Jerzy Skolimowski, dissidence poètique

Eclipses n°50

131 pages. 12 euros. Juin 2012. En librairie ou sur Le site de Eclipses.

Volume coordonné par Youri Deschamps

Dans la course

par Youri Deschamps

2011 aura été "l’année Jerzy Skolimowski", qui a vu la reprise en salles de quatre de ses principaux longs métrages (dont les fameux Deep end et Travail au noir), l’édition en DVD de trois films de la période polonaise (Signes particuliers : néant, Walkover, La Barrière), une rétrospective intégrale (courts métrages inclus) au festival « Paris Cinéma », et surtout la sortie d’Essential Killing, avec Vincent Gallo, fulgurant bain de jouvence pour les yeux les plus blasés, porté par une force visuelle et un sens du cadre rien moins qu’impressionnants. Une riche actualité qui invite donc à redécouvrir la filmographie de Jerzy Skolimowski, exilé perpétuel et passager clandestin du cinéma international, dont l’œuvre encore trop largement méconnue compte pourtant parmi les plus importantes (...).

Contempteur du système soviétique, Skolimowski renvoie dos à dos communisme et capitalisme dans Travail au noir. Après le succès de ce film à la réalisation sobre, Skolimowski fait preuve de dissidence poètique en renouant avec la frénésie narrative et l'effervescence formelle de ses débuts dans Le succès à tout prix ! Cet appétit de liberté, cette attitude de défi et ce gout du risque se retrouvent d'un film à l'autre. Au-delà de son apparence protéiforme, l'œuvre de Skolimowski se caractérise toutefois d'abord par son "vitalisme", lequel se manifeste de façon récurrente dans l'engagement physique de ses protagonistes dans une dépense énergétique pour le moins vigoureuse et dans l'actualisation farouches de pulsions vitales (...)

C’est en 2008, après une période d’inactivité de 15 ans, que l’auteur du Départ retrouve le chemin des écrans (et de son pays d’origine), avec Quatre nuits avec Anna, un film dont la rigueur et la profondeur réactualisent les mots que Jean-Luc Godard lui écrivait à la fin des années 60, en guise de soutien au lendemain d’une projection new-yorkaise quelque peu chahutée : à n’en pas douter, Jerzy Skolimowski est effectivement l’un des meilleurs cinéastes contemporains en activité. Ce 50ème volume de la revue Eclipses souhaite à son tour s’en faire l’écho et constitue la première monographie en français consacrée à son œuvre

Édito : Dans la course par YOURI DESCHAMPS

I. De Pologne en exil

II. Essential filming : corps et espace

III. Être et signes d’Étant

IV. Étrange et Étranger