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Kobe. C'est la fin de l'année scolaire et sous la pluie d'un orage d'été, les collégiens jouent au foot. Accrocheur, le petit et frêle Kawabe se fait constamment déborder par Sugita, le plus costaud de sa classe, qu'il finit par arrêter d'un tacle par derrière ; c'est le penalty. Kawabe se rapproche de son ami Kiyama et déplore l'absence de leur ami commun Yamashita, l'habituel gardien de but, qui est parti depuis trois jours pour les funérailles de sa grand-mère à la campagne.
De retour à l'école, Yamashita, dit "Le gros", est interrogé par ses deux amis sur la mort de sa garnd-mère. Il s'en explique lors du retour de l'école, le soir au soleil couchant, dans la rame de métro aérien. Le corps est brûlé deux heures puis on remet des os blanchis à la famille qui les conserve dans une urne. Il avoue en a avoir fait un cauchemar : il croyait jouer avec une peluche qui se révéla être le cadavre de sa grand-mère. Ce soir-là, Kiyama compte en vain ses respirations pour essayer de s'endormir. Titre du film.
Kiyama rejoint ses amis qui jouent au foot en bas de leur immeuble. Kawabe révèle que, près de l'école de calligraphie où il prend des cours, se trouve une vieille maison délabrée habitée par un vieillard sur le point de mourir. Il souhaiterait la surveiller avec ses amis et être les premiers à découvrir le cadavre du vieillard. Kawabe réitère cette demande un peu plus tard, ce qui met Kiyama en colère accusant son ami d'être un vautour. Kawabe grimpe alors sur le parapet de la place où il marche en équilibre précaire : de l'autre côté du parapet s'ouvre un immense vide plongeant en contrebas sur une route à grande circulation. Kawabe explique que la mort est un sujet qui l'énerve profondément comme quelque chose qu'on sait exister mais qu'on ne comprend pas et dont témoigne le fait d'être attiré par le vide ; c'est aussi malaisant que de se retenir de faire pipi. Avant qu'il ne tombe, ses amis le ramènent sur le sol de la place. Ils rient en constatant qu'il a fait pipi. Kawabe admet l'impasse d'une tentative de suicide pour résoudre son malaise : s'il meurt il ne pourra pas raconter ce que c'est. Du coup, les trois amis se mettent d'accord pour surveiller la maison.
Le lendemain, par une journée venteuse, ils observent depuis la palissade, les grandes herbes du jardin qui entourent la maison du vieil homme et qui emprisonnent parfois des petits serpents ou papillons dans des toiles d'araignée. Kawabe se prétend le meilleur pour la surveillance de la maison en digne fils de son père, détective. Kiyama sait que c'est un mensonge, Kawabe n'a plus de père, mort alors que son ami avait deux ans. La pluie d'été commence à tomber. Un autre jour, par une journée sans vent, les trois amis jouent au ballon devant la maison et observent le vieil homme regarder la télévision. Il les voit pour la première fois quand il passe la tête dehors.
Un autre jour, le vieil homme marche à pas lents vers le supermarché, suivi par les enfants qui le suivent à travers les rayons et l'observent manger dans le parc. Ils le suivent sur le chemin du retour en passant sous le pont. Yamashita se plaint de ces filatures un peu fatigantes pour lui mais ses amis le rassurent : d'après leurs observations, le vieil homme ne sort que tous les trois jours pour le supermarché.
Les vacances scolaires sont arrivées mais Kiyama doit se lever encore plus tôt pour les cours d'été privés. Il passe ainsi le matin devant la maison du vieil homme et, incommodé par l'odeur, décide de sortir les poubelles; il est bientôt rejoint par Kawabe et Yamashita. C'est alors que surgit le vieil homme qui les chasse et les traitants de filous. Kawabe se révolte prétextant qu'il ne doit pas être ainsi traité puisque son père, pompier, est mort en héros. De plus en plus en colère, Kawabe déclare tout de go qu'ils ne sont venus que pour voir la mort du vieil homme qui ne devrait plus tarder. Il repart un peu honteux de ses déclarations avec ses amis sous le regard interloqué du vieil homme.
Lors d'une nouvelle filature, le vieil homme les empêche de le suivre de l'autre côté du pont, si bien qu'en rejoignant la ville, les enfants ont perdu sa trace. Kiyama suggère qu'il est peut être à l'hôpital car on n'y trouve que des vieux; Yamashita suggère de revisiter lui le supermarché et Kawabe attend le retour de ses amis dans la rue.
Dans les couloirs de l'hôpital, Kiyama repère le vieil homme, il suit des ombre sur les murs, est surpris par une blouse blanche accrochée à un cintre, des draps blancs agités par le vent, une balle blanche qui rebondit, un miroir, du sable qui tombe d'un mur puis dans une pièce encore plus sombre de l'eau fluorescente de la vapeur d'eau. Il entrouvre une porte et aperçoit deux hommes affairés à la toilette d'un mort dont l'un pourrait être le vieil homme. Paniqué, Kiyama ressort en plein soleil et rejoint Kawabe qui, un peu perdu, souffle bouteille. Il avoue que son père n'est pas mort mais vit avec une nouvelle femme dont il a eu un enfant ; c'est d'eux, entraperçus de l'autre côté de la route, qu'il se cache.
Les trois amis, torses nus, discutent de leur expédition en ville. La mort du vieil homme ne semble pas imminente puisqu'il paraît en bonne forme mais la grand-mère l'était aussi. Ils en concluent que la mort surprend toujours. Alors qu'ils pénètrent dans le jardin, le grand-père leur fait la surprise de sortir avec des dents de phoque en papier, semblant par cette plaisanterie accepter leur présence.
Un autre jour, les trois amis observent le vieil homme se débarrasser de vieux journaux. Sugita et son petit frère, Matsuchita, viennent les accuser d'espionner la maison et ainsi d'avoir délaissé la piscine. Sugita menace Yamashita de le dénoncer à ses parents via sa sa mère qui achète du poisson chez eux. Kawabe protège son ami des coups de sacs de Matsuchita.
Sur ces entrefaits, le vieil homme invite les trois amis dans son jardin. Il leur fait tendre deux cordes pour étendre le linge et les surnomme tour à tour de "sac d'os", "Sumo" et "Lunettes". Il remarque que ce dernier est doué pour étendre le linge. Alors qu'il mène un papillon au fond du puits, il connaît une faiblesse soudaine et demande aux enfants de partir.
Les trois amis marchent gaîment vers la maison où de nouveau Matsushita et Sugita viennent les observer. Le vieil homme se plaint des moustiques dus à la végétation et les trois amis décident de désherber. "Le désherbage a duré trois jours" commente Kiyama. Deux filles du collège viennent les féliciter et sur les conseils de leur maman suggèrent d'aider mais les trois amis décident de continuer seuls même s'ils acceptent volontiers le déjeuner qu'elles ont emmené.
Le dernier jour du désherbage, les herbes sont brûlées et le puits est dégagé et protégé par des planches. Pour fêter cela, le vieil homme leur propose de déguster une pastèque mais Yamashita constate que le couteau ne coupe pas et court en chercher un chez lui. Il le dérobe devant les yeux de sa mère, mécontente, et s'enfuit en vélo. De retour chez le vieil homme, il affûte le couteau et s'interroge sur son avenir sera-t-il poissonnier comme son père. A peine ont-ils commencé à manger la pastèque que la pluie tombe et le vieil homme suggère de planter des graines à l'automne. Kawabe propose de les planter dès le lendemain. Ce sera des cosmos. Le vieil homme sort un tuyau d'arrosage et s'amuse à asperger Kawabe puis il provoque un arc-en-ciel. C'est alors que surgit mademoiselle Kondô, la professeure principale des enfants qui les félicite. Le vieil homme est sidéré de cette apparition : il s'est assis et ne perçoit plus ni son ni musique.
Dans les semaines qui suivent, c'est le grand nettoyage du printemps; sont remplacés le seuil en bois, les panneaux de papiers collés, les rideaux. Un ouvrier est appelé pour remplacer les carreaux cassés alors que les autres sont soigneusement nettoyés. Cela occupe tant les enfants qu'ils renoncent au football alors qu'ils sont sollicités par Sugita et Matsushita. Pour finir, ils peignent en bleu les tuiles.
La maison est ainsi vue, rénovée, depuis une balançoire extérieure qui la domine. Les trois amis interrogent le vieil homme sur la femme qu'il eut. Elle s'appelait Yayoi Kokô, ce qui signifie "ancien parfum". Ils se sont séparés et il ignore si elle est toujours vivante mais il ne s'est jamais remarié. Kawabe approuve le fait d'avoir été fidèle à sa femme, ce que ne fut pas son père. Il émet aussi l'hypothèse pour le moins étrange que si le vieil homme s'était marié une seconde fois, il aurait eu des enfants et que cela aurait empêché son père d'en avoir un deuxième. Même si l'on rit de son hypothèse, Kawabe s'offusque que l'homme ait appris tant de choses sur l'univers et que pourtant, le monde soit loin d'être parfait, tels les pères qui ne se comportent pas toujours comme il faut. L'orage gronde.
C'est l'époque des typhons. Kiyama avertit sa mère, endormie près d'une bouteille de vin qu'il va sortir vérifier l'état des cosmos. Il court sous la pluie et découvre les cosmos en feuille, tenant bien sous l'orage. Il est attendu par tous les autres. Kawabe inquiet était sorti le premier bientôt suivi par Yamashita. Le vieil homme avait fait le pari que Kiyama sortirait aussi. Du coup, Yamashita fait un massage et Kiyama allume la télé pour connaître la météo mais tombe sur un reportage de guerre. Les enfants interrogent le vieil homme sur ses souvenirs de guerre. Durant celle-ci, il avait surtout marché et fui. Un papillon de nuit interrompt son discours. Il l'interprète comme un mort qui lui rend visite, camarade d'armée ou... Reprenant son histoire de guerre, le vieil homme évoque une petite maison où s'étaient réfugiés femmes, vieillards et enfants, il les avait tués (zoom avant sur la fenêtre, goutte de pluie) puis il était parti pourchasser la dernière survivante. Il l'avait tuée et s'était alors rendu compte qu'elle était enceinte et que l'enfant bougeait. Au retour dans la cabane, il avait pourtant mangé et c'est pour cela qu'il est en vie.
Les trois amis sont à la piscine où ils font la course. Yamashita est vite dépassé et Kiyama et Kawabe discutent du fait que l'acte commis par le vieil homme l'a sans doute empêché de revenir chez lui. Alors qu'ils s'arrosent mutuellement, Kiyama prend conscience de la disparition de Yamashita. celui-ci est effet au fond de la piscine et leur professeure le ramène à la surface. Ils nagent ensuite tranquillement sur le dos, la respiration calme, dans l'eau agitée des reflets du soleil.
Kiyama monte par l'ascenseur chez Kawabe. Celui-ci propose de retrouver tous ceux dont le nom de famille est Kokô. Ils trouvent ainsi une femme répondant à ce nom dans une maison de retraite mais c'est Shizuka Kondô qui leur ouvre la porte. Kawabe a dessiné un portrait du vieil homme rajeuni et le présente à Yayoi Kokô en instant sur le fait que cet homme parti à la guerre connut des choses horribles mais ne l'a pas oublié et vit seul. Yayoi Kokô déclare que son mari est mort à la guerre mais répond à Kawabe quand elle dit ne pas lui en vouloir à cet homme et que de toute façon elle oublie désormais les vilaines choses de ce monde. Shizuka Kondô qui a reconnu le portrait du vieil homme voudrait savoir comment il s'appelle. En se rappelant le nom presque effacé sur sa plaque de maison, ils en déduisent qu'il s'agit de "Kihachi" ce qui ferait alors bien de lui le grand-père de Shizuka Kondô, s'il se prenome Denpô. Elle les rejoint sur le chemin du retour au soleil couchant leur confirmant que Kihachi Denpô, le mari de Yayoi Kokô, contrairement aux dires de cette dernière, n'est pas mort mais a seulement disparu.
Shizuka Kondô vient voir Kihachi Denpô alors que les Cosmos sont sur le point de fleurir. Elle affirme que sa grand-mère eut une fille, Koaru, dont elle est la fille mais ses parents moururent dans un accident de voiture ce qui rendit Yayoi presque folle. Elle reprit alors son nom de jeune fille. Ainsi elle est bien la petite fille de Yayoi Kokô et de Kihachi Denpô dont elle lui montre une photo de leur mariage. Celui- ci refuse pourtant de se reconnaître dans ce portrait et invoque une homonymie. Les enfants, apparus dans les cosmos, en sont presque aussi déçus que Shizuka .
Kihachi Denpô s'enferme dans le silence plusieurs jours et les enfants l’observent silencieusement depuis le toit avant qu'il ne se décide à rendre visite à sa femme. Les enfants sont déçus de ne pas l'accompagner car ils ont match de foot. Durant celui-ci, Yamashita arrête un but qui semblait tout fait... en ne bougeant pas. Les trois amis se précipitent chez le vieil homme pour savoir s'il est bien parti rendre visite à sa femme. Ils le trouvent rasé de près... mais mort. Ils tentent vainement de le ranimer, et même de lui faire avaler le raisin prévu pour le pique-nique puis pleurent longuement sa mort.
Les enfants se consolent un peu en voyant un feu d'artifice avant la cérémonie des funérailles. Matsuhito s'obstine à filmer celles-ci avec sa caméra, au grand déplaisir du neveu de Kihachi Denpô. Celui-ci comptait bien capter tout l’héritage et est déçu que son oncle ait laissé une belle somme d'argent a une femme dans son testament. Il a aussi demandé expressément à ce que Yamashita, Kiyama et Kawabe soient présents à ses funérailles. Kawabe craint que cette demande soit la conséquence de sa demande initiale de le voir mourir. Il pleure et le revoit en flash-mental.
Lors de l'incinération, Shizuka Kondô qui emmène sa grand-mère, Yayoi Kokô, surgissent au dernier moment. Yayoi Kokô semble ne pas vouloir voir son mari puis revient sur ses pas, regarde son visage et tombe à genoux : "Enfin, tu es rentré".
Dans le jardin où les cosmos sont en fleurs, les enfants s'interrogent sur l'avenir de la maison. Ils trouvent un papillon mort et le jettent dans le puits pour ses funérailles. Comme ils s'en retournent, des dizaines de papillons, oiseaux et lucioles et libellules sortent du puits. "Grand père nous dit au revoir". Le puits est refermé, les enfants s'éloignent en se disant au revoir et des mots qui furent dits dans ce jardin se font entendre, s'entremêlent dans le bruit des pelleteuses alors que le puits se fendille et que la maison est détruite.
Au travers d'une intrigue minimaliste, le film explore la psyché enfantine de l’abysse existentiel à l'élévation vers le cosmos. Il déploie une mise en scène tout aussi exceptionnelle pour saisir l'immanence, tel le surgissement de l'inattendu, capté par le plan-séquence et le flash mental. L'amitié entre les enfants en proie à des problèmes familiaux, entoure l'ensemble de douceur et de légèreté alors qu'au contact du grand-père, vétéran de la guerre du Pacifique, affleurent des strates de l’histoire japonaise.
Splendeur du plan-séquence
Deux grands plans-séquences viennent dire la beauté et la fragilité de la vie. Le premier a lieu le premier jour où le vieil homme invite les enfants dans son jardin où il leur fait tendre deux cordes pour étendre le linge. La caméra décide alors de se placer à dix mètres de haut et de saisir sous les cordes à linge, les enfants trouvant un papillon mort que le vieil homme va placer dans le puits. Il connaît alors une faiblesse soudaine et demande aux enfants de partir. Durant tout ce plan, la caméra pratique un lent zoom-avant pour suivre le déplacement du vieil homme et des enfants allant vers le puits et capter le moment de faiblesse du vieil homme avant de reprendre de l'altitude pour suivre le départ des enfants.
Le second, plus classique, cadre l'arrivée in extremis de Shizuka Kondô qui emmène sa grand-mère, Yayoi Kokô, aux funérailles de son mari qu'elle n'a pas revu depuis son départ à la guerre. Plein d'agitation au début avec les officiels qui refusent un temps de stopper le cercueil de, de suspens pour connaître la réaction de la femme qui semble d'abord fuir. il se termine sur elle à genoux, prononçant le bouleversant "Enfin, tu es rentré".
D'autres plans-séquence, plus courts, interviennent ainsi lors de la première filature où, après avoir suivi le vieil homme en gros plan, le plan qui le voit traverser le pont découvre les enfants à l'arrière dans la rue. Un autre plan-séquence suit le ballet dans le supermarché et un autre le surgissement du vieil homme dans le champ d'un couloir de l'hôpital.
Il y a enfin le plan long, semi panoramique, qui capte Kawabe sur le parapet en danger de tomber sur l'autoroute en contrebas. On retrouve là le désir continu de Sômai, désormais très mal venu, de mettre en danger ses acteurs. Certes Bazin aurait su apprécier lorsqu'il déclare le montage interdit pour toute scène de danger en face à face. Mais ce danger du plan dit bien l’abysse existentiel dans lequel est plongé Kawabe.
Traumatismes familiaux
Les trois jeunes héros ont des caractéristiques largement typées et le vieil homme n'a pas de mal à les surnommer "Sac d'os" pour Kiyama; "Sumo" pour Yamashita et "Lunettes" pour Kawabe. De celui-ci, il remarque la capacité à étendre le linge et sa revendication d'aider sa mère. S'il a fait croire à tous que son père était mort quant il avait deux ans, l'affublant de tous les métiers prestigieux possibles, détective, pompier, policier, aventurier, il révèlera à Kiyama que son père s'est remarié avec la femme dont il a eu un deuxième enfant. C'est un traumatisme d'autant plus redoutable que sa mère a décidé de l'élever parfaitement afin de "faire regretter à son père d'être parti". Kawabe mesure ainsi toute action à la capacité d'être fidèle, regrettant que les hommes aient appris tant de choses sur l'univers et que, pourtant, le monde soit loin d'être parfait. Sensible à ce rêve perdu, il ressent d'autant plus douloureusement ce qu'est la mort sans la comprendre. C'est à cette enquête qu'il entraîne Yamashita, qui habite par ailleurs le même immeuble que lui et dont les parents tiennent une échoppe de poissons et Kiyama. Celui-ci semble être issu d'un milieu plus aisé, même s'il est signifié que le père est souvent absent et qu'il est probablement élevé par sa mère, Tomomi.
Si Kawabe mène le récit, c'est Kiyama qui le commente par une discrète voix off (a du mal à s'endormir, signale le début des vacances, les trois jours de jardinage, le retour vers le vieil homme). Il connaît une expérience traumatisante en poursuivant le vieil homme dans l'hôpital et est confronté physiquement aux fantômes et à la mort dans la morgue qu'il découvre dans les profondeurs de l'hôpital. Le monde mythique, plein d'images fantastiques et subtilement surnaturelles, se cache toujours juste à l'intérieur ou derrière le tissu de la réalité quotidienne dans l'œuvre de Sômai.
Face à ces angoisses existentielles, Sômai oppose les moments de grâce du quotidien. La caméra est souvent en empathie avec les enfants, les filmant à hauteur de jambes pour les parties de foot ou derrière leur épaule quand ils inspectent le jardin. Mais il y a surtout les moments qui surgissent avant ou après une action décisive qui n'est pas montrée. Ainsi du penalty initial remplacé par un flash mental sur Yamashita dans des cages de foot avec un ballon dans les bras. Lors de la seconde partie de foot, au moment du tir que finalement Yamashita arrête en restant statique, c'est le flash mental du vieil homme allant vers sa femme qui s’interpose. Il s'agit bien d'un flash mental et non d'un montage alterné puisqu'on découvrira que le vieil homme est mort juste après s'être rasé pour aller à son rendez-vous. Troisième flash mental enfin quand Kawabe, lors des funérailles, se souvient du vieil homme avec son pot de peinture bleu. Autres moments suspendus ; celui où les enfants abordent le sujet de l'incinération de la grand-mère dans le métro aérien avec le soleil couchant inondant de feu le ciel; le plan des hortensia rose, d'abord sous la pluie, puis s'illuminant au soleil qui sert de transition entre deux journées d'observation ; trois amis et leur professeure nageant dans la piscine après le sauvetage de Yamashita. Et, puis bien sur, le plan de l'envol des papillons comme l'au-revoir du grand-père par delà la mort
Les derniers mots entendus dans le jardin avant sa destruction ne scellent pas la réconciliation :"Deux femmes"; "A l'automne, on sèmera"; le temps passe avec ses joies et ses tristesses ; c'est cette expérience que fait éprouver le film en leur donnant une forme magnifique et donc inoubliable.
Jean-Luc Lacuve, le 12 juin 2025