Tel Aviv on fire

2019

Avec : Kais Nashif (Salam), Lubna Azabal (Tala), Yaniv Biton (Assi), Maisa Abd Elhadi (Mariam),  Nadim Sawalha (Bassam), Salim Dau (Atef), Yousef 'Joe' Sweid (General Yehuda), Amer Hlehel (Nabil), Laëtitia Eïdo (Maisa). 1h40.

Paris, 1967. Quelques jours avant la guerre des 6 jours, Marwan, un cadre du renseignement palestinien ordonne à sa maitresse, Manal, de rentrer à Tel Aviv où, sous l'identité de Rachel, elle devra dérober les plans du général israélien Yehuda Edelman pour envahir la Palestine... Mais Manal n'est que l'héroïne d'une série à succès "Tel Aviv on Fire !" interprétée par Tala, actrice arabe, comme sont arabes tous les membres de l'équipe du studio de Ramallah

Salam, 30 ans, y est stagiaire, recruté par son oncle, le producteur de la série, pour sa  connaissance de l'hébreu. Salem vit en en effet à Jérusalem. Un peu maladroit et touche à tout, il rectifie toutefois une phrase de dialogue où le général qualifie de "bombe" Rachel. Le bon mot ne semble pas convenir à  une cour élégante du général. La scénariste est furieuse de voir refuser son trait d'esprit mais Tala, actrice de réputation internationale, use de son influence pour convaincre tout le monde  de la justesse de Salam et le remercie de rendre son personnage moins caricatural.

Sur le chemin du retour de la Cisjordanie vers  Jérusalem, Salem traverse le check-point mais à la malencontreuse idée, pour vérifier son intuition linguistique,  de demander à la jolie soldate s'il pourrait la qualifier de "bombe". Le mot suffit à déclencher son arrestation. Il est trainé devant le capitaine du poste de contrôle, Assi, qui découvre qu'il a sur lui le script d'un possible brûlot "Fire on Tel Aviv". Mais Assi connait bien ce feuilleton dont sa femme ne rate aucun épisode. Pour être sur qu'il n'a pas en face de lui un terroriste, il l'interroge sur les personnages. Pour ce sortir de ce mauvais pas, Salam affirme imprudemment qu'il en est le scénariste même s'il ne connait pas encore la conclusion de la série. Assi s'empare alors du script de la série et promet de le rendre à Salem le lendemain matin lorsqu'il aura amélioré la relation entre Rachel et le général.

En rentrant chez lui le soir, Assi subit les reproches de sa femme qui ne trouve pas assez romantique mais retient son attention en affirmant connaitre le scénariste de la série et lui promet une fin étonnante.

Et le lendemain matin,  Assi remet une nouvelle version du script  à Salam et lui ordonne de faire en sorte, qu'à la fin, Rachel épouse le général. Le texte écrit par Assi plait beaucoup à Tala. Furieuse la scénariste démissionne et Salam prend sa place

Salam tente alors de ramener à lui une ex-petite amie, la belle Mariam, laquelle le tient en piètre estime. Salam bataille contre les producteurs du film qui se montrent assez stricts sur la défense de la cause palestinienne. Ils veulent bien aller jusqu'au mariage mais là elle devra se faire exploser...

Réalisateur palestinien de nationalité israélienne, Sameh Zoabi pourrait reprendre le flambeau abandonné par Elia Suleiman (Intervention divine, 2002) :  même origine (Nazareth et ses environs), même attention au sort très particulier de la communauté arabe-israélienne, même humour surréaliste, même quête d’une normalité refusée par les extrémistes dans l’univers israélien.

Car il s'agit ici de continuer à travailler ensemble pour l'israélien et le palestinien qui veulent tout deux ramener à eux la femme qu'ils aiment; dont l'un adore l'humus que l'autre déteste. L'originalité paie : la cinéphilie de l'oncle qui voudrait rendre hommage au Faucon maltais, et les solutions simpliste (bombe ou mariage) peuvent être dépassées. En effet, continuer la série, c'est croire en la coexistence des deux nations. C'est aussi l'acquisition d'une conscience politique, d'une rigueur dans le métier de scénariste (s'atteler à écrire au lieu de bouger sans cesse).

Jean-Luc Lacuve, le 27/04/2019