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Jean Eustache commence par analyser la peinture (le troisième panneau
du triptyque du Jardin des délices) avant de la montrer. Les deux activités
sont scindées, et séparées dans le temps. Jean-Noël
Picq, assis sur un siège rouge, fume et parle à sa petite audience.
Il faut attendre la fin du moyen métrage pour voir la peinture de Jérôme
Bosch apparaître en entier, filmée dune manière
fluide, au rythme du glissement de la caméra.
Jean Frapat commande à Jean Eustache pour sa série de l'INA, Les Enthousiastes, le portrait d’un passionné. Eustache propose à Jean-Noël Picq de parler peinture comme il le fait brillamment en privé. Après le dispositif déreangeant d'Une sale histoire, le cinéaste propose à son ami de le mettre face à un auditoire séduisant de deux jeunes femmes, manifestement séduites par son discours.
Le tableau original napparaît jamais. Cest dune reproduction quil sagit, une grande affiche légère, que Picq peut poser sur ses genoux pour lapprocher de plus près, dune façon quasiment érotique. Il y a fondamentalement quelque chose dillicite et de « désacralisateur » dans le dispositif dEustache.
Dailleurs qui sont ces gens à qui sadresse Picq ? La rencontre dans un salon parisien dune confrérie de voleurs, de contrebandiers, dillégaux, ou bien de critiques dart ? Jouissance des mots qui dévorent luvre avec une élégance sauvage : « Je ne vois aucun sens dans ce tableau, donc aucune signification ». Ici, on peut jouir sans le sexe. « On peut jouir davoir une tête de lapin ». Et plus le tableau se découvre, parcelle par parcelle, foulé par le regard du dandy, plus les paradoxes se mettent à gronder : « Je trouve Bosch tout à fait tranquille ».