Pulsions

1980

Genre : Film noir

(Dressed to Kill). Avec : Michael Caine (Robert Elliot), Angie Dickinson (Kate Miller), Nancy Allen (Liz Blake), Keith Gordon (Peter Miller), Dennis Franz (L'inspecteur Marino), David Margulies (Le docteur Levy). 1h46.

dvd

Kate Miller souffre de fantasmes érotiques si vivaces qu'elle a du mal à faire la part du rêve et de la réalité. Un matin, elle se rend chez son psychiatre, Robert Elliot, pour lui parler de ses déceptions sexuelles avec son mari. En se rendant au musée, Kate séduit un homme qui l'emmène dans son appartement pour y passer la nuit. Le lendemain matin, en prenant l'ascenseur pour quitter l'immeuble, Kate est atrocement assassinée à coups de rasoir par une femme blonde portant de grosses lunettes noires.

Liz Blake, une call-girl de haute volée, est témoin du crime : elle a aperçu la tueuse au rasoir. Le jour suivant, au commissariat de police se retrouvent le docteurr Elliot, Peter Miller, le fils de Kate, et Liz Blake. Tous les soupçons retombent sur Liz. Dans les jours qui suivent, la call-girl est traquée par la tueuse blonde, mais Peter réussit à la sauver in extremis. Le fils de Kate, spécialiste en électronique, met au point une caméra qui lui permet de découvrir que la tueuse est une patiente du docteur Elliot.

Afin de découvrir le nom de la malade, Liz essaie de charmer le psychiatre afin de dérober son carnet de rendez-vous. En fait, la meurtrière n'est autre que le docteur Elliot, un schizophrène habité par une personnalité féminine et meurtrière, Bobbi.

Sauvée par la police, Liz rentre avec Peter. La nuit, elle fait un horrible cauchemar, dans lequel elle voit le docteur Elliot tuer une infirmière, pour venir l'égorger avec un rasoir...

De Palma préparait Le prince de New York (1981) que tourne finalement Sidney Lumet et La chasse (1980) que tourne Friedkin. Ce dernier scénario, dans les milieux homosexuels, vu par De Palma devait agglomérer trois fils narratifs : un flic infiltré, quelqu'un qui filmait avec une caméra et une mère de famille qui se faisait draguer dans les musées. On retrouve une bonne part de ces éléments notamment le personnage du transsexuel dans Pulsions.

Vertigo (Alfred Hitchcock, 1958)
Pulsions

La scène censée se passer au Metropolitan de New York se déroule en fait au Musée des beaux-arts de Philadelphie dont on voit une bonne partie de la collection durant la course poursuite entre Kate Miller et le dragueur. Lorsque Kate s'assoit face à West Interior (Alex Katz, 1979), le cadrage rappelle celui de Madeleine dans Vertigo (Alfred Hitchcock, 1958). De Palma manie l'hommage avec beaucoup d'ironie. Loin de se plonger dans la contemplation d'un double possible, Kate note sur son calepin son menu de Noël (bouillon de poule, salade de noix) et ce qu'elle doit faire (allez chercher la dinde !). Qui plus est, ses regards vers le second tableau, Reclining nude (Tom Palmore, 1975) et les adolescents lascifs marquent son incontestable envie de faire l'amour.

De Palma avait lui-même l'habitude de draguer dans les musées, et la rapide allusion à Hitchcock en explicite le sous-entendu sexuel que Scottie n'avait alors pas su voir.

Autre élément autobiographique, Peter, le fils de Kate qui bricole des éléments d'ordinateur comme le jeune De Palma. Plus fondamental encore, l'élément fondateur de sa vie, son acceptation de constituer un dossier de divorce pour sa mère. Avec des micros, il suivait son père à la trace qui trompait sa femme avec une infirmière. En étant le bras armé de sa mère pour le divorce, il a, dit-il, "pulvérisé la cellule familiale. A la suite de ça, nous n'avons plus jamais été ensemble (père, mère et ses deux frères ainés)".

Jean-Luc Lacuve le 18/12/2012

Test du DVD

Editeur : Carlotta-Films. Novembre 2012. Nouveau master restauré HD. 17 €.

Suppléments : Préface de Samuel Blumenfeld (8 mn). La symphonie de la peur (17 mn) avec George Litto, producteur. La femme en blanc (29 mn) avec Angie Dickinson. La femme en violet (22 mn) avec Nancy Allen. Une leçon de cinéma (30 mn) avec Keith Gordon. Pulsions, en trois versions (5 mn) : comparaison entre les versions non censurée, censurée et télévisée du film. La bande-annonce.