)

Au cinéma, la présence de la foule violente ou consentante est inséparable du lynchage qui se distingue des exécutions sommaires, cruelles, mais sans le consentement et l'appui de la foule. Il y a ainsi exécution sommaire dans Impitoyable et lynchage dans L'homme des hautes plaines.

Les lynchages au cinéma
       
L'homme des hautes plaines Clint Eastwood U. S. A. 1973
Pendez-les haut et court Ted Post U. S. A. 1968
Les deux cavaliers John Ford U. S. A. 1961
La colline des potences Delmer Daves U. S. A. 1959
Johnny Guitar Nicholas Ray U. S. A. 1955
Le soleil brille pour tout le monde John Ford U. S. A. 1953
Stars in my crown Jacques Tourneur U. S. A. 1949
Le journal d'une femme de chambre Jean Renoir U. S. A. 1946
Panique Julien Duvivier France 1946
L'étrange incident William Wellman U. S. A. 1943
The adventures of Huckleberry Finn Richard Thorpe U. S. A. 1939
Furie Fritz Lang U. S. A. 1936

Durant l'intense période de contestations contre le régime colonial qui précéda la guerre d'indépendance des États-Unis, un certain Charles Lynch (1736-1796), "patriote" de l'État de Virginie, décida de réformer la façon dont la justice était appliquée dans sa région.

Juge de paix, il instaura des procès expéditifs menant parfois à des exécutions sommaires à l'encontre des défenseurs de la couronne britannique. Il réunissait la cour, recrutait les jurés et présidait à l'exécution. Quand la cour devait ajourner, le prisonnier était exécuté. La "loi de Lynch" se répandit dans les territoires de l'Ouest américain et s'y développa jusqu'à l'établissement et la consolidation de l'État de droit. Ses méthodes expéditives et les erreurs judiciaires furent couvertes par la Cour suprême. Lynch devint par la suite sénateur.

Vers 1837, la "loi de Lynch" donna naissance au mot "lynchage" particulièrement en Nouvelle-Angleterre où, en dépit des lois qui les protégeaient, des noirs furent poursuivis par des Comités de vigilance, qui donneront naissance au Ku Klux Klan. Dans le Sud des États-Unis, le mépris de règles de procédure considérées comme favorables aux criminels est renforcé par l'hostilité au gouvernement fédéral.

De 1882 à 1951, 4 700 hommes, femmes et enfants furent ainsi victimes de ces pratiques aux États-Unis, perpétrées au nom d'une loi non écrite. Des années 1880 aux années 1930, on recense une majorité de victimes noires parmi les lynchés : 2 400 personnes contre 300 personnes blanches, durant la même période. La plupart de ces lynchages ayant eu lieu dans les États du Sud des États-Unis. La population blanche, mécontente de la décision du Président Lincoln d'abolir l'esclavage (1862), a décidé d'intervenir. Le Ku Klux Klan en particulier a conduit au meurtre de beaucoup de Noirs. Bien souvent, le fait, pour une personne de couleur, d'avoir « offensé la suprématie blanche » : une dispute, des insultes, un témoignage à charge contre un Blanc, pouvait la conduire à la potence. Parmi ceux-ci, deux couples d'afro-américains (Roger et Dorothy Malcolm, ainsi que George et Mae Murray Dorsey) furent assassinés le 25 juillet 1946 à Monroe, ville située à 70 kilomètres au sud-est d’Atlanta, dans le comté de Walton, en Géorgie. Une trentaine de personnes les ayant extirpés de leurs voitures, ils furent ensuite abattus après avoir été attachés à des arbres, après quoi les corps furent jetés dans les buissons. Suite à cela, le président Truman fut le premier homme politique américain à avoir, ouvertement, une position contre le lynchage, d'autant plus que l'un des hommes était un vétéran de la Deuxième Guerre mondiale et que Dorothy Malcolm était enceinte de sept mois. Truman envoya le FBI sur les lieux, mais les enquêteurs fédéraux se heurtèrent à un mur de silence. Leurs meurtriers échappèrent alors à la justice.

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