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Images d’actualités de 1938 qui présentent Alger sous le jour idéalisé de la propagande de la métropole coloniale. Alger la blanche avec son port, ses plages et ses café, la casbah si typique et aussi des adolescents avec la pancarte qu'on leur a manifestement posé dans les mains "Nous sommes la France".
Un homme est conduit en prison, parmi des délinquants arabes. Lorsque l'un deux l'interroge sur ce qu'il a fait, il déclare : j'ai tué un arabe. Cet homme, Meursault, âgé d’une trentaine d'années, se souvient.
Modeste employé, il apprend par un télégramme du directeur de la maison de retraite où vivait sa sa mère que celle-ci est morte. Meursault après avoir reçu l'assentiment de circonstance de son chef fait un long voyage en bus pour rejoindre la pauvre maison de retraite où sa mère repose. Le concierge lui propose vainement de rouvrir le cercueil puis un café et une cigarette pour la veillée mortuaire à laquelle joignent un moment les pensionnaires dont "l'amoureux" de sa mère, le seul visiblement éploré. Le lendemain sous une chaleur accablante, le cercueil est conduit au lieu d'inhumation. Alors que le vieil amoureux pleure et souffre, Meursault, indifférent ne semble manifester aucune émotion.
Le lendemain sur le ponton privé des Bains d'Alger, Marie, une collègue de bureau le remarque et ils nagent ensemble, se reposent sous le soleil, vont au cinéma voir Le schpountz avec Fernandel et passent la nuit ensemble.
Son voisin Raymond Sintès vient lui demander son aide pour écrire une lettre à celle qu'il prétend être sa compagne et qui s'est sauvée de chez lui après avoir refusé de "travailler" pour son compte. Il s'agit de la faire revenir dit Sintes, de "mettre les choses aux points" Le jour où celle-ci, Djamila, revient, Sintes la frappe si fort que Marie, chez Meursault, s'en inquiète et prévient la police. Le policier libère Djamila et convoque Sintès au commissariat.
Meursault croise son voisin Salamano qui frappe son chien puis discute plus longuement avec lui lorsque Salamano recherche désespérément son chien qu'il ne retrouve pas même à la fourrière. Marie propose le mariage à Meursault qui l'accepte sans conviction; si une autre le lui avait proposé, sa réponse aurait sans douté été la même.
Sintes convie Meursault et Marie pour un déjeuner sur la plage dans un cabanon appartenant à des amis. Ils s'inquiètent de la présence du frère de Djamila et de trois amis. Le déjeuner est bien arrosé. Sintes et Meursault se promènent sur la plage et rencontrent le frère de Djamila et ses deux amis. Sintes donne son revolver à Meursault mais ils n'ont pas besoin de s'en servir, les arabes faisant demi-tour. Sintes et Meursault reviennent au cabanon. Meursault renonce à monter les escaliers et repart sur la plage. Il croise le frère de Djamila, étendu sur la plage, qui sort un couteau. Aveuglé par l'éclat du soleil sur le couteau, Meursault tire une fois puis décharge son arme sur l'homme allongé.
Meursault sort de ce long souvenir.. Une visite l'attend au parloir. C'est Marie qui espère qu'il sera libéré bientôt. Le procès a lieu, Marsault ne se défend pas ; n'évoque pas la légitime défense. Il a tué à cause du soleil. Le procureur lui reproche son manque de sensibilité. Le directeur puis le concierge de la maison de retraite confirment qu'il n'a pas pleuré à l'enterrement de sa mère. Marie doit avouer que le lendemain, ils ont ri à un film avec Fernandel et qu'ils ont passé la nuit ensemble. Autant de preuves d'insensibilité. Les témoignages de Sintes et Salamano et du patron de bar ne sont pas meilleurs pour lui. Le procureur réclame la peine de mort; c'est le verdict des jurés. Alors que la presse s'enflamme pour cette condamnation, Marie va seule s'excuser pour son fiancé auprès de Djamila.
La grâce pourrait être accordée. Marie est pleine d'espoir. Meursault rêve que sa mère l'attend en haut d'une colline où est dressé un échafaud. Elle lui rappelle combien son père avait vomi après une exécution capitale.Mais la grâce est refusée. Un aumônier vient tenter de confesser Meursault, celui- ci lui dit la haine qu'il ressent pour l'hypocrisie de la religion. Il préfère s'en tenir à la vérité des faits. Il est exécuté.
Face à la mer, Dejmila se receuilel sur la tombe de son frère, Moussa Ouled El-Assasse
"J’ai tué un Arabe", ce sont les premiers mots du film, prononcés par Meursault lorsqu'il est incarcéré. A la toute fin, sur le générique, Robert Smith de The Cure, chantera "I’m the stranger/ Killing an Arab", refrain du morceau "Killing an Arab" (1978), hommage d'abord mal compris au roman d’Albert Camus qu'il fut obligé de renommer "Killing Another" pour éviter toute interprétation erronée. En évitant ainsi la célèbre phrase du début du roman; "Aujourd'hui maman est morte", c'est donc bien à une réinterprétation, assumée à laquelle se livre François Ozon.
Pourtant, loin d'être provocante, sa réécriture du roman d'Albert Camus paraît surtout vouloir éviter d'être rattrappée par la cancel culture qui disqualifiera sa lecture contemporaine. Ozon ajoute là une touche de prise en compte du contexte colonial, là de la compassion et de la visibilité dues aux victime, et là enfin une touche de féminisme. Le roman ainsi ripoliné, Ozon applique les ombres et lumières d'un érotisme latent, d'une bisexualité refoulée, et la figure christique de celui qui se refuse à tout compromis avec la société. S'en détachent les figures d'acteurs plus typés les uns que les autres pour une version certes meilleure que celle trop littérale de Luchino Visconti mais bien trop empesée pour ce roman resserré sur moins de 120 pages.
une analyse plus argumentée le jeudi 6 novembre après la Rencontre autour dun film à l'UIA de Caen.