ça brûle

2006

Avec : Camille Varenne (Livia), Gilbert Melki (Jean), Kader Mohamed (Moisi), Marion Maintenay (Amanda). 1h51.

Livia, quinze ans, se relève d'une chute de cheval grâce à l'aide de Jean, pompier, dont elle tombe amoureuse. Quelques jours plus tard, c'est le premier jour des vacances. Le 24 juin. L'adolescente seule et contrariée va tout tenter pour conquérir cet homme plus âgé marié et père de deux enfants pour lequel elle éprouve une passion de plus en plus brûlante. Son amour va la dévorer, lui faire gravir une à une les marches de l'exaltation, jusqu'à l'irréparable.

En nous offrant trois films dans un seul, il n'est pas bien certain que Claire Simon ait rendu service au premier d'entre eux, le plus long, celui qui décrit au plus près une adolescente en vacances qui s'amourache d'un pompier.

Si le sujet n'est guère palpitant c'est à proportion de l'ennui qui saisit cette jeune fille, délaissée par sa mère, qui a refait sa vie avec une compagne plus jeune qu'elle, et son père dresseur de chevaux encore moins présent. Livrée à elle-même, elle n'a d'autre ressource que de gambader à cheval parmi les résidences des touristes qu'elle méprise.

Claire Simon sait parfaitement rendre compte de l'absence d'horizon allant de pair avec une grande présence des odeurs, des gestes ou des éléments en approchant sa caméra très près de son héroïne. Le lointain tremble dans le fond du plan alors que toutes les sensations surgissent au premier plan.

L'obstination de Livia, les histoires qu'elle s'invente, les stratégies qu'elle déroule font le reste. Et si le pompier affirme qu'il ne peut rien pour elle, ce n'est probablement qu'après un regard dans la glace de la chambre de Livia qui lui confirme qu'il est déplacé dans cet univers. Livia, elle, a du mal à surmonter sa déconvenue. Comme l'enfer est proche du paradis, l'amour de la jalousie et le vrai du faux, elle hésite entre une offrande au soleil, un flirt avec son amie ou avec son copain Moisi et choisit finalement la destruction par le feu. Dieu après un instant d'attente avait décidé de faire finalement souffler le mistral.


S'ouvre alors un documentaire sur le feu dans le Var, ma foi bien joli auquel il ne manque pas même ce plan d'un homme luttant dérisoirement contre l'incendie avec deux seaux. Claire Simon n'a pas allumé (diégétiquement heureusement) ce grand feu pour rien et c'est fort logiquement qu'elle y fait périr Livia et son pompier.

L'avaient-ils mérité ? L'idylle imaginaire ou non était-elle à la mesure de cette tragédie ? Rien dans la saisie de cet amour de vacances n'avait préparé cette chute naturaliste à la King Vidor ou à la Catherine Breillat (A ma soeur).

L'accident de voiture, cette mort par imprudence, tragique, inique, destructrice des valeurs humaniste installait un bien plus grand climat d'incertitude de possibilité de déraillement que cette chute artificielle qui nous délivre trop tôt de personnages dont le parcours se brise en cours de route.

Jean-Luc Lacuve le 27/08/2006