Phoenix

2014

Genre : Mélodrame

Avec : Franz Rogowski (Georg), Paula Beer (Marie), Godehard Giese (Richard), Lilien Batman (Driss). 1h41.

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Nelly, une survivante de l'Holocauste revient chez elle sous une nouvelle identité. Elle découvre que son mari l'a trahie...

La première demi-heure de film, l'errance physique et mentale de Nelly dans une Allemagne totalement désorganisée qui se terre dans ses ruines, est remarquable. Lorsque le film tente son grand coup de force scénaristique : son face à face entre une femme et son mari qui ne la reconnait pas et dont elle guette l'amour, on espère ainsi que Petzold va faire preuve de la même invention de mise en scène que dans Yella.

Il aurait certes fallu être Hitchcock (Vertigo) ou Scorsese (Shutter Island) ou Welles (Le criminel) ou Douglas Sirk (Le temps d'aimer et le temps de mourir) pour être à la hauteur d'une telle rocambolesque histoire dans un contexte aussi lourd. Petzold se contente d'illustrer laborieusement son scénario, marquant tout juste l'épuisement de l'espoir chez Nelly avant qu'une scène finale enfin construite sur la durée tente d'emporter un peu d'émotion.

Comme dans le récent Coming home, l'échec du passage à la dimension mélodramatique dessert la dimension documentaire du film. L'excellente, bouleversante et monstrueuese idée d'un retour accepté de Nelly comme si elle n'avait jamais quitté son élégante tenue parisienne dans les camps n'est ainsi pas mise en scène dans les retrouvailles sur le quai de gare où Petzold insiste bien davantage sur les réactions convenues et prévisibles des amis de Nelly.

Jean-Luc Lacuve le 01/02/2015