1932 : Jean Renoir, La nuit du carrefour.
2007 : Béla Tarr, L'homme de Londres

Né à Liège le 13 février 1903, Georges Simenon a commencé sa carrière comme apprenti-pâtissier et commis de librairie. En 1919, il entre en qualité de journaliste chargé de la rubrique des chiens écrasés à La Gazette de Liège, pour laquelle il signera plus de 1500 articles en quatre ans et 800 billets quotidiens signés "Monsieur Lecoq".

Venu s’installer à Paris en décembre 1922, il collabore à plusieurs hebdomadaires légers comme "Frou-Frou", "Sans-Gêne", "Paris-Plaisirs", "Paris-Flirt". Il épouse sa première femme en mars 1923 à Liège, l’artiste-peintre Régine Renchon, dite "Tigy". La même année, Colette l’encourage en publiant ses premiers contes dans le «Matin». Il avait édité son premier roman en souscription (à 1500 exemplaires) en 1919 à Liège, sous le pseudonyme de Georges Sim, et publie en 1924 «Le roman d’une dactylo», qui marque le premier de quelques deux cents petits romans populaires qu’il écrira jusqu’en 1929, signés de divers pseudonymes, pour quantité d’éditeurs parisiens comme Ferenczi, Fayard, Rouff, Tallandier.

C’est en 1929 que Fayard publie son premier «Maigret», qui sera suivi de beaucoup d’autres, à raison d’un volume par mois. Parallèlement, Simenon a signé un contrat pour de «vrais romans» avec l’éditeur Gallimard, qui va également lui permettre de produire durant les années trente, un roman mensuel. Infatigable, il est aussi demeuré journaliste et, parcourant le monde, écrira jusqu’à la déclaration de guerre une importante série de grands reportages ainsi que des compte-rendus d’affaires célèbres (Stavisky) ou des interviews (Trotsky).

Après la guerre, il voyage toujours, réside quelque temps aux États-Unis (New York, Arizona, Floride, Californie, Connecticut, de 1946 à 1952), divorce à Reno d’avec «Tigy» — dont il avait eu un fils (Marc) — en juin 1950 pour se remarier le lendemain avec Denyse Ouimet, dont il aura deux fils (Johnny et Pierre) et une fille (Marie-Jo). Ce n’est qu’en 1963 qu’il se fixe à Épalinges, dans les faubourgs de Lausanne. Georges Simenon cesse d’écrire des romans en 1972 et se consacre alors à ses œuvres autobiographiques qu’il désignait comme ses «dictées». Après 1978 et le suicide de sa fille Marie-Jo, il ne publiera plus que deux livres de «mémoires intimes» avant sa mort, survenue le 4 septembre 1989. Visionnaire, mais sensible et déchiré, Simenon a avoué un jour : «Je ne connais pas le mot bonheur. Les mots bonheur et amour sont des mots creux qu’on met à toutes les sauces et qui ne veulent rien dire…»

Géant de la littérature contemporaine, celui qu’André Gide considérait comme «le seul romancier de sa génération» est devenu l’écrivain du siècle le plus lu dans le monde et le quatrième auteur de langue française le plus traduit (après Jules Verne, Charles Perrault et… René Goscinny ! — et avant Balzac, Hergé, Dumas, Sartre et Stendhal). Étonnamment prolifique — au début de sa carrière, il pouvait écrire jusqu’à 80 pages par jour et «boucler» un roman en trois jours ! — il est l’auteur de plus de 400 romans écrits sous 25 pseudonymes, traduits dans 40 pays en 57 langues et l’on estime aujourd’hui à 700 millions d’exemplaires le nombre de ses ouvrages vendus dans le monde.

«Au confluent lui-même de plusieurs cultures, a écrit le président Mitterrand à sa mort, Georges Simenon nous laisse une œuvre qui est devenue patrimoine collectif de l’humanité». Universellement reconnu comme un auteur d’une importance capitale — au moment de sa disparition, il était publié par 150 éditeurs français et étrangers ! — il a été défini en 1943 par l’écrivain américain John Cowper Powys comme «le grand, l’humain, le sage, le noble, le balzacien, le dostoïevskien, dickensien, rabelaisien et gorkien créateur du Sherlock Holmes français…»

Plus que Balzac, Dumas, Maupassant ou Zola, Georges Simenon demeure l’écrivain le plus adapté par le cinéma français. Si l’on excepte le cycle des «Maigret», il faudra attendre le début des années quarante pour voir la première «vogue Simenon» avec neuf films inspirés de ses œuvres en moins de quatre ans (1942-1945). Il reste que ce romancier hors pair n’a pas souvent été bien servi par le cinéma, «le sens du tragique social» (Robert Brasillach) et la fameuse «atmosphère Simenon» étant bien difficiles à traduire à l’écran. Car ses romans qui sont avant tout des «peintures de mœurs» parfois assez statiques, ne fournissent pas toujours, malgré les apparences, de bons sujets pour le cinéma.



Les oeuvres de Simenon avec Maigret

Ce n'est qu'en 1929 que Georges Simenon écrit, à bord d'une péniche, "Pietr le Letton", le premier véritable ouvrage mettant en scène le commissaire Maigret - mais le personnage avait déjà été esquissé dans quatre petits romans populaires. Si les éditions Fayard ont consenti à se lancer dans l'entreprise d'une série de "Maigret" dont la personnalité allait à l'encontre des personnages de roman policier traditionnel, elles ne l'ont fait que dans des conditions draconiennes : l'écrivain a dû fournir six romans d'avance et s'est engagé par contrat à en écrire un par mois avant que l'éditeur ne commence la publication. Mais Simenon ne faillira pas, et quelque 84 "Maigret" (plus 18 nouvelles) verront le jour jusqu'en 1972.

D'origine bourgeoise, Jules Maigret, après avoir interrompu des études de médecine, est entré très jeune au Quai des Orfèvres, où il a gravi un à un tous les échelons pour aboutir au poste de commissaire. Il habite avec sa femme un petit appartement boulevard Richard-Lenoir et, toujours revêtu de son inséparable pardessus, fume constamment l'une des quinze pipes de collection qu'il conserve jalousement dans son bureau de la P.J. Si la presse de langue anglaise le considère comme l'équivalent français de Sherlock Holmes, le parallèle s'avère un peu hâtif, car les deux personnages ne présentent que peu de rapports entre eux. Holmes ne se fie qu'aux indices qu'il recueille et, par raisonnement, en déduit la seule solution logique. Maigret est un intuitif qui préfère s'imprégner de l'atmosphère des lieux, côtoyer les personnages du drame, favoriser les témoignages et les confidences. Et les livres sont empreints d'une densité humaine à peu près totalement absente des récits de Conan Doyle, qui s'attachent uniquement à l'aspect intellectuel des problèmes.

 

1931 : Monsieur Gallet, décédé – Le pendu de Saint-Pholien – Le charretier de la providence – Le chien jaune – Pietr-le-Letton – La nuit du carrefour – Un crime en Hollande – Au rendez-vous des Terres-Neuvas – La tête d'un homme – Le relais d'Alsace – La danseuse du Gai-Moulin – La guinguette à deux sous
1932 : L'ombre chinoise – L'affaire Saint-Fiacre – Chez les Flamands – Le fou de Bergerac – Le Port des Brumes – Liberty-Bar
1933 : L'écluse no 1
1934 : Maigret
1942 : Maigret revient : Cécile est morte – Maigret revient : Les caves du Majestic – Maigret revient : La maison du juge
1944 : Signé Picpus - Les nouvelles enquêtes de Maigret (nouvelles).
1947 : Maigret se fâche – La pipe de Maigret (nouvelle) – Maigret à New-York – Maigret et l'inspecteur Malgracieux (Nouvelles : Le client le plus obstiné du monde, Maigret et l'inspecteur Malgracieux, On ne tue pas les pauvres types, Le témoignage de l'enfant de chœur)
1948 : Maigret et son mort – Les vacances de Maigret
1949 : La première enquête de Maigret – Mon ami Maigret – Maigret chez le coroner.
1950 : Maigret et la vieille dame – L'ami de Maigret – Maigret et les petits cochons sans queue.
1951 : Les mémoires de Maigret- Un Noël de Maigret (nouvelle) – Maigret au Picratt's – Maigret en meublé – Maigret et la grande perche
1952 : Maigret, Lognon et les gangsters – Le révolver de Maigret
1953 : Maigret et l'homme du banc- Maigret a peur- Maigret se trompe
1954 : Maigret à l'école – Maigret et la jeune morte- Maigret chez le ministre.
1955 : Maigret et le corps sans tête – Maigret tend un piège
1956 : Un échec de Maigret
1957 : Maigret s'amuse
1958 : Maigret voyage– Les scrupules de Maigret
1959 : Maigret et les témoins récalcitrants – Une confidence de Maigret.
1960 : Maigret aux assises – Maigret et les vieillards.
1961 : Maigret et le voleur paresseux
1962 : Maigret et les braves gens – Maigret et les clients du samedi.
1963 : Maigret et le clochard -La colère de Maigret.
1964 : Maigret et le fantôme – Maigret se défend
1965 : La patience de Maigret
1967 : Maigret et l'affaire Nahour – Le voleur de Maigret
1968 : Maigret à Vichy– Maigret hésite– L'ami d'enfance de Maigret
1969 : Maigret et le tueur
1970 : Maigret et le marchand de vin – La folle de Maigret
1971 : Maigret et l'indicateur– Maigret et l'homme tout seul.
1972 : Maigret et M. Charles.

Si le cinéma français a été tenté par l'oeuvre colossale de Simenon dès 1932, c'est d'abord le personnage de policier qui a retenu l'attention des cinéastes : sur près de soixante films adaptés de ses écrits avant 1970, quatorze films ont été consacrés au personnage du célèbre commissaire entre 1932 et 1968. Mais seule ensuite la télévison prendra le relais dans des téléfilms avec Jean Richard puis Bruno Crémer en France, Basil Sydney puis Rupert Davies en Angleterre, Boris Tenine en URSS, Kirya Aikawa au Japon, Ian Teuling en Hollande, Kees Bruce en Allemagne.

Simenon n'a collaboré au cinéma que pour les deux premiers films, se désintéressant très vite de ce que l'on pouvait faire de ses oeuvres à l'écran ("Voulez-vous m'expliquer pourquoi, si un de mes romans paraît devoir donner un bon film, on commence par le transformer en une mauvaise histoire ?", déclarait-il déjà en 1936).

Dix comédiens ont incarné les quatorze occurences du célèbre commissaire au cinéma : Abel Tarride, Pierre Renoir, Harry Baur, Albert Préjean (trois films), Michel Simon dans un sketch de Brelan d'as, Charles Laughton, Maurice Manson, Jean Gabin (trois films - et sept autres adaptations de Simenon), Gino Cervi, Heinz Rühmann, les aventures du commissiare Maigret restent cantonnées dans le genre du film de détective sans atteindre, sauf chez Renoir et Duvivier, à la profondeur du film noir.


Le chien jaune
1931

1932 : Jean Tarride. Le chien jaune. Avec : Abel Tarride (Jules Maigret), Rosine Deréan (Emma), Rolla Norman (Léon), Robert Le Vigan (Le docteur Ernest Michoux), Jacques Henley (Le Pommeret), Anthony Gildès (Le pharmacien), Robert Lepers (L'inspecteur). 1h28.


La nuit du carrefour
1931

Cari Andersen et sa sœur Else, Michonnait et sa femme, Oscar et sa femme, tels sont les couples qui occupent les trois maisons du carrefour des Trois-Veuves. Un dimanche, Andersen découvre dans son garage la voiture de Michonnet occupée par le cadavre de Goldberg, diamantaire anversois ; Michonnet, lui, a dans son garage la voiture d'Andersen. Interrogé pendant dix-sept heures, Andersen nie et est remis en liberté. Maigret enquête au carrefour où Mme Goldberg, à peine arrivée, est abattue le lundi soir.

Le mardi matin, Andersen part à Paris ; bien qu'il soit censé revenir immédiatement, on ne le revoit plus. Pendant cette journée, Maigret essaie de mieux connaître les Michonnet ainsi qu'Oscar, garagiste gouailleur et vulgaire, et s'attarde auprès d'Else, attiré par son comportement mystérieux, par son charme et par l'atmosphère trouble dont elle s'entoure. Le soir tombe et une folle nuit commence. Cari revient grièvement blessé : quelqu'un a tenté de l'assassiner ; on lui a volé sa voiture et il s'est traîné vers sa demeure où l'on tire à nouveau sur lui. Maigret va chez Oscar et ne trouve qu'un mécanicien dont l'attitude suspecte lui fait découvrir que le garage est une façade dissimulant un centre de trafic illégal (drogue, bijoux volés, etc.). D'une voiture qui passe, on tire sur Maigret, lequel reconnaît Oscar dans la voiture et le fait suivre. Michonnet a disparu de son domicile. On ramène Oscar et ses tueurs. Michonnet est retrouvé à l'aube.

Maigret réunit tout son monde chez Andersen et la vérité éclate. Else n'est pas la sœur, mais la femme d'Andersen ; elle sort des bas-fonds de Hambourg ; le Danois l'a "recueillie" blessée après une attaque à main armée ; il a entrepris d'en faire une autre femme, l'a épousée et, l'arrachant à son milieu, est venu vivre en France. Cependant, Else n'appréciait pas cette vie monotone ; elle a rapidement compris l'activité d'Oscar, s'est associée à lui, s'est assuré la complicité de Michonnet ; c'est elle qui a attiré Goldberg, trafiquant lui-même ; c'est un tueur à la solde d'Oscar qui a supprimé le diamantaire et son épouse et a tenté d'abattre Andersen. Tout avait été combiné pour que la police croie le Danois coupable ; pourtant, Andersen reviendra voir Else en prison : il l'aime toujours. C'est sa femme, après tout...

1932 : Jean Renoir, La nuit du carrefour. Avec : Pierre Renoir (Commissaire Maigret), Winna Winfried (Else Andersen), Georges Koudria (Carl Andersen), Georges Terof (Lucas), Dignimont (M. Oscar), Lucie Vallat (Mme Oscar), Jean Gehret (Emile Michonnet), Jane Pierson (Mme Michonnet).

 


La tête d'un homme
1931

Le 7 juillet, à Saint-Cloud, Mme Henderson, riche veuve américaine, et sa femme de chambre ont été assassinées. La police a rapidement arrêté Joseph Heurtin, livreur, qui a laissé des traces flagrantes de son meurtre. Reconnu sain d'esprit, Heurtin a été condamné à mort le 2 octobre. Or, pour Maigret, Heurtin est fou ou innocent. Pour le sauver, le commissaire, sûr de lui, obtient des autorités judiciaires qu'une chance d'évasion lui soit offerte. Pendant la nuit du 15 au 16 octobre, Heurtin s'évade donc et est suivi par la police.

Cette filature aboutit à la Coupole, où Maigret se trouve plongé dans la faune internationale du carrefour Montparnasse et où il repère particulièrement William Crosby, neveu de la victime, et Jean Radek, étudiant tchèque. Quel lien peut exister entre Heurtin, Crosby et Radek ? Ce dernier, surtout, intrigue Maigret : ne déclare-t-il pas au commissaire que la police n'a pas l'intelligence suffisante pour résoudre cette énigme ? Le problème semble se compliquer lorsque Crosby se suicide. Patiemment, Maigret suit la trace de Radek. Celui-ci apprécie manifestement d'être suivi par le commissaire ; il s'ingénie à lui montrer qu'il sait tout ; il se doute que Maigret le croit coupable, mais il pense qu'on ne pourra jamais trouver des preuves contre lui.

Pourtant Radek va trop loin en essayant de provoquer la mort de la femme de Crosby ; Maigret le prend en flagrant délit. Radek s'effondre et avoue : il avait appris que Crosby souhaitait la mort de sa tante dont il devait hériter ; l'étudiant lui avait proposé, contre récompense, de la supprimer ; Crosby avait accepté ; le Tchèque avait alors ourdi son plan machiavélique en se servant du faible Heurtin qu'il avait poussé à cambrioler la maison de Mme Henderson la nuit même où lui, Radek, devait tuer l'Américaine. Radek n'a laissé aucune trace, Heurtin en a laissé... De plus, le meurtrier s'était arrangé pour que Crosby et Heurtin ignorent son identité. C'est encore lui qui a provoqué le suicide de Crosby en lui laissant croire que la police savait tout. Radek a agi par haine de la société qui a commis l'injustice de ne pas reconnaître sa brillante intelligence. Il sera exécuté en janvier.

1933 : Julien Duvivier, La tête d'un homme. Avec : Harry Baur (Commissaire Maigret), Valéry Inkijinoff (Radek), Gina Manès (Edna Reichenberg), Damia (la femme lasse), Line Noro (la fille), Missia (la chanteuse), Oléo (la femme de chambre), Gaston Jacquet (Willy Ferrière), Alexandre Rignault (Joseph Heurtin), Louis Gauthier (le juge), Echourin (l'inspecteur Ménard), Marcel Boudel (l'inspecteur Janvier).

1950 : Burgess Meredith, The Man on the Eiffel Tower. Charles Laughton (Commissaire Maigret), Franchot Tone (Johann Radek), Burgess Meredith (Joseph Heurtin), Patricia Roc (Helen Kirby), Jean Wallace (Edna Wallace), Robert Hutton (Bill Kirby), Belita (Gisella), George Thorpe (le juge Comeliau), William Philipps (l'inspecteur Janvier).

Maigret fait évader et filer Joseph Heurtin, pauvre rémouleur qu'il ne croit pas capable d'avoir assassiné une richissime Américaine. Heurtin le mène aux Deux-Magots et à un ancien étudiant en médecine, un Tchèque mégalomane vivant d'expédients, Radek. Le commissaire le traquera jusqu'à la dernière plate-forme de la Tour Eiffel et l'enverra à l'échafaud.


La danseuse du Gai-Moulin
1931

1968 : Alfred Weidenmann, Maigret und Sein Grösster Fall (Maigret fait Mouche).

 


L'affaire Saint-Fiacre
1932

"Un crime sera commis à l'église de Saint-Fiacre pendant la première messe du Jour des morts." Tel est le message reçu par la police de Moulins qui en a averti Paris. Maigret se rend aussitôt sur place, car il a passé son enfance à SaintFiacre, dans l'Allier, où son père était régisseur du château. Il assiste à la messe au cours de laquelle la comtesse de Saint-Fiacre meurt... d'une crise cardiaque.

Le commissaire découvre pourtant rapidement que cette mort a été provoquée par une émotion violente : il trouve en effet, dans le missel de la comtesse, un extrait du Journal de Moulins annonçant la mort de Maurice de Saint-Fiacre, fils de la châtelaine. Or, celui-ci vient d'arriver de Paris au village, où il comptait demander à sa mère, comme il en a l'habitude, l'argent nécessaire à payer ses dettes. L'enquête, menée au château, au village et à Moulins, se déroule dans une atmosphère pesante et émouvante à la fois, car Maigret, se rappelant son enfance avec une pointe de nostalgie, se rend compte que les choses ont beaucoup changé en trente-cinq ans. Le domaine n'est plus que l'ombre de ce qu'il était au temps où le père du commissaire s'en occupait : les ventes de terrains se sont en effet succédé depuis la mort du comte de Saint-Fiacre pour couvrir les folles dépenses de Maurice, qui mène à Paris une vie fastueuse ; de plus, la comtesse s'est laissé gruger par de nombreux "secrétaires" qui ont été autant d'amants successifs. Le dernier de ceux-ci, Jean Métayer, se sentant soupçonné, fait appel à un avocat, de Bourges dont la suffisance irrite Maigret.

Néanmoins, le commissaire n'arrive à aucun résultat positif et il faut attendre, pour connaître le coupable, que Maurice de Saint-Fiacre organise, le lendemain du décès, un dîner placé "sous le signe de Walter Scott" (titre de chapitre) auquel sont conviés, outre les personnages cités ci-dessus, le curé, le médecin, le régisseur actuel et son fils, tous meurtriers possibles. Maurice de Saint-Fiacre y mène un jeu subtil que Maigret est réduit à suivre en témoin et cette scène à l'aspect lugubre aboutit à la découverte de l'assassin : il s'agit du fils du régisseur, Emile Gautier, qui a opéré avec la complicité de son père, lequel rachetait, en sous-main, les terres que la châtelaine devait vendre ; ainsi, la famille du régisseur espérait devenir propriétaire du domaine de Saint-Fiacre.

1959 : Jean Delannoy, Maigret et L'affaire Saint-Fiacre. Avec : Jean Gabin (Maigret), Michel Auclair (Maurice de Saint-Fiacre), Valentine Tessier (La Comtesse de Saint-Fiacre), Michel Vitold (L'abbé Jodet), Robert Hirsch (Lucien Sabater), Paul Frankeur (Docteur Bouchardon). 1h40.

Delannoy, pour ce retour de Maigret sur les terres de son enfance, prend de grandes libertés avec le roman de Simenon. Dans celui-ci, Maigret ne rencontre pas la comtesse. Il dort à l'auberge et non au château et se rend le matin à la messe pour voir la comtesse mourir. Totalement décontenancé par la tournure des événements, ce n'est pas lui qui résout l'affaire mais, Maurice, le jeune comte. C'est Maurice qui réunit les huit suspects dans le château et leur temps un piège dans lequel tombent le régisseur et son fils, Emile Gautier. C'est lui qui oblige le fis à demander pardon. Enfin, à la fin du roman, il refuse d'endosser le costume de son père.

C'est donc un personnage bien plus solide que celui proposé par Delannoy qui en fait un fantoche pour laisser à Maigret toute la conduite morale de l'action. Maigret avoue son sentiment amoureux alors qu'il était jeune collégien pour la jolie comtesse et sa gratitude envers son beau-père, le comte. Pour Delannoy, ce sont les temps modernes qui sont corrompus et Maigret a pour tâche d'endiguer la dégradation morale. Simenon était plus modeste avec Maigret laissant la raison policière derrière l'aristocratie; celle-ci dominant toujours la situation.

 


Cécile est morte
1942

1944 : Maurice Tourneur, Cécile est morte. Avec : Albert Préjean (Le commissaire Maigret), Santa Relli (Cécile), Germaine Kerjean (Madame Boynet), Luce Fabiole (Madame Petitot, la concierge), Liliane Maigné (Nouchi). 1h30.

1956 : Stany Cordier, Maigret dirige l'enquête, film à sketches d'après "Cécile est morte" "On ne tue pas les pauvres types" et "Maigret et la Grande Perche" .

 


Les caves du Majestic
1942

Mrs Clark, Américaine descendue à l'hôtel Majestic, est étranglée dans le vestiaire du personnel de l'établissement ; le cadavre est trouvé dans une armoire du vestiaire par Prosper Donge. Mr Clark étant un industriel important, Maigret est prié de mener l'enquête avec discrétion.

Après une journée passée dans les caves du palace, le commissaire s'intéresse à Donge, domicilié à Saint-Cloud, vivant avec Charlotte, ancienne danseuse qu'il a jadis connue à Cannes, où il s'occupait de la caféterie à l'hôtel Miramar. Charlotte et Prosper sont effrayés par l'enquête. Lorsqu'un deuxième corps, celui de Justin Collebœuf, portier de nuit de l'hôtel, est retrouvé le lendemain, étranglé lui aussi, dans la même armoire du vestiaire, le juge Bonneau fait arrêter Donge, contre l'avis de Maigret, lequel éprouve de la sympathie pour le couple de Saint-Cloud. Et pourtant, le juge a des motifs pour justifier l'arrestation : ne vient-on pas de découvrir que Donge, à Cannes, avait eu une liaison avec Mrs Clark qui n'était alors que Mimi, entraîneuse à "La Belle Etoile"? Elle était même enceinte au moment où Clark, de passage à Cannes, était tombé amoureux d'elle ; elle en a profité pour se faire épouser par le riche Américain, lui laissant croire que l'enfant était de lui. Le jeune Teddy Clark est donc en réalité le fils de Donge. Le juge a immédiatement flairé une affaire de chantage exercé par l'ancien amant de Mimi. En fait, c'est bien de chantage qu'il s'agit, mais non dans le sens imaginé par le juge.

Maigret continue l'enquête, persuadé que Donge est innocent ; il rôde parmi le personnel du Majestic et découvre la vérité : de l'hôtel, Donge écrivait parfois à Mimi, non pour avoir de l'argent, mais pour la supplier de lui rendre son fils. Le comptable du palace, l'ancien faussaire Ramuel, avait surpris une de ces lettres ; imitant l'écriture de Donge, il a aussi écrit à Mimi, mais pour lui extorquer de l'argent. Mimi payait... Lorsque les Clark sont arrivés par hasard au Majestic, Ramuel a compris que son escroquerie allait être découverte et n'a pas hésité à tuer Mimi. Il a supprimé aussi le brave Collebœuf, témoin de ses activités. Clark, très compréhensif, laissera Teddy à Charlotte et à Prosper, pour qui une nouvelle vie va commencer. Ramuel sera condamné aux travaux forcés à perpétuité.

1945 : Richard Pottier, Les caves du Majestic. Avec : Albert Préjean (Commissaire Maigret), Gabriello (Lucas), Suzy Prim (Emilie Petersen), Jean Marchat (M. Petersen), Denise Grey (Mme Van-Beil), Jacques Baumer (Arthur Donge). 1h40.

Charles Spaak écrit un scénario qui modifie assez profondément le roman. Maigret se trouve investi d'une double fonction : trouver le meurtrier et le père avec qui l'enfant de Mme Petersen sera le plus heureux. Dans le roman, Peterson n'avait que faire de Teddy. Ici, dès le départ, c'est la fusion entre le père adoptif et le fils qui est fortement marquée. Il en découle que Maigret en pourra qu'entériner la défaite d'Arthur qui dans le roman de Simenon obtenait la garde de l'enfant. La France vivant honnêtement semble ainsi plier sous le poids des puissances étrangères : Norvège, Hollande et Argentine dont les ressortissants font sans cesse valoir la puissance de leur ambassade auprès de la police et de la justice

Maigret donne un coup de poing, organise un jugement de Salomon avec son repas entre les deux pères et a ses méthodes bien à lui : il demande aux suspects de décrire un objet banal. S'ils se troublent et ne répondent pas immédiatement, c'est qu'ils ont quelque chose à cacher. Ses exploits sont relatés dans la presse et tous les suspects potentiels sont déstabilisés par son regard.

 


Signé Picpus
1944

Malgré un avertissement qui se termine par les mots "signé Picpus", la police ne peut empêcher le meurtre d'une voyante appelée Mme Jeanne. Dans l'appartement de la victime, Maigret découvre, enfermé dans la cuisine, un vieillard hébété, l'énigmatique Le Cloaguen, qui prétend ne rien savoir du crime qui vient d'être commis. Maigret, aussitôt, le devine innocent. Il le reconduit chez lui et découvre son milieu familial : une épouse acariâtre, une fille prétentieuse... Mme Le Cloaguen affirme que son mari, ancien médecin de la marine, est fou ; néanmoins, elle le soustrait aux psychiatres envoyés par le juge d'instruction. Forçant le mystère qui entoure les Le Cloaguen, Maigret parvient à rassembler quelques renseignements : la famille a quitté précipitamment Saint-Raphaël pour Paris ; d'autre part, Le Cloaguen reçoit à son nom une rente de 200000 francs, que lui sert par reconnaissance un éleveur argentin dont il a sauvé la fille. Détail bizarre : lors de chacune de ses visites annuelles, l'avoué chargé de l'affaire l'a trouvé malade, couché dans une chambre aussi mal éclairée que possible, comme s'il avait voulu se dissimuler aux regards. Peu de temps après, Maigret rencontre Mme Biron, la sœur de l'ancien médecin. Au cours d'une confrontation publique, Mme Biron ne reconnaît pas son frère. Le corps de ce dernier sera découvert dans son ancienne villa de Saint-Raphaël. Quant au faux Le Cloaguen, il s'agit du père de Jeanne, un clochard du nom de Picard, que Mme Le Cloaguen a rencontré dans le port de Cannes et qu'elle a fait passer pour son mari afin de continuer à percevoir la rente. Jeanne était la complice de M. Blaise, un maître chanteur qui avait découvert la véritable identité du « médecin » ; craignant pour son père, elle avait menacé de tout dévoiler et Blaise avait décidé de la supprimer. Mais il y avait Mascouvin, le malhonnête homme scrupuleux qui, entraîné dans cette affaire malgré lui et pris de remords, avait averti la police sans vouloir se dénoncer : c'est pourquoi il avait écrit l'avertissement anonyme...

1943 : Richard Pottier, Picpus. Avec : Albert Préjean (Commissaire Maigret), Jean Tissier (Honoré Mascouvin), Gabriello (Lucas), Delmont (Le Cloaguen). 1h35.

 


Le témoignage de l'enfant de chœur
1947

1951 : Henri Verneuil, Le témoignage de l'enfant de chœur, sketch de BRELAN D'AS.

 


Maigret au Picratt's
1951


1966 : Mario Landi, Le commissaire Maigret à Pigalle . Avec : Gino Cervi (Jules Maigret), Lila Kedrova (Rose), Raymond Pellegrin (Fred Alfonsi), Alfred Adam (L'inspecteur Lognon), Daniel Ollier (Philippe), José Greci (Arlette), Enzo Cerusico (Albert), Armando Bandini (La Sauterelle), Christian Barbier (Torrence). 1h40.

 


Maigret, Lognon et les gangsters
1952

1963 : Gilles Grangier, Maigret voit rouge

 


Maigret tend un piège
1955

Depuis six mois, cinq femmes vivant seules ont été assassinées à Montmartre. Aucun élément n'a permis d'identifier le tueur. A la suite d'une conversation avec un psychiatre de renom, Maigret monte une mise en scène destinée à faire croire qu'il a arrêté le coupable. Il espère que l'assassin, maniaque tuant probablement pour s'affirmer, sera blessé dans son orgueil, éprouvera un sentiment de frustration et se manifestera en tentant une nouvelle agression. Pour prévenir tout danger, un vaste dispositif de sécurité est mis en place : quatre cents membres de la police sont mobilisés et disséminés dans Montmartre. Le piège fonctionne : une jeune auxiliaire de police est attaquée, se défend, mais l'agresseur s'échappe, laissant pour tout indice un bouton arraché à son veston par la jeune fille. C'est pourtant ce bouton qui permet de retrouver très rapidement le possesseur du vêtement, Marcel Moncin. Ce dernier nie, mais, reconnu par sa dernière victime, il est arrêté. Maigret interroge la mère du suspect, femme emportée et dominatrice qui défend son fils avec acharnement ; l'épouse de Moncin, calme et paisible, défend aussi son mari. Un nouveau crime est commis dans les mêmes circonstances que les précédents. Maigret comprend qu'une des deux femmes a tenté de sauver Moncin en détournant les soupçons. Le commissaire essaie de cerner la véritable personnalité de Moncin et de connaître ainsi la motivation de ses meurtres. Dès l'enfance, Moncin, né à Montmartre, a ressenti l'humiliation de n'être que le fils d'un boucher ; c'était un enfant choyé, mais dominé à l'excès par sa mère. Celle-ci lui a fait épouser une jeune fille qui s'est révélée aussi possessive qu'elle. Moncin, faible de caractère, prisonnier de ces deux femmes castratrices « qui l'ont empêché d'être un homme », a désiré s'affirmer. Comme il s'interdisait toute rupture avec son épouse et sa mère parce qu'il avait malgré tout besoin de leur admiration, de leurs soins, de leur indulgence et de leur protection, il a satisfait son orgueil en assassinant ; il détruisait en même temps des représentantes d'un sexe annihilant. L'ultime tentative de protection échoue : l'épouse de Moncin, responsable du dernier meurtre, est inculpée à son tour. Jalouse, la mère envie le sort de sa bru qui, par son sacrifice, s'est montrée plus possessive qu'elle.

1958 : Jean Delannoy. Maigret tend un piège. Avec : Jean Gabin (Inspecteur Jules Maigret), Annie Girardot (Yvonne Maurin), Olivier Hussenot (Lagrume), Jeanne Boitel (Madame Maigret), Lucienne Bogaert (Mme. Maurin), Jean Debucourt (Guimart). 1h56.

 

 


Les oeuvres de Simenon sans Maigret


1932 Le passager des Polarlys- Les 13 coupables (nouvelles) – Les 13 énigmes (nouvelles) – Les 13 mystères (nouvelles).
1933 : Les Fiançailles de M. HireLe coup de lune – La Maison du canal – L'Âne-Rouge – Les Gens d'en face – Le Haut-Mal - L'homme de Londres
1934 : Le locataire – Les suicidés
1935 : Les Pitard – Les clients d'Avrenos - Quartier nègre
1936 : L'Évadé – Long Cours – Les Demoiselles de Concarneau – 45° à l'ombre
1937 : Le Testament Donadieu – L'assassin – Le blanc à lunettes – Faubourg
1938 : Ceux de la soif – Chemin sans issue – Les Sept Minutes (nouvelles) – Les Rescapés du Télémaque – Les Trois Crimes de mes amis – La Mauvaise Étoile – Le Suspect – Les sœurs Lacroix – Touriste de bananes – Monsieur La sourisLa Marie du portL'homme qui regardait passer les trains – Le Cheval-Blanc
1939 : Le coup de vague – Chez Krull – Le bourgmestre de Furnes
1940 : Malempin – Les inconnus dans la maison
1941 : Cour d'assise – Bergelon – L'outlaw – Il pleut; bergère... – Le voyageur de la ToussaintLa maison des sept jeunes filles
1942 : Oncle Charles s'est enfermé – La veuve CoudercLe fils CardinaudLa vérité sur bébé Donge
1943 : Le petit docteur (nouvelles) – Les dossiers de l'Agence O (nouvelles)
1944 : Le rapport du gendarme
1945 : La fenêtre des Rouet – La fuite de M. Monde – L'aîné des Ferchaux – Je me souviens...
1946 : Les noces de Poitiers – Le cercle des Mahé – Trois chambres à Manhattan
1947 : Au bout du rouleau – Lettre à mon juge – Le destin des Malou – Le club des Ostandais – Le passager clandestin
1948 : Le bilan Malétras – La jument perdue – La neige était sale – Pedigree
1949 : Le fond de la bouteille Les fantômes du chapelier -Les quatre jours du pauvre homme
1950 : Un nouveau dans la ville – L'enterrement de M. Bouvet – Les volets verts
1951 : Tante Jeanne – Le temps d'Anaïs – Une vie comme neuve- Le petit restaurant des Ternes (nouvelle) - Sept petites croix dans un carnet (nouvelle)
1952 : Marie qui louche – Les frères Rico - La mort de Belle
1953 : Antoine et Julie – L'escalier de fer – Feux rouges
1954 : Crime impuni – L'horloger d'Everton – Le grand Bob – Le bateau d'Emile (nouvelles : Le baron de l'écluse, ou la croisière du Potam, Le bateau d'Émile, Le doigt de Barraquier, L'épingle en fer à cheval, La femme du pilote, Les larmes à l'estragon, Le nègre s'est endormi, Valérie s'en va)
1955 : Les témoins – La boule noire
1956 : Les complices – En cas de malheur – Le petit homme d'Arkhangelsk
1957 : Le fils – Le nègre
1958 : Striptease – Le président – Le passage de la ligne
1959 : Dimanche – La vieille – Le veuf
1960 : L'ours en peluche
1961 : BettyLe train
1962 : La porte – Les autres
1963 : Les anneaux de bicêtre – La rue des trois poussins (Nouvelles : Annette et la dame blonde, Le capitaine du Vasco, Le comique du Saint-Antoine, Le crime du Malgracieux, Les demoiselles de Queue de Vache, Le docteur de Kirkenes, L'homme à barbe, Les mains pleines, Le mari de Mélie, Le matin des trois absoutes, Le naufrage de "l'armoire à glace", Nicolas, La piste du Hollandais, La rue aux trois poussins)
1964 : La chambre bleue – L'homme au petit chien
1965 : Le petit saint – Le train de Venise
1966 : Le confessionnal – La mort d'Auguste
1967 : Le chat– Le déménagement
1968 : La prison – La main –
1969 : Il y a encore des noisetiers – Novembre
1970 : Quand j'étais vieux – Le riche homme
1971 : La disparition d'Odile – La cage de verre
1972 : Les innocents
1974 : Lettre à ma mère

"Ce n'est pas l'originalité de ses histoires ou la sophistication de ses intrigues mais la poignante humanité de ses personnages, nos semblables, nos frères, qui fascine lecteurs, cinéastes et acteurs", écrit Claude Gauteur, qui touche peut-être là l'écueil majeur auquel se sont heurtés tous ceux qui ont voulu donner à voir cet univers à l'écran. Car, comme le dit Jacques Siclier : "Les rapports de Simenon et du cinéma semblent surtout avoir enrichi le premier". Il reste toutefois une dizaine de films que les amateurs considèrent comme des réussites, parmi lesquels LES INCONNUS DANS LA MAISON (adapté par Clouzot), LE VOYAGEUR DE LA TOUSSAINT (qui bénéficia de la collaboration de Marcel Aymé), PANIQUE (adapté par Charles Spaak et Julien Duvivier), LA MARIE DU PORT, LA VERITE SUR BEBE DONGE, EN CAS DE MALHEUR, LA MORT DE BELLE (au script duquel a travaillé Jean Anouilh), LE CHAT et L'HORLOGER DE SAINT-PAUL (qui transpose à Lyon une intrigue située dans une petite ville américaine).

 


Les fiançailles de monsieur Hire
1933

A Villejuif, on vient d'assassiner une femme dans un terrain vague. Un seul indice : le sac de la victime a disparu ; la police croit cependant au crime d'un sadique. La concierge de M. Hire, rendue méfiante par le comportement singulier de son locataire, signale qu'elle a entrevu chez lui une serviette tachée de sang. M. Hire est aussitôt pris en filature. Cet homme physiquement disgracié, au caractère mal défini, vit d'expédients. Au bowling, dont il est un habitué, il se fait passer pour un inspecteur de la P.J. Par ailleurs, M. Hire a de très mauvais rapports avec la police : il a même fait de la prison pour une affaire de mœurs, pour une escroquerie... Le soir, de sa chambre de célibataire, il lorgne les allées et venues d'une jeune voisine, Alice, et il va même jusqu'à la suivre quand, le dimanche, elle accompagne son ami Emile au match de football. Alice, piquée au jeu, se met à faire des coquetteries à M. Hire qui, trop timide, n'en profite pas, mais parvient, en revanche, à découvrir qu'Emile est l'auteur du crime dont on le soupçonne. La jeune fille lui arrache toutefois la promesse de ne rien dire. Naïvement, M. Hire propose à Alice de fuir ensemble vers la Suisse. Mais il attend en vain à la gare de Lyon celle qu'il appelle sa « fiancée » et, après une nuit d'errance, il se décide à regagner son logis. Or, à son arrivée, il tombe dans le piège que la douce Alice lui a tendu : elle a en effet déposé dans sa chambre la serviette, la pièce à conviction qui fournit la preuve du crime et la police est sur les lieux, entourée d'une foule justicière, prête à le lyncher. M. Hire tente de s'échapper par les toits, glisse et reste suspendu dans le vide jusqu'à ce que les pompiers alertés parviennent à le recueillir. Mais c'est un corps inerte qui leur tombe dans les bras : M. Hire est mort de peur sous le regard impassible d'Alice et de son ami.


1947 : Julien Duvivier, Panique. Avec : Viviane Romance (Alice Moulin), Michel Simon (Mr. Hire), Paul Bernard (Alfred), Lucas Gridoux (Mr. Fortin). 1h32.

Un crime vient d'être découvert dans une agglomération de banlieue parisienne. Une vieille demoiselle a été assassinée et le vol semble avoir été le mobile du meurtre. Le quartier est bouleversé, à l'exception de M. Hire, un célibataire original et qu'on n'aime guère. La police délègue sur les lieux l'inspecteur Michelet, qui s'attache à vérifier le comportement d'Alfred, garçon sans profession définie. Il vit avec une certaine Alice, belle fille hardie et provocante, qui a remarqué combien elle trouble M. Hire.

1989 : Patrice Leconte, Monsieur Hire. Avec : Michel Blanc (Monsieur Hire), Sandrine Bonnaire (Alice), Luc Thuillier (Emile), André Wilms (l'inspecteur Philippe Dormoy). 1h20.


Le coup de lune
1933


1983 : Serge Gainsbourg, Équateur. Avec Jean Bouise, Julien Guiomar, Francis Huster.

2000 : Eduardo Mignogna, Adela. Avec : Grégoire Colin et Martin Lamotte



L'homme de Londres
1933

Une nuit, à Dieppe, à l'arrivée du bateau de Newhaven, Teddy Baster est assommé par Pitt Brown et coule à pic dans l'eau du port en entraînant avec lui une valise. Louis Maloin, qui a tout vu de sa cabine d'aiguilleur, la récupère en secret. Ainsi, sans trop comprendre, il se trouve en possession d'une fortune : le produit du vol que Pitt Brown vient de commettre à Londres au préjudice de Harold Mitchel, le directeur du « Palladium » où il est engagé. Pitt Brown se doute que Louis Maloin a été témoin du meurtre et Louis Maloin devine que Pitt Brown est au courant de son geste. Ainsi naît peu à peu une sympathie muette entre les deux hommes qui s'épient. Mais de nouveaux événements surviennent bientôt : Pitt Brown doit se terrer dans la ville à cause de l'arrivée de l'inspecteur Molisson qu'accompagne Harold Mitchel, venu sur place avec sa fille Eva. Pendant ce temps, Louis Maloin, enivré par la possession des livres sterling, cède à quelques caprices en se livrant à divers achats dont il fait surtout profiter sa fille Henriette. Lui qui, dans sa famille, menait sa petite vie routinière avec obéissance, se sent peu à peu, grâce à cet argent, devenir un autre homme, autoritaire, entêté. Mais sa puissance lui pèse en raison de son lourd secret. Or, sa fille découvre, dans la cabane qui abrite leur doris, Brown, que l'on recherche activement ; elle l'y enferme. Au bout de quelques jours, Louis Maloin se résout à apporter de la nourriture à l'Anglais. Mais, agressé par lui, il le tue à coups de crochet. Ensuite, il rapporte à Molisson l'argent volé et s'accuse du meurtre. Personne ne comprend sa détermination et son sang-froid. Personne non plus ne peut deviner qu'à présent que tout est fini, plus rien ne lui importe. Ni l'effroi des siens, ni le jugement de la Justice. Il sera condamné à cinq ans de prison.

1943 : Henri Decoin, L'homme de Londres . Avec : Fernand Ledoux (Maloin), Suzy Prim (Camélia), Jules Berry (Brown), Mony Dalmès (Henriette Maloin), Blanche Montel (Madame Brown), René Génin (Maënnec), Made Siamé (La patronne), Marcelle Monthil (Rose), René Bergeron (Auguste), Gaston Modot (Teddy). 1h38.

1947 Lance Comfort, Temptation Harbour. Avec : Robert Newton (Bert Mallinson), Simone Simon (Camelia), William Hartnell (Jim Brown), Marcel Dalio (Insp. Dupré), Margaret Barton (Betty Mallinson), Edward Rigby (Tatem).

2007 : Béla Tarr, The man from London . Avec : Miroslav Krobot (Maloin), Tilda Swinton (Camélia), Ági Szirtes (Mrs. Brown), János Derzsi (Brown), Erika Bók (Henriette), Gyula Pauer (Tapster), István Lénárt (L'inspecteur Morrison). 2h19.

L'extrême virtuosité de la mise en scène n'empêche jamais ici l'émotion de se déployer. Chacun des vingt-huit plans-séquences qui composent le film est comme une facette d'une sorte de cristal dans lequel Maloin est enfermé.

 


Le Locataire
1934

1946 : Marc Maurette, Dernier refuge

1982 : Pierre Granier-Deferre, L'Étoile du Nord

 


L'assassin
1937

1979 : Ottokar Runze, Der Mörder.


Chemin sans issue
1938

Vladimir et Blinis, deux Russes blancs unis par une longue amitié de misère qui remonte au temps de leur jeunesse et de la Révolution d'octobre 1917, sont tous deux au service de Jeanne Papelier, femme extravagante qui mène la grande vie sur la Côte d'Azur : ils sont plus particulièrement affectés à l'entretien de son yacht, « l'Elektra », qui ne quitte guère le port d'Antibes. Pourtant, quelque chose sépare Vladimir de Blinis, et qui s'est brusquement révélé à l'arrivée d'Hélène, la fille de Jeanne : Blinis, en dépit de tout, a conservé une sérénité naturelle qui lui vaut aussitôt l'intérêt affectueux de la jeune fille. Celle-ci n'a, au contraire, que mépris pour Vladimir, qui se soûle quotidiennement « chez Polyte », et est l'esclave de cette mère dévoyée, trois fois mariée et qu'elle connaît à peine. Par jalousie, Vladimir glisse un brillant de Jeanne dans les vêtements de Blinis et le fait ainsi renvoyer pour vol. Néanmoins, ce départ ne modifie pas l'attitude d'Hélène qui n'adressera la parole, plus tard, à Vladimir que pour lui demander, contre une forte somme, un service dont le caractère honteux est toujours à la mesure de son mépris : Hélène, qui attend un enfant de Blinis, voudrait avorter. Vladimir n'a pas caché à Jeanne la vérité sur l'affaire du vol. Mais, alors qu'elle y voit le signe de ce lâche désespoir qui la lie corps et âme à Vladimir, ce dernier est de plus en plus rongé par un remords qui, un jour, débouche sur la révolte. Cette femme laide, alcoolique et dénaturée, coupable en somme de tout le mal, il va l'étrangler puis, ainsi délivré, partir à la recherche de Blinis, qu'il finira par retrouver à Varsovie dans un asile de nuit. Blinis n'est plus qu'une épave : Vladimir arrive en sauveur, animé du rêve de revivre avec lui le temps heureux de leur jeunesse où ils s'aimaient comme des frères. Rêve insensé auquel il renonce pour renvoyer Blinis rejoindre Hélène, qui attend son enfant près de Melun, après lui avoir laissé presque tout l'argent qu'il possède. Quant à lui, il assumera la misère qui était celle de Blinis à Varsovie.


2006 : Jacques Fieschi, La Californie. Avec : Nathalie Baye (Maguy), Roschdy Zem (Mirko), Ludivine Sagnier (Helène), Mylène Demongeot (Katia), Radivoje Bukvic (Stefan - Rasha Bukvic), Xavier De Guillebon (Francis), Caroline Ducey (Lila).

Au service d'une riche française dont il est l'amant, Vladimir envie l'histoire d'amour sincère et puissante que connaît la fille de sa patronne. En proie à une folie jalouse, il ira encore plus loin que ce qu'il pouvait imaginer…


Monsieur La Souris
1938


Georges Lacombe, Monsieur La Souris

Gordon Parry, Midnight episode.

 


La Marie du port
1938

1950 : Marcel Carné, La Marie du port.

 


L'homme qui regardait passer les trains
1938

1953 : Harold French, The Man who watched the trains go by



Annette et la Dame blonde
1940
Nouvelle écrite à été 1940, publiée pour la première fois dans Elle, première édition en recueil (La rue aux trois poussins, 1963)

La toute jeune Annette s'emploie à séduire l'avocat Maurice Cammage, mais c'est un ami de sa famille, Bernard Bouchin, qu'elle finit par épouser.

1941 : Jean Dréville, Annette et la Dame blonde. Avec Louise Carletti (Annette Barnavon), Henri Garat (Maurice Cammage), Georges Rollin (Bernard Bouchin), Mona Goya (Myriam Morrison), Simone Valère (Lucette).


Les inconnus dans la maison
1940

1942 : Henri Decoin, Les inconnus dans la maison

1992 : Georges Lautner, L'inconnu dans la maison

1967 : Pierre Rouve, Stranger in the house.



Le voyageur de la Toussaint
1941


1943 : Louis Daquin, Le voyageur de la Toussaint

 



La maison des sept jeunes filles
1941

1942: Albert Valentin, La maison des sept jeunes filles


La veuve Couderc
1942

Libéré après cinq ans de prison, Jean est engagé comme valet de ferme par Tati, surnom de la veuve Couderc. Celle-ci, entrée à quatorze ans comme servante chez Couderc, mariée à dix-sept au fils de la famille et veuve de bonne heure, a pris la direction de la maison. Elle y vit seule avec le père Couderc, vieil amorti dont elle soulage à l'occasion les besoins érotiques, et qui lui assure en retour la mainmise sur la ferme. Les sœurs Couderc, hostiles, tentent vainement de la lui reprendre. Jean, traité comme un fils par cette femme autoritaire qui lui accorde volontiers ses faveurs, se sent apaisé et compris pour la première fois. Mais il est bientôt ressaisi par son passé que lui rappelle indirectement une injure lancée par la jeune Félicie. Son procès lui revient à l'esprit : fils d'un gros distillateur de la région, il a eu une enfance dorée, mais sans affection familiale. Etudiant à Paris, ses besoins d'argent pour satisfaire les caprices d'une femme l'ont conduit à un assassinat que son avocat a plus ou moins camouflé en accident. Le voici de nouveau angoissé. Une dispute plus violente que les autres éclate entre les sœurs Couderc et Tati, qui, gravement blessée à la tête, est contrainte de garder le lit plusieurs semaines. Jean la soigne et s'occupe seul des travaux de la maison, cependant qu'il se rapproche peu à peu de Félicie. Tati, enlaidie par la maladie et craignant que Jean lui échappe, sent grandir en elle une atroce jalousie amoureuse. Le jeune homme réussit néanmoins à tromper sa vigilance et fait de Félicie sa maîtresse. Cependant, un jour que la jeune fille n'est pas venue, la veuve Couderc l'amène à avouer sa liaison. Excédé par les supplications et les reproches de cette femme malheureuse, Jean l'assomme à coups de marteau.

 

1971 : Pierre Granier-Deferre, La veuve Couderc. Avec : Simone Signoret (la veuve Couderc), Alain Delon (Jean Lavigne), Ottavia Piccolo (Félicie), Monique Chaumette (Françoise), Jean Tissier (Henri), Boby Lapointe (Désiré). 1h55.

 


Le fils Cardinaud
1942

Ce jour-là, Hubert Cardinaud retourne chez lui avec son petit garçon, après avoir acheté, comme chaque dimanche après la messe, le gâteau du dessert. A son grand étonnement, sa femme Marthe n'est pas à la maison. Après des recherches dans l'entourage, force lui est de reconnaître qu'elle s'est enfuie avec les économies du ménage, après avoir eu soin de confier son bébé à une voisine. Aussitôt Cardinaud décide de retrouver sa femme et de la ramener coûte que coûte chez lui. Il obtient un congé de son employeur afin de poursuivre méthodiquement ses recherches. Celles-ci lui feront découvrir le monde du mal, de la vulgarité, de l'égoïsme, duquel sa condition l'avait toujours tenu éloigné. Au cours de ce calvaire, il apprend que sa femme est partie avec un mauvais sujet, Mimile, « le fils à Titane », du Petit Bar Vert. Une canaille de l'endroit, qui a eu de nombreux démêlés avec Mimile, le recherche pour le supprimer : c'est lui qui fournit une nouvelle piste à Cardinaud. Ce dernier découvre Mimile le premier et n'hésite pas à le prévenir du danger qu'il court – ce qui ne l'empêchera d'ailleurs pas de se faire poignarder plus tard. Marthe, qui est délaissée par son séducteur, retrouve un mari qui n'a pas cessé de l'aimer. Passablement indifférente, elle reprend en sa compagnie le chemin de la maison, la vie conjugale et le rôti du dimanche.


1956 : Gilles Grangier, Le sang à la tête. Avec : Jean Gabin (François Cardinaud), Renée Faure (Mademoiselle), Paul Frankeur (Drouin), Monique Mélinand (Marthe Cardinaud), Jose Quaglio (Mimile Babin). 1h23.

 


La vérité sur Bébé Donge
1942

Un dimanche d'août, dans sa maison de campagne de La Châtaigneraie, Mme Donge tente d'empoisonner son mari à l'arsenic. Transporté en clinique tandis que sa femme est arrêtée, celui-ci, revenu à la vie, essaie de comprendre un geste qui, aux yeux de tous, semble inexplicable. Dans sa méditation, il revoit des images de ses dix dernières années, depuis le jour où il a fait de « Bébé » d'Onneville, jeune fille d'éducation raffinée, mais ruinée, l'honorable Madame Donge, aimée et admirée par toute la bonne société. Peu à peu, il découvre ce que sa superbe, son égoïsme lui avaient laissé ignorer jusque-là : il devine ainsi que la complaisance de Bébé à l'égard de ses nombreuses aventures amoureuses cachait, non pas de l'indifférence – comme il l'a toujours cru –, mais bien un amour véritable. Pendant dix ans, il s'était fait à l'idée d'une femme frigide, distante, secrète, inconnue finalement, et à leur entente superficielle. Et voici qu'en explorant son passé à elle, son enfance vécue dans une famille mondaine mais désunie, il se met à la connaître, à s'expliquer sa sensibilité cachée, à l'aimer. Cette prise de conscience de François Donge s'opère en étroite relation avec ce qui suit le drame : l'hôpital, la guérison, puis la préparation de la défense de Bébé. Quant à la vie de famille, elle reste présente grâce à Félix, à son fils Jacques et à Jeanne, sa belle-sœur. Enfin intervient la condamnation de Bébé cinq ans de travaux forcés. Mais François a compris, il attendra Bébé. Pour lui, c'est peut-être, qui sait ? une nouvelle vie qui commence. Mais pour elle...

1951 Henri Decoin, La vérité sur Bébé Donge.

 


L'aîné des Ferchaux
1945

1963 : Jean-Pierre Melville, L'aîné des Ferchaux. Avec : Jean-Paul Belmondo (Michel Maudet), Michèle Mercier (Lou), Charles Vanel (Dieudonné Ferchaux), Stefania Sandrelli (Angie), Todd Martin (Jeff), André Certes (Ëmile Ferchaux), Andrex (Mr. Andreï) Barbara Kent (La prostituée). 1h42.

 


Trois chambres à Manhattan
1946

François Combe, acteur naguère célèbre en France, vit depuis six mois à New York, où il est venu chercher un second souffle et surtout étouffer le scandale provoqué par une liaison de sa femme, qui l'a quitté pour un homme très jeune. Fuyant sa solitude, il rencontre Kay, au milieu de la nuit, dans un bar. Ils lient connaissance : Kay apprend à François qu'elle n'a plus d'endroit où loger. François se sent pris d'attirance pour elle, il cherche à l'aider. Dans une chambre d'hôtel, ils font l'amour en essayant d'oublier tout ce qui les entoure et les déboires de leur propre existence. Le lendemain, ils restent ensemble, vivant et errant en noctambules à travers les rues de New York. Franck commence à être jaloux du passé de Kay, et en particulier des hommes qu'elle a connus. Il apprend ainsi que Kay a été mariée à un ambassadeur, le comte Larski, qu'elle a quitté, ainsi que sa fille, pour aller vivre avec un gigolo. Le troisième jour de leur rencontre, Franck conduit Kay dans sa propre chambre. Là, il lui apprend à son tour qu'il a été célèbre à Paris et qu'il a tout quitté pour venir à New York où il mène une existence solitaire et relativement misérable. Kay, qui l'aime sincèrement, essaie de le rendre heureux, mais Franck doute autant d'elle que de lui-même ; il craint sans cesse de la perdre. Un jour, il lui fait une scène terrible, la questionne odieusement sur son passé, et va même jusqu'à la frapper. Le couple se rend encore dans une troisième chambre : celle occupée par Kay avant qu'elle ne connaisse François. Elle la partageait avec une amie mariée qui avait un amant. Le mari, prévenu, avait emmené sa femme et pris les clefs, et Kay s'était retrouvée à la rue. C'est maintenant que Franck va enfin comprendre à quel point il avait mal jugé Kay. Une semaine plus tard, celle-ci est appelée d'urgence à Mexico, où sa fille est gravement malade. Quand elle revient, Franck a eu la révélation de la profondeur de son amour ; n'ayant pu l'attendre, il l'a trompée avec une amie de passage, qui n'était pour lui qu'une autre figure de Kay absente. Kay lui pardonne et une nouvelle vie peut commencer pour eux.

1965 : Marcel Carné, Trois chambres à Manhattan. Avec : Annie Girardot (Kay), Maurice Ronet (François Combe), Roland Lesaffre (Pierre), Otto E. Hasse (Hourvitch), Gabrielle Ferzetti (comte Larsi), Geneviève Page (Yolande).

François Combe, un acteur français échoué à Manhattan, rencontre un soir dans un bar une compatriote, Kay, elle aussi à la dérive. En dépit de tout ce qui ne va pas manquer de se dresser contre eux et de tenter de les séparer, ces deux naufragés parviendront-ils à unir leurs solitudes ?

 


Lettre à mon juge
1947

1952 : Henri Verneuil, Le fruit défendu

 


Le passager clandestin
1947

1958 : Ralph Habib, Le passager clandestin

 


La neige était sale
1948

1954 : Luis Saslavsky, La neige était sale.

 


Le fond de la bouteille
1949

1956 : Henry Hathaway, The Bottom of the bottle

 


Les fantômes du chapelier
1949

1982 : Claude Chabrol, Les fantômes du chapelier. Avec : Charles Aznavour, Michel Serrault et François Cluzet.

 


Sept petites croix dans un carne
1951

1955 : Harry Horner, life in the balance

 


Les frères Rico
1952

1955 : Phil Karlson, The Brothers Rico

 


La mort de Belle
1952

Un soir, à la saison des premières neiges, dans une bourgade de la campagne new-yorkaise. Pendant que sa femme Christine est allée faire un bridge chez des amis, Spencer Ashby est resté à la maison où, après avoir corrigé des copies d'élèves, il s'adonne à son passe-temps de sculpteur sur bois. Les Ashby, qui sont très unis, hébergent depuis un mois la fille d'une amie de Christine, Belle Sherman. Celle-ci, qui s'est rendue au cinéma du village, revient avant la fin de la soirée, pendant que Spencer est occupé dans son cagibi. Christine rentrera plus tard. Le lendemain matin, à peine arrivé au collège, Spencer est rappelé d'urgence : on a trouvé Belle étranglée dans sa chambre.

Rien ne peut expliquer ce meurtre. Commence aussitôt une enquête qui met Spencer en présence du coroner Bill Ryan, puis du lieutenant Averell, de la Police d'Etat : les interrogatoires qu'il subit lui sont pénibles et il se sentira d'autant plus humilié que le principal du collège lui a demandé de ne pas se présenter en classe. Des renseignements pris par le F.B.I. en Virginie, où Belle a vécu, révèlent qu'elle a eu plusieurs aventures amoureuses et qu'elle est loin d'être la jeune fille sage que les Ashby imaginaient. On établit également que Belle ne s'était pas rendue au cinéma et qu'elle a été vue, le même soir, en compagnie d'un homme. Si le coroner soupçonne Spencer, Averell, lui, plus psychologue, comprend que sa naïveté est le meilleur garant de son innocence.

Cependant, l'enquête piétine. Malgré la gentillesse de Christine, malgré la compréhension d'un policier, Mr Holloway, le moral de Spencer se dégrade. C'est que l'opinion publique ne lui est pas favorable. On goudronne la façade de sa maison d'un grand M (=Murderer), les enfants lui témoignent une curiosité suspecte, il se sent exclu de la communauté. Là-dessus, on le convoque à Litchfield pour être entendu de nouveau par le coroner Ryan. Alors qu'il s'attendait à être inculpé, il apprend qu'aucune charge, du moins jusqu'à présent, n'est retenue contre lui. Sur le chemin du retour, soulagé et détendu, il fait ce qu'il a toujours regardé comme défendu : il entre dans un bar. Il se rend ensuite dans une cafétéria où il rencontre par hasard la secrétaire de Ryan, miss Anna Moeller, avec laquelle la conversation prend un tour intime. Au sortir d'un dancing où ils ont achevé la soirée, tous deux repartent dans la voiture de Spencer. Celui-ci, que sa compagne a excité, se fait ridiculiser par elle à cause de son impuissance. Alors, soudainement éperdu, il l'étrangle. C'est le lieutenant Averell qui viendra l'arrêter. Personne désormais ne pourra croire qu'il n'est pas l'assassin de Belle. Personne, sauf un homme qu'il ne connaîtra jamais.

1960 : Edouard Molinaro, La mort de Belle. Avec : Jean Desailly (Stéphane Blanchon), Monique Mélinand (Christiane Blanchon, sa femme), Alexandra Stewart (Belle), Jacques Monod (le juge d'instruction Beckman), Yvette Etiévant (Alice, sa secrétaire), Marc Cassot (l'inspecteur).

Stéphane Blanchon, professeur au collège international de Genève, est accusé d'avoir étranglé Belle, une jeune Américaine qu'il avait prise en pension avec sa femme. Déstabilisé par les injustes soupçons ayant pesé sur lui, Blanchon est amené à commettre un meurtre identique tandis que se pend l'assassin de Belle.

 


Feux rouges
1953

2004 : Cédric Kahn, Feux rouges. Avec : Jean-Pierre Darroussin et Carole Bouquet.

 


Le baron de l'écluse
1954

1960 : Gilles Grangier, Le baron de l'écluse

 


Le Bateau d'Émile
1954

1962 : Denys de La Patellière, Le bateau d'Émile. Avec : Lino Ventura, Annie Girardot, Pierre Brasseur et Michel Simon.

 


L'horloger d'Everton
1954

Alors qu'il travaillait dans une manufacture de montres à Waterbury (Connecticut), Dave Galloway a épousé Ruth, une femme volage qui l'a quitté en lui laissant un bébé de six mois. A partir de ce moment, Dave a sacrifié sa vie d'homme pour se consacrer à un idéal de père exclusivement tourné vers le bonheur de son fils. C'est pour être sans cesse auprès du jeune Ben qu'il est allé ouvrir un petit commerce d'horlogerie dans un village paisible de l'Etat de New York ; et il croit avoir gagné l'affection de ce garçon qui devient adolescent sans poser apparemment de problèmes.

Un samedi soir, Ben ne rentre pas chez son père. Celui-ci ne tarde pas à apprendre qu'il s'est enfui avec une adolescente, Lillian Hawkins, dans l'intention de gagner un autre Etat où la législation permettra au couple de se marier. Mais, en chemin, pour se procurer argent et voiture, les jeunes gens ont commis un meurtre et, le dimanche soir, dans l'Indiana, ils sont arrêtés après une fusillade (car Ben est armé) au cours de laquelle un membre de la police est blessé. Atterré, Dave trouve auprès de son ami et voisin, le menuisier Frank Musak, un peu de réconfort, puis il décide de se rendre en avion à Indianapolis où son fils est incarcéré.

Mais Ben, qui ne s'intéresse qu'à sa petite amie, refuse de voir son père. Il garde la même attitude lorsque ce dernier l'accompagne durant le transfert en avion pour Liberty où doit avoir lieu le jugement et, au moment du procès, les quelques mots échangés, dans le bureau de l'Attorney, entre le père anxieux et le fils décontracté ne feront que confirmer chez Ben une sécheresse de cœur inexplicable. Condamné à la prison à vie, le jeune homme accueillera les visites de son père avec l'indifférence quasi muette d'un étranger.

Cherchant à comprendre, Dave se dit que les Galloway sont de la race de ceux qui courbent la tête, mais avec une pointe de révolte. Son père, en prenant un jour une liberté qu'on lui reprocha durement, lui-même en épousant Ruth pour défier les camarades, son fils en tuant un homme, ne se retrouvent-ils pas solidaires ? Et qu'en sera-t-il de l'enfant, conçu dans l'union éphémère de Ben et de Lillian, à qui Dave se prépare déjà à parler ?


1974 : Bertrand Tavernier, L'horloger de Saint-Paul. Avec : Philippe Noiret (Michel Descombes), Jean Rochefort (inspecteur Guilboud), Jacques Denis (Antoine). 1h45.

Michel Descombes, un horloger lyonnais, apprend brutalement que son fils, qu'il a élevé seul, sa femme l'ayant quitté, a tué un homme et pris la fuite avec une jeune fille. Parallèlement à l'enquête de l'inspecteur Guibout, le père et le fils se découvrent, se comprennent et se rejoignent.

 


En cas de malheur
1956

Yvette Maudet cambriole une petite bijouterie avec sa copine Noémie. Le hold-up échoue. Elles se sauvent non sans avoir assommé la bijoutière. Sachant Noémie arrêtée, Yvette se présente chez Maître André Gobillot afin de lui demander de la défendre et lui propose ses charmes pour tout paiement.

Au prix d'un faux témoignage obtenu de Gaston qui jure que les deux filles sont restées chez lui le 8 avril, Gobillot obtient l'acquittement des inculpées. L'avocat de la bijoutière décide néanmoins d'en appeler au Conseil de l'Ordre. Viviane, l'épouse de Gobillot, qui a compris les vraies raisons de son mari le conduit elle-même à la porte de l'hôtel où loge Yvette. Yvette se donne à lui. Les trous dans la porte effectués par des voyeurs et surtout le trafic de drogue dans lequel risque de tomber Yvette incitent Gobillot à la loger dans un meublé plus confortable....

1958. Claude Autant-Lara, En cas de malheur Avec : Jean Gabin (Maître André Gobillot), Brigitte Bardot (Yvette Maudet), Nicole Berger (Jeanine). 2h00.

1998 : Pierre Jolivet, En plein coeur.

 


Le président
1958

Augustin – on ne le désigne que par son prénom –, ancien président du Conseil, s'est retiré dans sa propriété des Ebergues, après un cuisant échec politique. Bien qu'entouré d'un personnel dévoué et vigilant qu'il tyrannise un peu, il est très isolé, sans que sa solitude l'affecte, car il met son indépendance au-dessus de tout. En dehors des moments où ses ennuis de santé et l'appréhension de la mort viennent le troubler, il revit ses souvenirs d'homme d'Etat en rédigeant ses mémoires. Sans trop se l'avouer, il souffre d'avoir perdu toute influence dans la vie politique du pays. Il entrevoit cependant une lueur d'espoir en suivant de près une crise gouvernementale que traverse la France et pour le dénouement de laquelle on cite le nom de Chalamont, son ancien chef de cabinet. N'a-t-il pas conservé des documents qu'il croit compromettants pour les politiciens du moment et, entre autres, un aveu écrit arraché à ce Chalamont après une grave trahison de celui-ci ? En effet, vingt ans plus tôt, informé de par ses fonctions d'une dévaluation imminente, devenue indispensable et préparée en secret dans l'entourage du Président, Chalamont avait divulgué l'opération à son beau-père, un important financier qui en tira un profit considérable. Mais Augustin prend conscience de son illusoire vanité, lorsqu'il voit Chalamont, qui est devenu un homme influent, accepter de former un nouveau gouvernement, négligeant ainsi avec indifférence la menace que le Président croyait faire peser sur lui. Ce choc ramène le vieillard à la réalité ; c'est sans amertume et en quelque sorte soulagé qu'il brûlera ses papiers pour attendre une mort paisible qui ne saurait plus tarder.

1961 : Henri Verneuil, Le président. Avec : Jean Gabin (Émile Beaufort), Bernard Blier (Philippe Chalamont), Renée Faure (Mademoiselle Milleran), Henri Crémieux (Antoine Monteil), Alfred Adam (François - le chauffeur), Louis Seigner (Lauzet-Duchet), Louis Arbessier (Le député Jussieu) . 1h50.

Avec Jean Gabin comme acteur principal, le film est bien davantage un réquisitoire contre l'hypocrisie politique, l'affairisme qui touche même les milieux de gauche.


L'Ours en peluche
1960

1993 : Jacques Deray, L'ours en peluche. Avec Alain Delon.

 


Betty
1961

1992 : Claude Chabrol, Betty. Avec Avec : Marie Trintignant (Betty), Stéphane Audran (Laure), Jean-François Garraud (Mario), Yves Lambrecht (Guy Etamble), Christiane Minazzoli (Madame Etamble), Pierre Vernier (le docteur). 1h43.

 


Le train
1961

Au début de la Deuxième Guerre Mondiale, pendant l'exode de mai 1941, Julien Maroyeur, un électricien qui n'a pu prendre part aux combats, et sa femme enceinte décide de fuir avec l'exode général face à l'avancée de l'armée allemande. Ils prennent le train mais sont immédiatement séparés, lui dans un wagon à bestiaux et elle dans un wagon de voyageur. Julien seul fait alors la connaissance d'Anna, une Allemande juive qui fuit son pays...

1973 : Pierre Granier-Deferre, Le train. Avec : Jean-Louis Trintignant (Julien Maroyeur), Romy Schneider (Anna Kupfer), Maurice Biraud (Maurice), Paul Amiot (François le Verdun), Nike Arrighi (Monique Maroyeur), Paul Le Person (Le commissaire). 1h35.

 


La chambre bleue
1964

Tony Falcone et Andrée Despierre, qui s'étaient perdus de vue depuis la fin de leur enfance, sont devenus amants un soir de septembre. Au cours des mois qui suivent, ils se retrouveront huit fois dans la « chambre bleue » à l'Hôtel des Voyageurs, tenu par le frère de Tony, à Triant, ville proche de Saint-Justin, où ils habitent l'un et l'autre. Le 2 août, il s'en faut de peu que le mari d'Andrée ne surprenne par hasard les amants. Tony prend peur : jamais plus, il n'ira retrouver sa maîtresse. Pour s'éloigner d'elle, il emmène sa femme et sa fille passer quinze jours aux Sables-d'Olonne.

Mais Andrée, maîtresse passionnée, n'oublie pas les propos échangés lors de leur dernière rencontre. Prête à tout pour vivre avec Tony, elle attend la même chose de lui et le relance par lettres. Or, voici que dans la nuit du 31 octobre, Nicolas Despierre meurt. Comme il était de santé délicate et sujet à des crises d'épilepsie, le médecin délivre le permis d'inhumer. Tony reçoit de nouveaux billets d'Andrée, aussi brefs que pressants, et il a de plus en plus peur. Un matin de février, sa femme le prie de passer, avant d'aller voir sa clientèle, par l'épicerie Despierre ; il s'y rend, un peu malgré lui, et Andrée en profite pour lui remettre avec les autres emplettes le pot de confiture que Gisèle Falcone a commandé depuis plusieurs jours. Le soir, quand il rentre de sa tournée, sa femme est morte, empoisonnée. La police découvre de la strychnine dans la confiture et Tony est arrêté. On exhume alors le corps de Nicolas, et, de l'autopsie, il ressort que lui aussi a été empoisonné. Andrée Despierre et Tony Falcone ne seront pas séparés dans le procès ni dans le verdict : les travaux forcés. Andrée, pour le meurtre de son mari, et Tony, victime innocente de la malchance et d'un faux témoignage, pour la mort de sa femme.

2014 : Mathieu Amalric, La chambre bleue. Avec : Avec : Mathieu Amalric (Julien Gahyde), Léa Drucker (Delphine Gahyde), Stéphanie Cléau (Esther Despierre), Laurent Poitrenaux (Le juge Diem). 1h15.

Contrairement au roman qui se déroulait dans les années 1960, le scénario du film place l'histoire dans le présent notamment pour simplifier la réalisation du projet et ne pas avoir à travailler sur la recherche d'éléments de décors et matériels nécessaires à une reconstitution historique. De la même manière, les noms des personnages sont changés . Pour les auteurs, le réalisme des auditions du prévenu par le juge d'instruction ainsi que la dynamique qui existe entre ce dernier et son greffier ont revêtus une importance majeure. Mathieu Amalric a pour cela obtenu de nombreux conseils du juge du tribunal de Bobigny Philippe Salomon et de sa greffière


Le chat
1967

Après vingt cinq ans de mariage, Clémence et Julien ne se supportent plus, ne se parlent plus. Mais ils continuent à vivre ensemble dans un pavillon de Courbevoie. Julien ne parle qu'à son chat, ce qui énerve profondément et rend jalouse Clémence, qui se met à boire.

1971 : Pierre Granier-Deferre, Le chat. Avec : Jean Gabin (Julien Bouin), Simone Signoret (Clémence Bouin), Annie Cordy (Nelly), Jacques Rispal (le médecin), Nicole Desailly (l'infirmière), Harry-Max (le retraité). 1h26.

Ressource indispensable : Tout Simenon

 

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