L'attaque du grand rapide

1903

Genre : Western

(The Great Train Robbery / Le Vol du grand rapide). Avec : A.C. Abadie (le shérif Gilbert), M. Anderson (un hors-la-loi / le pied-tendre dans le bar / le passager tué), Justus D. Barnes (le méchant tireur final). 0h11 (240 mètres).

Deux hors-la-loi pénètrent dans le bureau du chef de gare . Ils le ligotent et le bâillonnent. Avec deux autres complices, ils montent dans le train alors que celui-ci fait son plein d'eau.

Le gardien du coffre les entend approcher et défoncer sa porte. Il a le temps de fermer le coffre à clé et de jeter celle-ci par la fenêtre. Il réplique aux coups de feu des assaillants et est tué. Les hors- la-loi font sauter le coffre et s'emparent de l'argent disposé dans deux grands sacs. Leurs deux complices neutralisent le conducteur de train et tabassent à mort le le mécanicien dont le corps est jeté en bas de la voie. Ils obligent le conducteur à détacher les wagons de la locomotive et font descendre tous les passagers qu'ils détroussent sans ménagement. L'un d'eux qui tentait de fuir est abattu. Les quatre hors la loi s'enfuient avec la locomotive qu'ils abandonnent bientôt pour retrouver leurs chevaux en contrebas dans une petite forêt bucolique.

La fille du chef de gare trouve son père ligoté et le délivre. La fête que donnaient les cow-boys du village est interrompue par le chef de gare qui les prévient de l'attaque.

Les cow-boys à cheval retrouvent immédiatement les hors-la-loi et abattent l'un d'eux. Alors que les trois autres cherchent à se partager rapidement le butin, ils sont cernés et abattus... C'est alors qu'un gangster tire .

C'est le premier western de l'histoire du cinéma. L'Ouest américain était à l'époque le théâtre de maints affrontements entre pillards et forces de l'ordre. Le public raffolait de ce genre de péripéties, mises à l'affiche par les théâtres ambulants.

Le film d'Edwin S. Porter connut un succès prodigieux. La grande habileté du réalisateur fut de clore son histoire par un plan d'un bandit moustachu menaçant de son revolver les spectateurs haletants. Ce célèbre plan où l'on voit Justus D. Barnes, filmé en plan rapproché mi-poitrine ouvrir le feu sur le public (la caméra), était monté soit en tête du film, soit à la fin, soit en plein milieu quand un voyageur, essayant de fuir, est aussitôt abattu. Ce plan est totalement distinct des autres plans, tous filmés, au plus resséré, en plan moyen et le personnage lui-même est étranger au récit. Mais les spectateurs de l'époque lui réservaient un accueil enthousiaste, mêlé de crainte. L'effet fut comparable à celui de L'entrée du train en gare de La Ciotat. La légende dit que les spectateurs se baissaien par réflexe de défense.

Porter n'utilise pas le montage alterné pour organiser la pousuite des hors-la loi. Les cow boys sont mis au courant qu'après la fuite des bandits et pourtant les retrouvent tout de suite. Griffith aurait utilisé un montage alterné pour montrer la delivrance du chef de gare au moment de l'arrêt du train ou du vol des voyageurs.

Jean-Luc Lacuve, le 9 octobre 2017