Swimming pool

2003

Genre : Film noir

Avec : Charlotte Rampling (Sarah Morton), Ludivine Sagnier (Julie), Charles Dance (John Bosload), Marc Fayolle (Marcel), Jean-Marie Lamour (Franck). 1h42.

Sarah Morton, une auteure de romans policiers anglaise, la cinquantaine, qui a écrit une série de romans policiers à succès, souffre d'un blocage qui l'empêche d'écrire. Son éditeur, John Bosload, lui offre sa maison de campagne près de Lacoste, en France, pour un peu de repos et de détente. Sarah accepte l'offre, laissant entendre qu'elle espère que John pourra lui rendre visite. Après s'être familiarisée avec le fonctionnement de la maison spacieuse et ensoleillée et avoir rencontré le jardinier, Marcel, la quiétude de Sarah est perturbée par une Julie, la fille de l'éditeur qui surgit à l'improviste, un soir tard. Elle explique à Sarah que sa mère était la maîtresse de Bosload, mais qu'il ne quittera pas sa famille.

La vie sexuelle de Julie lui fait ramener un homme chaque soir à la maison et les personnalités des deux femmes s'entrechoquent. Au début, Sarah considère que Julie la distrait de son écriture. Elle utilise des bouchons d'oreille pour dormir pendant les aventures nocturnes bruyantes de Julie, mais développe une fascination voyeuriste, abandonnant les bouchons d'oreille lors de l'un des rendez-vous galants de Julie. Sarah se faufile dans la chambre de Julie et vole son journal, l'utilisant dans le roman sur lequel elle travaille. Mais Julie découvre aussi le roman de Sarah dont elle est l'héroïne. La compétition entre les deux femmes se noue lorsqu'un serveur local, Franck, est impliqué. Julie le veut mais il semble préférer Sarah, plus mature, ayant noué une relation avec elle lors de ses fréquents déjeuners au bistrot.

Ils flirtent tous les trois au cours de la soirée mais Sarah décide d'aller dormir. Après avoir nagé ensemble dans la piscine, Franck refuse que Julie continue à lui faire une fellation une fois que Sarah, qui les regarde depuis le balcon, jette une pierre dans l'eau. Franck dit à Julie qu'il part. Le lendemain, Franck a disparu. Sarah enquête sur la disparition de Franck et apprend que la mère de Julie est décédée des années plus tôt, bien que Julie ait parlé de sa mère comme si elle était vivante. Elle retourne à la villa, où une Julie confuse pense que Sarah est sa mère et fait une attaque cérébrale. Julie finit par récupérer et avoue que Franck est mort parce qu'elle l'a frappé à plusieurs reprises sur la tête avec une pierre alors qu'il tentait de la laisser à la piscine. Sarah découvre son corps dans le débarras de la piscine et l'enterre non loin avec l'aide de Julie.

Lorsque Marcel approche méfiant du monticule de terre fraîche où Sarah et Julie ont enterré le corps de Franck, Sarah le séduit pour distraire son attention. Julie part, remerciant Sarah pour son aide et lui laissant le manuscrit d'un roman inédit qu'elle prétend que sa mère a écrit, sans que John ait pu le brûler. Sarah utilise le manuscrit de la mère dans son roman.

Sarah retourne en Angleterre et rend visite à John dans son bureau d'édition avec son nouveau roman. Elle prévoyait qu'il le rejetterait, alors elle l'a fait imprimer par un autre éditeur. Sa fille, Julia, se présente juste au moment où Sarah s'en va, mais se révèle être une personne différente de la fille qui est venue dans la maison française de John.

Sarah Morton, est amoureuse de son éditeur, John Bosload. Si elle accepte sa maison de campagne, c'est pour écrire mais aussi pour qu'il vienne la voir et qu'ils passent ensemble quelques jours de vacances. Bercée par cette illusion, elle écrit vite les premiers jours. Quand John prend de ses nouvelles au téléphone, il est ravi qu'elle écrive mais reste très vague sur sa venue. Sarah en est très contrariée et, pour la première fois, a du mal à dormir, elle se relève pour ouvrir la fenêtre. Le plan détaille la forêt la nuit, mystérieuse. C'est alors que ce fait entendre le bruit d'une voiture. C'est ainsi Sarah qui appelle la fiction d'une venue de la fille de John dont il lui a parlé.

Dès lors, à part les simples plans où Sarah écrit, tout est fiction. L'enquête intime sur le personnage de Julie tout comme l'enquête policière suite au "meurtre" de Franck sont de moins en moins crédibles, scènes inventées par les désirs amoureux et maternelle, en permanence frustrés de Sarah. L'enterrement du corps de Frank, la séduction de Marcel marquent la fin, un peu bâclée, du roman.

L’épilogue à Londres, au lieu de donner lieu à une confrontation entre Sarah et John, est traité sur le mode mineur : seule une petite maison d'édition a profité de la notoriété de Sarah pour publier ce qui doit effectivement être un mauvais roman. John n'y trouve aucune trace de ce qui a  été antérieurement présenté comme sa vraie vie. John reçoit enfin la visite de Julia, sa fille, qui n'a évidemment pas la séduction du personnage inventé par Sarah. Celle-ci, dans les derniers plans, s'imagine dire adieu à son personnage de fiction.

Ozon manipule le spectateur avec des rêves dans l'intrigue imaginaires qui, par contraste, lui donne un poids de réel. Ainsi ces plans du corps parfait de Ludivine Sagnier ou ceux sur ses improbables amants; jeu également avec la nourriture, objet là aussi de frustration permanente. Comme plus tard avec Dans la maison (2012), Ozon se livre à un jeu sophistiqué qui perd de son intérêt au fil du film puisque rien ne se noue et qu'aucune réflexion sur la littérature ne voit le jour si ce n'est pour montrer le côté aigri et frustré des écrivains auquel le réalisateur essaie d’échapper en jouant au plus malin. Reste néanmoins la belle interprétation des actrices.

Jean-Luc Lacuve, le 15 aout 2022.