Le kinétographe

1891

Entre 1887 et 1891, Thomas Edison, après avoir reçu Eadweard James Muybridge met au point le kinétographe et le kinétoscope, machines permettant respectivement d'enregistrer et de visionner individuellement des films très courts appelés "vues".

Edison commence ses recherches vers 1887 en s'inspirant d'un mécanisme qui lui est familier, celui de l'enregistrement du son sur un cylindre de cire. Laurie Dikson, son assitant, réalise les appareils selon ses dessins.

Ensemble, ils recouvrent le cylindre métallique d'une feuille de papier enduite d'émulsion photographique et se servent d'un système optique analogue à celui d'un stroboscope pour enregistrer une succession de photographies disposées autour du cylindre à la manière de la progression d'une vis d'Archimède. Après développement, le papier est découpé en ruban, de façon à aligner les photographie les unes derrière les autres dans leur ordre chronologique. Le papier se révèle pourtant un matériau particulièrement fragile.

En 1889, l'Américain John Cabutt invente un support souple en nitrate de cellulose, maniable, léger, moins fragile que les plaques photographiques en verre et beaucoup plus solide que le ruban de papier. Ce support résout tous les problèmes des photographes et les usines Eastman, qui fabriquent des plaques photographiques, se mettent à le produire en série dans une largeur standard de 70mm.

Thomas Edison, dispose maintenant d'un support linéaire souple, résistant aux sollicitations mécaniques. Dans les mois qui suivent, il dépose plusieurs brevets qui le mènent à la mise au point avec Laurie Dikson en 1891 du premier appareil de prise de vues animées, de la première caméra qui enregistre sur support photographique des saynètes représentant des personnages réels en mouvement. Edison appelle la machine construite par Dikson, le kinétographe (du grec kinetos, en mouvement, et de graphein, enregistrer).


Edison a fait couper le support souple d'Eastman sur la largeur le ramenant d'abord à 19mm avec un déroulement horizontal, puis déçu par le résultat d'une image trop petite, il le porte à 35 mm de large, avec un déroulement vertical. Afin d'assurer l'entraînement mécanique du support souple, Edison s'est sans doute inspiré des trous qui permettent le défilement des rubans de papier du télégraphe, dont il fut, durant son adolescence, un opérateur virtuose. Il dote sa bande d 35 mm de deux rangées de perforations latérales. A chaque photogramme, c'est à dire à chacune des photographies devant restituer le mouvement par leur succession, est lié un ensemble de huit perforations rectangulaires, quatre perforations à gauche, quatre à droite. C'est ce format qui sera un peu plus tard utilisé dans le monde entier et qui s'imposera en 1909 comme support standard du cinéma professionnel.

Le support argentique défile de manière intermittente, un tambour denté l'entraîne derrière l'objectif et l'immobilise pour l'exposer à la lumière et enregistre un photogramme. Puis le tambour denté pivote et déplace le film pour enregistrer plus loin un autre photogramme. Aujourd'hui la prise de vue du cinéma s'effectue à 24 images par seconde. Le cinéma muet à son apogée utilisait la cadence de 16 images par seconde. A l'époque du Kinétographe, la cadence oscillait entre 18 et 40 images par seconde.

Pour éviter le filage des photogrammes, c'est à dire pour qu'ils ne se mélangent pas les uns aux autres jusqu'à devenir des verticales illisibles, un obturateur en forme de demi-disque s'intercale entre l'objectif et le film, au moment où celui-ci se déplace d'une image déjà prise à l'autre qui est à prendre. Puis l'obturateur laisse passer la lumière pour l'exposition du photogramme.

Toute cette mécanique est entraînée par un gros moteur électrique branché sur secteur. Le kinétographe est lourd, encombrant et relié à une prise secteur ce qui rend problématique les prises de vues en exterieur.

Les films tournés par le kinétographe, après développement et tirage des copies positives sont destinées à être visionnées par le public sur un appareil baptisé Kinétoscope (du grec kinetos, en mouvement, et skopein, examiner) mis au point par Laurie Dickson, toujours d'après les croquis d'Edison.

source : internet