Sorry to bother you

2018

Thèmes : employé, animal

Avec : Lakeith Stanfield (Cassius Green), Tessa Thompson (Detroit), Steven Yeun (Squeeze), Jermaine Fowler (Salvador), Omari Hardwick (Mr. __), Terry Crews (Sergio), Kate Berlant (Diana DeBauchery). 1h51.

Cassius Green, jeune afro-américain d’Oakland (baie de San Francisco) vit dans le garage de son oncle. Même l'amour de Detroit, une artiste politiquement engagée, ne suffit pas à lui ôter l'angoisse de la fin du monde. Néanmoins, il a d'autres soucis plus immédiats comme de régler les quatre mois de loyer qu'il doit à son oncle. Il trouve enfin, plus ou moins grâce à son copain Salvador, un emploi dans une société de télémarketing où il doit vendre des encyclopédies en suivant scrupuleusement le script maison, de la prise de contact à la vente.

Sergio, un employer de longue date lui conseille de prendre une voix de Blanc pour espérer conclure une vente. Le conseil porte ses fruits : Cassius est promu super-vendeurs. Il va désormais travailler à l'étage au-dessus via un ascenseur privé dont le code secret met près d'une minute à être composé. Il lâche alors Squeeze et Salvador qui menaient la grève pour des salaires décents.

Mais qu'importe Cassius est repéré par Steve Lift, le PDG cocaïnomane de la boite qui le fait travailler pour une société d'esclavagisme consenti et entreprend de transformer génétiquement ses employés en chevaux pour augmenter leurs capacités de travail.… 

Ce premier film du rappeur Boots Riley est une comédie fantastique et une charge politique radicale contre le capitalisme qui transforme tout à chacun en esclave à vie pourvu qu'il ait le gîte et le couvert. Et pire même, ce capitalisme dérégulé et violent rêve de se débarrasser de cette humanité déplorable qu'il a fabriqué pour laisser la place à une race génétiquement modifiée de chevaux forts, intelligents, soumis et corvéables à merci.

Ce brûlot politique, où la soif carnassière du pouvoir des grands patrons est montrée dans toute son horrible dégénérescence, est porté par une esthétique pop et l'énergie de sa bande-son. Un appel immanquable à la révolte contre tout optimisme qui ne passe pas par la lutte envers le pouvoir.

Jean-Luc Lacuve, le 10 février 2019