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Les musiciens du Gion

1953

Genre : Mélodrame

(Gion bayashi). Avec : Michiyo Kogure (Miyoharu), Ayako Wakao (Eiko), Seizaburô Kawazu (Kusuda). 1h25.

Kyoto, quartier populaire de Gion. Quelques années après la guerre, Eiko Sawamoto veut devenir "Maiko" (geisha de haut niveau). Son père ne pouvant l'aider à faire ses études, elle demande à Miyoharu, geisha amie de son père, de l'aider. Celle-ci accepte, non sans réticences.

L'apprentissage artistique de Eiko commence donc avec d'autres débutantes : danse, musique, cérémonie du thé, tout ce qu'il faut pour devenir une vraie geisha. Mais il lui faut aussi un kimono, qui coûte fort cher, et Miyoharu est obligée d'emprunter de l'argent à Okimi, femme d'affaires âpre au gain qui contrôle l'activité des geishas.

En fait cet emprunt est un piège, car, en échange de l'argent, Miyoharu doit coucher avec Kanzaki, un haut fonctionnaire qui peut fournir un très gros marché à une usine dirigée par Kusuda, par sa simple signature. Si Miyoharu ne cède pas, le marché ne peut être conclu. Quant à Kusuda, il convoite Eiko, qui vient de prendre son nom de geisha, Miyoe. Le soir décisif, les deux hommes emmènent Miyoharu et Miyoe dans un appartement loué pour l'occasion; mais les choses se passent très mal. Miyoe résiste si bien aux assauts de Kusuda qu'elle lui mord la langue jusqu'au sang, tandis que Miyoharu se refuse à Kanzaki. Le contrat n'est pas signé, malgré les excuses de Miyoharu qui va voir Kusuda à l'hôpital.

Okimi boycotte alors les activités des deux femmes, qui se retrouvent sans clients. Devant la misère, Miyoharu finit par céder, malgré les reproches de Miyoe. Pourtant, les deux femmes finissent par se réconcilier pour endurer leur sort commun, tandis qu'au dehors, on présente une nouvelle geisha encore pleine d'illusions...

Mizoguchi démonte les rouages d'un système économique sacrifiant les idéaux dont pourtant il se nourrit. Il le caractérise par une « économie de la jouissance ». Sous couvert de leur fonction de représentation, les geishas ne sont que monnaie d'échange. Film dense, épuré dans son écriture. La scène finale, les deux femmes marchant côte à côte et faisant claquer leurs talons de bois, prépare L'Impératrice Yang Kwei Fei et sa recherche d'une pure correspondance des sonorités intérieures.

Le titre du film pose un délicat problème de traduction. D'après Yoda, il renverrait à trois des instruments utilisés par Eiko au cours de la fiction (le « sho », le « talko » et la flûte).

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