Sauve et protège

1989

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(Spasi i Sohrani). D'après Madame Bovary . Avec : Cécile Zervudacki (Emma), Robert Vaap (Charles), Aleksandr Abdulov, Aleksandr Cherednik, Viktor Palech, Vyacheslav Rogovoy, Yuri Sternin. 2h30.

Tachkent, Ouzbékistan. Un marchand, Lheureux, est chez Emma et tente de lui vendre bijoux, écharpes ou éventails.

La nuit dans le lit conjugal, Charles fait l'amour à Emma. Des plumes sortent de l'oreiller. Emma est tendre et satisfaite.

Au petit déjeuner, Charles mange du fromage et les mouches volent autour du couple. Emma recoud l'oreiller d'où se sont envolés des plumes pendant l'amour. Elle se pique le doigt et jette en l'air toutes les plumes de l'oreiller.

Léon, porteur d'une tête sculptée bleue, vient lui dire qu'il partira bientôt pour des études dans la capitale. Emma va chez le marchand demander un cadeau intime. Lheureux se met en slip puis lui propose un tapis car il n'y a pas plus intime que là où on pose ses pieds. Léon à qui était destiné le tapis vient lui dire adieu. Il s'en va, Emma se penche sur une carte de Paris et crie.

Rodolphe, le voisin des Bovary a besoin d'une saignée pour l'un de ses paysans. Charles pratique une phlébotomie classique qui impressionne le pharmacien Homais pendant eu son neveu s'évanouit. Homais propose à Charles d'opérer Hippolyte de son pied-bot.

Rodolphe vient de nouveau rendre visite aux Bovary et propose à Emma de l'accompagner lors de ses promenades à cheval. Lors de la première sortie ils s'arrêtent longuement dans les herbes hautes et font l'amour. "J'ai un amant" s'écrit plus tard plusieurs fois Emma pendant qu'elle berce son enfant.

Avant l'opération d'Hippolyte, elle demande "Vous avez beaucoup de rats ici". Après l'opération, elle retrouve Rodolphe : " Pourquoi tu es là ? Tu es fou. Tu es fou ?" Elle lui demande d'écrire des lettres pour pouvoir les éditer après sa mort ou plutôt leur mort. "Attendez, écoutez plutôt la voie de la nature".

Homais a écrit un article de journal célébrant l'opération de Charles. Emma en retient que l'opération permet d'économiser sur les chaussures "Avec cette phrase sur les chaussures tu va avoir une foule de client".

Homais qui mange toujours du pain découvre avec Charles que l'opération a échoué. Les deux visages de Charles et Emma son hagards pendant que le médecin appelé en renfort ampute Hippolyte.

Emme retrouve Rodolphe après un temps qui lui a paru trop long : "Lâche, je te croyais différent des autres...Je veux vivre tu comprends... je n'aime pas les adieux". Mais Rodolphe l'a abandonné et est parti seul à Rome.

Emma retrouve Léon lors d'un opéra en ville. "L'art de Khanini élève l'âme" lui dit Charles qui propose à sa femme de rester en ville un peu plus longtemps pour profiter de la musique. Léon fait une cour pressente à Emma. "Mais vous allez vous ennuyer avec moi" lui dit-elle en lui donnant rendez-vous à onze heures le lendemain dans l'église. A l'arrivée de Léon, elle s'écrie "Est-ce que ça existe le bonheur ?" Ils font l'amour dans un carrosse-train;

Charles laisse Emma aller une fois par semaine en ville où elle retrouve Léon. Lheureux lui fait signer des billets à ordre. Elle couvre Léon de cadeaux et est excédée par l'arrivée du serveur dans leur chambre.

Charles ne peut plus faire face aux dettes. La maison est saisie. Emma se suicide à l'arsenic. Elle est enterrée. A quoi pense-t-elle dans son cercueil ?

Des plumes, une scène d'amour dans le noir, des mouches, un paysage caucasien, une tête sculptée bleu et un tapis, rien ne vient signaler d'abord qu'il s'agit d'une adaptation de Madame Bovary. Cette adaptation datant de 1989 est mi-hystérique, mi-mystique : Emma ne trouvant que dans l'amour la plénitude que lui refuse la vie. Elle forme avec celles de Renoir (1933), Minnelli (1949), Chabrol (1991) et Oliveira (1993), le quintette majeur des adaptations du roman de Flaubert.

Les paroles prononcées en français par Emma prennent de plus en plus d'importance comme si Emma se décalait de la réalité banale de l'Ouzbékistan pour devenir un personnage de roman universel.

Sokourov accentue les perspectives, confronte des personnages très grands à des décors de maison tout petit, utilise les anamorphoses.

Sokourov justifie son titre par le fait qu'Emma était condamnée à vivre ce qu'elle a vécu et à s'empoisonner et que, seul, l'art "sauve et protège" madame Bovary.

critique du DVD
Editeur : Les films du paradoxe. Octobre 2009.
critique du DVD