Numéro zéro

1971

Avec : Odette Robert, Boris Eustache, Jean Eustache. 1h47.

La grand-mère de Jean Eustache se confie et conte son histoire et ses souvenirs à la caméra de son petit-fils. Odette Robert, 70 ans, raconte l’histoire de sa vie: son enfance heureuse, la mort de sa mère, la cohabitation douloureuse avec sa belle-mère, sa rencontre avec son mari, bien vite volage. Elle évoque les quatre enfants qu’elle a perdus, les maladies, les déménagements, la honte et les disputes. Elle confie aussi son inquiétude pour son petit-fils et pour son arrière-petit-fils, Boris, qu’elle aimerait voir grandir encore quelques années.

En 1970, Jean Eustache angoisse de ne plus pouvoir tourner, Jean-Michel Barjol lui soumet l’idée de, simplement, filmer un membre de sa famille. Ce sera sa grand-mère, Odette, en compagnie de laquelle il vit depuis plusieurs années à Paris. Il demande à un réalisateur, Adolfo Arrietta, de faire quelques plans de rue, de filmer cinq minutes sa grand-mère et son fils allant faire les courses dans la rue d’à côté pour en faire le début du film sans son, sans rien – complètement séparé de la suite où il y a le son, et où l’image ne bouge pas. La vieille damme est enfilmée en continu grâce à deux caméras dont l’une prend le relais de l’autre en fin de magasin de film. Un film tourné en un jour, en quelques heures, quelques heures de parole continue. Le temps suspendu des claps, ces minuscules interruptions nous assure de cette continuité, un bloc de temps, émouvant, tranchant, sincère.

Le film ne sortira en salle qu'en 2003. En 1980, une version réduite, Odette Robert, sera présentée à la télévisison.