La femme à abattre

1951

Genre : Film noir

(The Enforcer). Avec : Humphrey Bogart (Martin Ferguson), Zero Mostel (Big Babe Lazich), Ted de Corsia (Joseph Rico), Everett Sloane (Albert Mendoza), Roy Roberts (Capitaine Frank Nelson). 1h28.

L'assistant District Attorney Martin Ferguson reprend depuis le début le dossier d'une affaire. Tout a commencé par les aveux d'un jeune gangster, " Duke " Malloy. Il révèle l'existence d'un gang du crime. Il a tué une jeune femme. Nina Lombardo. Il se suicide après avoir donné les noms de ses complices : Philadelphia, Big Babe et Smiley. Philadelphia est interné dans un asile d'aliénés et Smiley est mort. Mais Big Babe parle et donne des détails sur cette "société du crime", dirigée par un mystérieux personnage "L'Inter" qui donne des "contrats" à remplir (personnes à tuer).

Ferguson poursuit son enquête. Il rend visite à Teresa Davis, qui partageait sa chambre avec Nina, la jeune femme tuée. Celle-ci s'appelait en réalité Angela Vetto. Son père, Tony Vetto, a été témoin d'un meurtre et a été tué par le gang de Rico. La police progresse et arrête un à un les membres de l'organisation. Rico, menacé, se rend à la police. Il révèle que l'Inter a commis un meurtre lui-même. C'est sa seule erreur et Tony Vetto et sa fille en ont été les témoins. Ferguson réalise alors que les assassins ont tué l'amie d'Angela, et non Angela elle-même. Ferguson sauve au dernier moment Angela des tueurs qui la poursuivaient. La "femme à abattre pourra témoigner contre Albert Mendoza, alias l'Inter

Walsh avait été mis sur la liste noire lors de l'affaire McCarthy de sinistre mémoire. Il réalise La femme à abattre et Bretaigne Windust a prêté son nom pour contourner l'interdiction de travailler qui frappait Walsh. Il faut remarquer d'ailleurs que ceux qui participent à ce film (Mostel, Bogart, Sloan...) s'étaient insurgés contre la commission McCarthy.

Par ailleurs, il n'est pas stérile de voir La femme à abattre comme un film politique. Dans ces conditions, il se déroule comme une tragédie grecque, où le fatum pèse de tout son poids. Le happy end qui a été choisi par la production, masque assez mal l'inexorabilité des progrès du "mal". De fait, il serait logique que la conquête du pouvoir par la Mafia (car c'est de cela qu'il s'agit) aille à son terme, et que le "justicier" Bogart échoue dans sa tentative de résistance.

Luc Villevieille