Renoir

Gilles Bourdos
2012

Festival de Cannes 2012, Un certain regard Avec : Michel Bouquet (Auguste Renoir), Christa Theret (Andrée Heuschling), Vincent Rottiers (Jean Renoir), Thomas Doret (Coco Renoir), Solène Rigot (Madeleine), Romane Bohringer (Gabrielle), Carlo Brandt (Docteur Prat), Thierry Hancisse (Le brocanteur), Laurent Poitrenaux (Pierre Renoir). 1h51.

1915. Sur la Côte d’Azur. Au crépuscule de sa vie, Auguste Renoir est éprouvé par la perte de son épouse, les douleurs du grand âge, et les mauvaises nouvelles venues du front : son fils Jean est blessé… Mais une jeune fille, Andrée, apparue dans sa vie comme un miracle, va insuffler au vieil homme une énergie qu’il n’attendait plus. Éclatante de vitalité, rayonnante de beauté, Andrée sera le dernier modèle du peintre, sa source de jouvence.

Lorsque Jean, revenu blessé de la guerre, vient passer sa convalescence dans la maison familiale, il découvre à son tour, fasciné, celle qui est devenue l’astre roux de la galaxie Renoir. Et dans cet éden Méditerranéen, Jean, malgré l’opposition ronchonne du vieux peintre, va aimer celle qui, animée par une volonté désordonnée, insaisissable, fera de lui, jeune officier velléitaire et bancal, un apprenti cinéaste…

Film sans grande subjectivité, se contentant d'illustrer dans un beau livre d'images quelques mois de la fin de vie d'Auguste Renoir. Gilles Bourdos filme pour faire joli, pour faire informatif, pour délivrer les bons mots d'Auguste Renoir. La photographie (mer bleu et rideaux blancs, lumière du midi, costumes militaires impeccables...) et la musique d'Alexandre Desplat occupent le terrain.

Sur la peinture de Renoir, il est rappelé que, pour lui, ce n'est pas le dessin mais la couleur qui structure le tableau. Renoir anticiperait ainsi sur les recherches de Matisse. Peindre les femmes plus grosses que nature préfigurerait les formes structurantes de la couleur de La blouse roumaine par exemple.

De façon presque comique, on croit Auguste pris d'une soudaine cataracte quand le plan part de son tableau et montre, comme équivalent de sa vision, les personnes flous devant la source. Ici, la couleur au mieux supprime le dessin mais ne structure pas le tableau.

Pour le reste, Bourdos se contente de montrer des portraits accrochés aux murs lorsque sont évoqués les personnages de Pierre et Claude Renoir ou leur mère.

Un plan de coupe sur la peinture qui coule d'un pinceau et se répand doucement dans l'eau suit le premier regard de Jean sur Andrée. Cette métaphore du sentiment amoureux qui s'empare de lui n'est qu'à peine assumée, glissée comme en catimini sans être repris par la suite. Tout aussi gratuit le long plan esthétisant sur la jolie Christa Theret nue dans les jolies herbes.

Heureusement, Christa Theret impose sa présence et porte le "message" du film : il faut être quelqu'un.

Jean-Luc Lacuve le 06/01/2013