![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
Il pleut en Angleterre . Allongée sur son canapé et tout juste éclairée par la lumière diffuse d’une lampe d’appoint, Etsuko, dans la cinquantaine, semble tout juste sortie de son sommeil.
Nagasaki 1952. Etsuko, dans la vingtaine, prépare le petit déjeuner. Son mari, Jiro, lit son journal : sur l'autre rive du fleuve, trois enfants ont été découverts étranglés. Il espère que le coupable sera retrouvé avant la naissance prochaine de leur enfant. Tout en critiquant les légumes de Etsuko trop saumonés à son goût, Jiro lui annonce la visite prochaine de son père qui logera chez eux et dont elle doit préparer la chambre. Une fois seule, Etsuko consulte une malle où elle conserve des objets dont des revues de vedettes hollywoodiennes. Elle entend des femmes étendant leur linge faire des commérages sur la voisine habitant une maison de bois de l'autre côté du pont qui reçoit son amant américain. Etsuko la regarde l'accueillir.
Générique. Des photos en noir et blanc : un reporter anglais près d'un bâtiment détruit ; des enfants qui jouent avec un GI ; échaffaudages pour la mise en place de la statue de la paix ; des enfants qui jouent ; des femmes qui déambulent ; Etsuko avec d'autres femmes.
Royaume-Uni, 1982 . Un panneau "à vendre, sous compromis" devant une belle maison. Nikki, venue de Londres rendre visite à Etsuko, sa mère, tient la photo de celle-ci en 1952, tirée d'une malle dans le bureau de son père. Etsuko lui prépare son lit pour ce qui sera sa dernière visite dans cette maison. Nikki préfère dormir dans l'ancien bureau de son père, décédé, plutôt que dans son ancienne chambre, prétextant du travail à faire et la gêne à se reposer près de la chambre de Keiko, sa demi-sœur. Nikki aide sa mère à préparer le hachis parmentier, plat iconique de la famille que dévorait Nikki enfant alors que sa sœur triomphait dans des concours de piano. Nikki est appelée au téléphone par son amant, son professeur de faculté qui l'encourage à écrire les mémoires de sa familles transplantée de Nagasaki dans l'Angleterre de l'après-guerre. Nikki constate aussi qu'il ne fait pas un geste pour quitter sa femme comme il l'a déclaré et préfère rester avec ses enfants plutôt que de la rejoindre.
Nikki rejoint sa mère qui regarde à la télévision un reportage sur un camp de la paix monté par des femmes sur la base aérienne de Greenham Common pour protester contre le déploiement de missiles afin que plus jamais le cauchemar de Nagasaki ne puisse se répéter. Etsuko dit à sa fille qu'elle a lu son article sur le sujet paru il y a quelques mois. Comme Nikki s'en étonne, Etsuko lui rappelle que la base est près de chez elle et qu'elle a été déçue que sa fille n'ait pas profité de l'article pour venir lui rendre visite. Nikki lui dit alors qu'elle est justement venue pour écrire sur les souvenirs de sa famille, ignorant tout des raisons qui ont conduit au départ de Nagasaki pour l'Angleterre. Elle veut en parler dans cette maison qui l'a vu grandir.
Le soir, alors qu'il pleut sur l'Angelettere, vision d'une femme en chemisier rouge qui court au milieu des hautes herbes, rejoint une rivière sur laquelle flotte une caisse en bois. Etsuko se réveille sur le canapé. Nikki la rejoint craignant de l'avoir réveillée et lui demande si ses cauchemars sont au sujet de Keiko, ce que Etsuko réfute. Elle affirme vouloir vendre parce que la maison est trop grande pour elle. Lorsque toutes deux regardent les marques des tailles croissantes des sœurs sur le mur; Nikki évoque le fait de n'avoir pas été présente à l'enterrement de Keiko, avec laquelle elle avait toujours été mal à l'aise. Etsuko lui rappelle combien avait été dure pour Keiko son arrivée en Angleterre. Nikki, profitant de ce début de confidence, allume son magnétophone.
Nagasaki 1952. Tout commença avec la rencontre de sa voisine Sachiko, une jeune femme qui élevait seule sa fille, Mariko. Celle-ci défend une chatte sur le point de mettre bas face aux garçons du quartier. Quand Etsuko arrive, Mariko lui propose d'adopter l'un des futurs chatons, ce qu'une dame sur l'autre rive a déjà promis de faire. Inquiète de voir Mariko seule alors que rôde un meurtrier d'enfants, Etsuko raccompagne Mariko chez elle. Sachiko pense que ce n'est qu'une inquiétude de femme enceinte. Elle l'invite au thé et lui dit avoir rencontré Franck, son ami, alors qu'elle était interprète à Shiroyama. Ils doivent aller aux USA prochainement et espère que Mariko pourra trouver du travail, être actrice. Elle avoue avoir des problèmes d'argent et rit quand elle voit que Etsuko pense qu'elle pourrait lui en demander ; ce qu'elle cherche, c'est un travail....
Le film alterne les deux époques de 1982 et 1952. Mais dans le récit de la période de son passé, Etsuko préfère mentir que d'avouer la triste réalité que fut sa migration en Angleterre. Elle invente pour sa fille le personnage de Sachiko qu'elle présente comme celle qui aurait pu l'inciter à partir mais qui est en réalité la projection d'elle-même en 1958, plus décidée mais aussi tragique que la douce Etsuko qu'elle était six ans auparavant.
Cette fusion des personnages d'une part de Etsuko et Sachiko et, d'autre part, de Keiko et Mariko n'est suggérée que par deux phrases dans les dix dernières pages du roman de Kazuo Ishiguro. Celui-ci insiste bien davantage sur la fracture entre ceux qui vivent dans la nostalgie du passé dont M. Ogata et ceux qui prennent conscience plus ou moins vite qu'il est nécessaire de changer.
Si la fusion n'est révélée qu'à la fin, tout dans le film, et ce depuis sa scène initiale invite à en interroger la possibilité. Une deuxième vision du film accentue l'émotion que l'on ressent face aux difficultés que Etsuko a dû affronter pour quitter le Japon afin d'y trouver une vie meilleure pour elle-même et sa fille. La mise en scène utilise en effet les ressources de la couleur, des jeux de regards entre les personnages et du son pour réaliser l'un des plus beaux mélodrames de l'histoire du cinéma.
Résumé détaillé et développement de l'analyse, le jeudi 6 novembre après la Rencontre autour dun film à l'UIA de Caen.