Lost Chapter of Snow : Passion

1985

Genre : Mélodrame

(Yuki no dansho - jonetsu). Avec : Yuki Saitô (Iori Natsuki), Takaaki Enoki (Yûichi Hirose), Kiminori Sera (Daisuke Tsushima), Mai Okamoto (Yûko Naha), Kyôko Fujimoto (Sachiko Naha), Leonard Kuma (Yoshioka), Momoko Kôchi (Kane). 1h40.

Une jeune fille est adoptée par une famille qui la traite comme une esclave. Elle est libérée par un jeune homme travaillant pour l'entreprise familiale. 10 ans plus tard, elle est impliquée dans le meurtre d'une de ses demi-sœurs.

Le plan d’ouverture de Chapitre de neige perdu : Passion dure 14 minutes. La caméra examine une série de maisons miniaturisées qui représentent différentes étapes de la vie d'une orpheline, allant des mauvais traitements infligés par sa famille d'accueil à un attachement à une figure paternelle peu orthodoxe, bien qu'attentionnée, qui la soulage du labeur imposé. L’ambiance artificielle d'une boule à neige offre un terrain adéquat pour le formalisme légendaire de Sômai : la caméra et le décor s’engageant dans un échange symbiotique, comblant les vides lorsque l’un ou l’autre est totalement épuisé. Les événements se produisent selon un rythme instable ; des années sont sautées avec à peine plus qu’un mouvement panoramique. Les mouvements de grue emmènent d'un décor à un autre, et les états d'âmes ainsi que les situations passent par un jeu sur les cadrages, la composition de plan et travail sur le hors-champ. L'isolement d’Iori dans sa famille adoptive se ressent autant par le mal-être qu'exprime à voix off de la fillette que dans sa place d'éternelle exclue (à l'extérieur dans la scène introductive, dans une pièce séparée quand elle y reviendra avec Yuichi). L'élément perturbateur vient toujours d'une voix/présence souvent féminine qui l'expulse/l'isole du foyer avec la servante méprisant ses origines et plus tard la fiancée de Yuichi venant l'inciter à partir.

Cette entrée en matière est d'une telle force que l'on en oublie l'incroyable virtuosité du plan-séquence pour n'en retenir que la portée émotionnelle, superbement conclue par les larmes de rage puis d'apaisement de la fillette. On rétrouve ensuite Iori, adolescente dangereusement insouciante, suspendue au-dessus d'un trottoir bien trop réel alors qu'elle se pend à l'arrière d'une moto.