Stavisky...

1974

Scénario : Jorge Semprún. Avec : Jean-Paul Belmondo (Serge Alexandre / Stavisky), Charles Boyer (Le baron Raoul), François Périer (Albert Borelli), Anny Duperey (Arlette), Michael Lonsdale (Dr. Mezy), Roberto Bisacco (Montalvo), Claude Rich (L’inspecteur Bonny), Pierre Vernier (maître Grammont), Marcel Cuvelier (L'inspecteur Boussaud). 1h55.

"La plupart des évènements relatés dans ce film sont exacts. Cependant les auteurs n’ont pas cherché à faire œuvre d’historiens. Ils se sont réservé le droit de laisser jouer leur imagination."

Lundi 24 juillet 1933. Léon Trotski, révolutionnaire bolchevique, fait une discrète arrivée à Cassis : il vient d'obtenir l'asile politique en France. "Voila, une page de l'histoire est tournée. Le vainqueur d'octobre, le créateur de l'armée rouge reprend la route de l'exil". Pendant que Trotski s'éloigne en voiture, "Monsieur Alexandre", à Paris, descend l'ascenseur du Claridge. Il interroge l'inspecteur Boussaud sur les intentions de l'inspecteur Bony qu'il charge de découvrir pour le soir. Puis il va rejoindre son ami, le riche baron Jean Raoul, qui l'appelle affectueusement Sacha, au salon. Il vient lui donner quelques détails sur le concours d'élégance qui a eu lieu la veille à Biarritz et où Arlette, sa femme, s'est particulièrement distinguée. Le baron, nationaliste, reprouve ce que Kessel admire par un article du journal Le Matin: un industriel allemand a affirmé sa foi juive face aux persécutions perpétrées par les nazis. Serge Alexandre fréquente les radicaux-socialistes, surtout parce que le cartel des gauches a gagné les dernières élections. Pendant qu’il procède à ses transactions financières avec son secrétaire, Albert Borelli, Alexandre fait couvrir de fleurs une jolie femme qui attendait dans le hall.

A la préfecture de police, l'inspecteur Boussaud vient demander à l'inspecteur Bonny de la Sûreté d’interrompre ses enquêtes sur Serge Alexandre qui est son indicateur.

Alors qu'ils se rendent au théâtre de l'Empire que possède Alexandre, le baron Raoul inquiète Alexandre en lui révélant que lorsqu'il était venu voir Arlette avant le défilé, elle lui avait dit avoir rêvé de leur chute à tous les deux dans une automobile. En revanche, Alexandre ne s'inquiète guère de la cour qu'elle accepte de Montalvo, un noble espagnol qui veut renverser la république en Espagne. Alors qu'Alexandre se fait examiner par le docteur qui le trouve dépressif; Raoul se demande s'il va révéler à Alexandre la cour très pressante de Montalvo envers Arlette qu'il avait remarqué après le défilé.Ce qu’il ne sait pas c'est qu'Arlette avait affirmé à Montalvo, odieux propriétaire n'hésitant pas à fusiller des paysans, qu'elle appartenait à Alexandre et redoutait plus que tout qu'il lui rende sa liberté.

Gaston Henriet, le directeur de l'empire préconise du luxe, du clinquant, du nouveau pour distraire le public après le succès de Kalinka.

Le journaliste de La bonne guerre voit l'inspecteur Gony qui lui demande de passer un entrefilet au sujet de Stavisky sans encore ressusciter l'affaire franco-hongroise dans laquelle Stavisky alias Serge Alexandre fut impliqué six ans auparavant. Alexandre demande justement à son avocat maître Grammont, d'en finir avec ce procès dont il a repoussé onze fois l’échéance. Il veut un non lieu définitif. Maître Grammont préconise de dédommager les parties civiles pour qu'elles retirent leur plainte. Il en coutera deux millions de francs. Alexandre délègue au Dr Mezy le soin d'en régler les détails

Propriétaire du journal La volonté, du théâtre de l’empire, d'une écurie de courses et avec le projet d'une caisse des grands travaux cotée en bourse et garantie par l'état, Alexandre ne se reconnaît plus dans Stavisky, escroc de seconde zone qu'il méprise. C'est ce que pense le docteur Mezy qui le voit tenter d'oublier son passé. Sept ans auparavant, a été condamné à deux ans de prison pour escroquerie après avoir été arrêté à Marly-le-Roi en juillet 1926. Alex se cachait depuis trois mois alors qu'il était recherché pour escroquerie, recel et chèque sans provision; Il aurait pu fuir mais préféra offrir une fête d'adieu à ses amis.

L’inspecteur Boussard, face caméra, explique qu'il rencontra Alexandre deux ans plus tard affirmant avoir bénéficié d'un non lieu et qui est devenu son indicateur.

Le docteur Mezy affirme que le lendemain de l'arrestation d'Alex, son père, un dentiste du XVIe se tira une balle dans la tête. Il faudrait parler des femmes, ajoute-t-il. En avril 1926 sans grands moyens d'existence un rapport de police affirme qu'il cherche à exploiter les femmes. "Pour comprendre Alex, il faut parfois oublier les dossiers, il faut rêver de lui" Alex a seize ans et fait ses études à Condorcet, une femme de trente ans, séduite l'enlève et l'emmène à Deauville où elle l'l’initie au jeu, au luxe et au plaisir. Alex surgit pour dire que c'est son grand-père qui l'a initié à la vie. Il accorde cinq minutes au journaliste de La bonne Guerre qui tente de le faire chanter avec l'entrefilet de Bonny mais accepte une "avance " sur une future régie publicitaire. Alexandre retourne ensuite assister aux répétitions. Edith Boréal, pour une scène de Je t'aime de Sacha Guitry demande l'assistance du baron Raoul et Erna Wolfgang pour Intermezzo de Giraudoux celle d'Alexandre pour laquelle elle a besoin d'un spectre. Borelli qui y assiste déclare, "c'était un fou, un homme qui sort de prison doit essayer de se faire oublier". Erna est fière de sa judéité, alors qu'il cherche à faire oublier la sienne. En la raccompagnant, Alexandre lui déclare : "Le bonheur c'est facile, le plaisir demande réflexion, c'est pour les riches".

En fin d'après-midi, au Claridge, Alexandre a retrouvé le femme du hall de l'hôtel qui est devenue sa maîtresse. Il méprise cette bourgeoise cultivée pour lui avoir declamé du Beaudelaire banalement quand elel n'avait plsu que son bijou au cou mais en a prifiyté pour lui racheter à bas prix son colier dont ele lignorait la valeur. Borelli, son homme de confiance, lui rappelle que ses entreprises sont déficitaires déficitaires : Ecurie, 3 MF, Empire 6M, 2M pour ses journeaus, 2M depots de vin, perte aux jeu, 8MF, soit 22 M en moins de deux ans) VESt un investissement : la seule façon d'attirerd el'argent, c'est d ele montrer. Toutes les affaires s emontent sur le credit et c'est quoi mon credit ?

cherche à le mettre en garde sur les dangers courus avec cette nouvelle escroquerie, récemment mise en œuvre : l'émission de faux bons de caisses au crédit municipal de Bayonne. 3 M sont venus à échéance. Il lui faut 100 millions pour octobre avec la caisse autonome

C'est avec ce scandale que prendra fin la carrière aventureuse de Serge-Alexandre, retrouvé mort dans un chalet de montagne.

Pour cette évocation du plus grand scandale politico-financier de la IIIe République, Alain Resnais choisit une narration complexe et structurée par l’imaginaire. Le film recourt à de nombreux flash-back qui tentent de cerner un personalité mutiple. Chacun, face caméra y va de son interprétation. Pour Borelli, le sage secrétaire c'est un fou. Pour le Dr Mezy "Pour comprendre Alex, il faut oublier les dossiers, il faut rêver de lui »

La plupart des scènes se déroulent sur des scènes de théâtre, réelles ou illusoires (le héros déclamant devant une salle de conseil d’administration vide, ou cabotinant dans le hall du Claridge). « La seule façon d’attirer l’argent, c’est de le montrer », ­explique Stavisky, et toute la mise en scène de Resnais ­repose sur la représentation, jusqu’aux décors luxueux, nimbés d’irréel.

Ce grand film sur une société du spectacle victime d’un argent virtuel et tentée par le fascisme (avec, pour seul symbole du peuple, la silhouette d’un Trotski exilé) fut incompris à sa sortie et boudé par le public. Ce qui décida Belmondo à se tourner définitivement vers le cinéma commercial.