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(1760-1849)
Art japonais

Il est parfois vu comme le père du manga, mot qu'il a inventé et qui signifie à peu près « esquisse spontanée ». En 1814, il publie sa Manga regroupant croquis et dessins. Les Trente-six vues du mont Fuji (1831-1833), comptant en réalité 46 estampes dont La Grande Vague de Kanagawa (1831), sont ses œuvres les plus connues. Que ce soit dans ses peintures, dessins, gravures, livres illustrés ou manuels didactiques, Hokusai fait preuve d’une virtuosité sans égale et d’une imagination débordante, confinant parfois au fantastique et délivrant une vision mystique de la nature. Le peintre japonais laisse derrière lui près de 30 000 dessins qui auront une grande influence sur le "japonisme" dont feront preuve les impressionnistes, en particulier Paul Gauguin, Vincent van Gogh, Claude Monet et Alfred Sisley, et L'Art nouveau.

Le rêve de la femme du pêcheur 1814 Londres, British Museum
La grande vague de Kanagawa 1831 Paris, Bibliothèque N. F.
Le Fuji rouge dans une embellie 1831 Paris, Bibliothèque N. F.
L'orage sous le sommet de la montagne 1831 Paris, Bibliothèque N. F.
La rivière Tama dans la province de Musashi 1831 Paris, Bibliothèque N. F.
Le hameau d'Umezawa dans la province de Sagami 1831 Paris, Bibliothèque N. F.
Kajikazawa dans la province de Kai 1831 Paris, Bibliothèque N. F.
Les scieurs dans les montagnes de Tôtomi 1831 Paris, Bibliothèque N. F.
Ushibori dans la province de Hitachi 1831 Paris, Bibliothèque N. F.
Magasins Mitsui dans la rue Suruga à Edo 1831 New York, Metropolitan
Le pont du Japon à Edo 1831 Paris, Bibliothèque N. F.
Le village de Sekiya au bord du fleuve Sumida 1831 Paris, Bibliothèque N. F.
Le mont Fuji vu à travers les pins de Hodogaya sur la route du Tôkaidô 1831 Paris, Bibliothèque N. F.
Nakahara dans la province de Sagami 1831 New York, Metropolitan
Le mont Fuji vu depuis la plantation de thé de Katakura dans la province de Suruga 1831 Paris, Bibliothèque N. F.
Le poème de Sangi no Takamura 1836 New York, Metropolitan
Autoportrait 1845 Paris, Musée du Louvre

Hokusai naît dans le quartier de Warigesui à Edo, ancien nom de la ville de Tokyo le 31 octobre 1760. Il est adopté vers l'âge de trois ou quatre ans par son oncle, fabricant de miroirs pour la cour du shogun. Hokusai manifeste dès lors des aptitudes pour le dessin et de la curiosité pour la peinture.

En 1773-1774, il est en apprentissage dans un atelier de xylographie et, en 1775, il grave les six dernières feuilles d'un roman humoristique de Sanchō. En 1778, il intègre l'atelier du maître Katsukawa Shunsho (1726-1792), un peintre d'estampes ukiyo-e, spécialiste des portraits d'acteurs. C'est dans cet atelier que commence son travail d'artisan du dessin et de l'estampe aux revenus modestes. L'année suivante, il produit sous le nom de Katsukawa Shunrō une série de ces portraits très réussis. Il quitte cependant l’atelier à la mort du maître du fait de désaccord avec son successeur Shunko.

Hokusai connaît alors une période de grande pauvreté durant laquelle il étudie les techniques des écoles de Kano Yusen, Tsutsumi Torin et Sumiyoshi Naiki. Il subit aussi l’influence de l’art occidental et découvre la perspective grâce à un artiste japonais, Shiba Kokan, qui fréquente les Hollandais, seuls autorisés à amarrer à Nagasaki.

Vers 1794, il réintègre une école classique : le clan Tawaraya de l'école Rimpa. En 1795, il illustre sous le nom de Sōri le recueil poétique Kyōka Edo no Murasaki, qui lui vaut son premier succès. Le Kyōka est un court poème, pastiche de poèmes classiques dont les Japonais sont très friands. Le Char des poèmes kyôka de la rivière Isuzu, illustré par Hokusai, est le seul ouvrage de ce type traduit en français (in medias res, 2002).

De 1796 à 1799, il produit un grand nombre d'albums et d’estampes en feuilles séparées, appelées surimono. C'est à la même époque qu'il adopte pour la première fois le nom de Hokusai et se donne en 1800 le surnom de Gakyōjin Hokusai, « le Fou de dessin ». En 1804, il peint, dans la cour du temple d’Edo, au moyen d’un balai et d’un seau d’encre de Chine, un daruma géant de plus de 240 m2 que l’on doit hisser jusqu’aux toits pour permettre à l’assistance de l’admirer. Il réitère cet exploit en 1817 à Nagoya.

En 1812, Hokusai commence à parcourir le pays, de l’ancienne capitale Kyōto à la ville nouvelle de Edo. Il s’arrête à Nagoya, où il rencontre l'artiste Bokusen. Suivant les conseils de ce dernier, il publie deux ans plus tard sa Manga : Recueils de ses innombrables carnets de croquis, d’études originales et marginales. La publication de cette série de livres d’images s'étend jusqu'en 1834 et comprend douze volumes. Âgé de soixante ans, Hokusai prend le nom de Iitsu pour signifier son passage dans un nouvel âge et s'adonne à cette période à l'illustration de livres.

1831 voit la parution d’une de ses œuvres majeures, la série d’estampes Fugaku Sanjūrokkei ou Trente-six vues du mont Fuji, qui lui vaut une reconnaissance internationale. Il se sert alors du bleu de Prusse, introduit au Japon en 1829 et dont Keisai Eisen a déjà tiré profit. C'est une série de 46 planches, 36 estampes à cerne bleu et 10 planches supplémentaires à contour noir au format ôban yoko-e (horizontal), soit environ 250 x 380 mm avec les marges.

Les signatures sont variables d'une planche à l'autre : Hokusai aratame litsu hitsu  / zen Hokusai litsu hitsu / Hokusai litsu hitsu / zen saki no Hokusai litsu hitsu. Les Inscriptions donnent le titre de la série, suivi du titre de l'estampe dans un cartouche rectangulaire ; dans la partie supérieure, tantôt à droite, tantôt à gauche, l'éditeur : Eijudô (Nishimuraya Yohachi) et le cachet de censure : kiwame. Certaines épreuves ne portent ni le sceau de l'éditeur, ni celui du censeur Nishiki-e.

Hokusai produit dans la même période plusieurs séries d’estampes qui rompent toutes avec la tradition de l’ukiyo-e. C’est ainsi au début des années 1830 que voient le jour les séries des Cascades, des Ponts, des Oiseaux et des Fantômes (cette dernière interrompue à la fin de la cinquième planche).

Il quitte Edo fin 1834 pour passer une année à Suruga dans la péninsule de Miura au sud d’Edo et publie l’année suivante sa série Fugaku Hyakkei ou les Cent Vues du Mont Fuji, qui reprend au trait tout son travail sur le paysage.

Vers le milieu de 1836, il retourne à Edo alors que la capitale connaît la Grande Famine Tenpō. Il survit grâce à la vente de ses œuvres contre un peu de nourriture et arrête sa série de Cent Poètes et Poèmes, commencée au début de l’année, à la vingt-septième planche.

En 1839, un incendie dévaste son atelier, détruisant les travaux accumulés des dernières années. C'est à cette époque qu'un jeune artiste, Hiroshige Ando vient concurrencer sa célébrité. Les dix années qui suivent sont paisibles en matière de production. On raconte que, chaque matin, il s’est efforcé de produire au moins un dessin, rituel auquel il s’adonne jusqu’à sa mort.

C'est en 1845 qu'il fait son dernier voyage à la rencontre d’un ami d'Obuse de la province de Shinano. Il exécute au cours de cette visite quelques peintures dans un temple.

Il meurt  le 10 mai 1849 et ses cendres sont déposées dans un tombeau au temple Seikiō-ji, dans le quartier populaire d’Asakusa à Edo, où il a passé la majeure partie de sa vie. Il laisse derrière lui une œuvre qui comprend 30 000 dessins.

Sur son lit de mort, il prononce ces dernières paroles : "Si le ciel m'avait accordé encore dix ans de vie, ou même cinq, j'aurais pu devenir un véritable peintre". Sur sa pierre tombale, il laisse cette épitaphe : « Oh ! La liberté, la belle liberté, quand on va aux champs d'été pour y laisser son corps périssable ! »

Son œuvre influença de nombreux artistes européens, en particulier Paul Gauguin, Vincent van Gogh, Claude Monet et Alfred Sisley, et L'art nouveau.

Ressource internet : Katsushika Hokusai sur ukiyo-e.org.