La part des anges

2012

Thème : Exclus

Festival de Cannes 2012 : prix du jury (The angels' share). Avec : Paul Brannigan (Robbie), John Henshaw (Harry), Gary Maitland (Albert), Jasmin Riggins (Mo), William Ruane (Rhino). 1h41 .

A Glasgow, Robbie, tout jeune père de famille, est constamment rattrapé par son passé de délinquant. Il croise la route de Rhino, Albert et la jeune Mo lorsque, comme eux, il échappe de justesse à la prison mais écope d'une peine de travaux d'intérêts généraux. Henri, l'éducateur qu'on leur a assigné, devient alors leur nouveau mentor en les initiant secrètement... à l'art du whisky !

De distilleries en séances de dégustation huppées, Robbie se découvre un réel talent de dégustateur, bientôt capable d'identifier les cuvées les plus exceptionnelles, les plus chères.

Avec ses trois compères, Robbie va-t-il se contenter de transformer ce don en arnaque - une étape de plus dans sa vie de petits délits et de violence ? Ou en avenir nouveau, plein de promesses ?

Le scénario de cette comédie est excellent et Loach le film avec honnêteté sans chercher à jouer au plus malin. Certes, on trouve encore les marginaux sauvés par un improbable miracle. Le héros ne se découvre cette fois pas ou danseur de génie (Billy Elliot, Stephen Daldry, 2000) ou footballeur de génie (Joue-la comme Beckham, Gurinder Chadha, 2002) mais nez de génie.

L'idée du kilt, ou celle des gens si riches qu'ils ont perdu toute expertise ou encore Albert, le parfait inculte sachant tirer parti des lois du capitalisme, sont amusantes. Albert ignore qui est Mona Lisa et Albert Einstein, ne sait pas davantage reconnaitre le château d'Edimbourg qui orne les célèbres paquets de gâteaux qu'il mange quotidiennement mais il sauvera ses camarades en sachant tirer toutes les conclusions de la loi de l'offre et de la demande.

La force du film n'est pas tant de voir les petits gagner sur les gros que de voir ceux-ci ne jamais se départir de leur solidarité, même après l'accident qui réduit à deux les bouteilles de whisky. L'appât du gain n'est jamais de leur côté mais bien davantage la défense des valeurs positives du couple (belle scène à la maternité) et de la responsabilité. Rien de bien neuf sous le soleil humaniste de Ken Loach mais du solide.

Jean-Luc Lacuve le 06/07/2012.