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Yoshii est dans l'entrepôt de Sôichi et Chizuru Tonoyama, un couple aux abois. Il leur extorque la vente de 30 "machines thérapeutiques" pour seulement 90 000 yens alors que chacune en vaut 100 000. Bien mises en valeur par une photographie, il les met en vente sur son site au prix de 200 000 chacune et récolte ainsi 60 millions de yens.
Yoshii gagnait jusque-là sa vie comme ouvrier dans une usine textile. Takimoto, son patron, qui apprécie son caractère méticuleux et efficace, lui propose de devenir cadre et même, à terme, son bras droit. Mais Yoshii refuse, prétextant être simplement effacé et sans qualité. Yoshii rentre chez lui où dort Akiko, sa petite amie revenue épuisée du boulot. Il tente un achat en ligne d'un stock de jeux mais hésite sur la quantité et est distrait par le réveil d'Akiko qui aimerait bien une autre vie avec lui. Quand il revient à l'ordinateur, l'occasion d'une bonne affaire a disparu.
Yoshii rend visite à Miyake, son ami connu sur les bancs du lycée et engagé comme lui dans la course aux profits dans l'activité de revente sur Internet. Ils constatent que les gains espérés ne sont toujours pas en vue et Miyake propose à Yoshii d'investir avec lui dans un site de mise aux enchères, ce qu'il refuse prétextant n'avoir pas d'argent. Pourtant Yoshii démissionne à la stupéfaction de son patron qui tente vainement de le retenir. Il propose alors à Akiko de tout quitter pour une nouvelle vie loin de l'agitation de Tokyo.
C'est dans une belle maison isolée autour d'un lac que Yoshii et Akiko emménagent. Elle sert à la fois de bureau et de lieu de stockage. Yoshii engage également un assistant, Sano, pour l'aider à gérer les stocks; en l'occurrence de grandes caisses de sacs orange made in France qu'il met en vente en ligne sous le pseudonyme de Ratel.
Le soir, Yoshii et Akiko sont réveillés par le bris de la fenêtre de leur chambre. Yoshii court vainement après le camion qu'il voit s'éloigner et au matin va porter plainte au commissariat en montrant l'étrange bloc de fer qui a défoncé leur vitre. L'inspecteur ne l'encourage guère à porter plainte et lorsqu'il le fait lui demande si, comme le bruit court, sa vente en ligne ne concernerait pas des produits contrefaits. Yoshii renonce à porter plainte mais l'inspecteur le menace d'une visite d'inspection chez lui. Yoshii déclare avoir déjà vendu tous les stocks. De retour chez lui affolé, il découvre néanmoins que Sano a retrouvé l'auteur de l'agression, un jeune paumé jaloux de sa prétendue réussite. Yoshii veut néanmoins se débarrasser du stock de sacs, vraisemblablement contrefaits, et s'en va les revendre à prix coûtant en ville auprès de Muraoka. Il croise Miyake, pauvre et désorienté, qui lui en veut d'avoir déménagé sans laisser d'adresse.
Yoshii part en ville pour acheter un stock de figurines pour geeks dont il pressent que la valeur va monter et rafle la mise à la barbe de dizaines de jeunes gens accourus pour les acheter.
Pendant ce temps Akiko tente vainement de séduire Sano et décide de quitter Yoshii en laissant à Sano le soin de lui transmettre un message ironique comme quoi, elle s'est bien amusée. Sano, seul dans la maison consulte sur l'ordinateur ce que les internautes disent de Ratel et y constate un flots de haine envers celui qui semble arnaquer tout le monde. Pendant ce temps aussi Muraoka se fait tabasser par un yakuza mécontent de s'être fait refourguer un stock de sac français orange contrefaits. Muraoka, qui vit dans une misérable petite pièce encombrée de victuailles, consulte son ordinateur et découvre la haine qui enfle autour de Ratel dont il connaît l'adresse.
Lorsque Yoshii rentre avec son stock de figurines, il ordonne à Sano de les ranger dans les étagères et ne semble guère affecté du départ d'Akiko dont il espère le retour sachant qu'elle n'a aucun moyen financier. Il constate bien vite que quelqu'un a consulté son ordinateur et Sano lui déclare qu'il l'a utilisé pour lui suggérer de nouveaux produits potentiels et devenir ainsi son assistant. Yoshii licencie alors immédiatement Sano qui déclare néanmoins être toujours prêt à l'aider.
Pendant ce temps, Muraoka rencontre Sôichi Tonoyama, bien décidé à se venger de Ratel et lui confie être accompagné de plusieurs hommes engagés dans le même désir de vengeance. Muraoka, paumé et peureux, suggère de porter un masque.
Yoshii s'inquiète du bruit d'une porte ouverte, la barricade avec du fil de fer mais voit une forme étrange le contempler. Un peu plus tard, c'est Takimoto qui fait irruption, un fusil à la main, suivi de Muraoka portant un masque. Takimoto en veut terriblement à Yoshii d'avoir refusé ses propositions de devenir son bras droit. Il affirme vouloir le faire souffrir et attend l'arrivée d'autres complices, les arnaqués de Ratel, qu'il a rameuté pour se venger de lui.
Grâce à la cafetière défectueuse qui émet un son strident, Yoshii parvient à s'enfuir à travers bois mais il est bien vite cerné dans un cabane de chasseurs. Quand un chasseur survient l'arme à la main, Takimoto l'abat. Yoshii parvient de nouveau à s'échapper et retourne dans maison où il découvre Akiko bouleversée par l'état de la maison et qui l'incite à récupérer son disque dur et ses cartes de crédit. Bientôt les poursuivants rattrapent Yoshii et Akiko promet de revenir avec du secours. Pendant ce temps Sano a rendez-vous avec un Yakuza qui met à sa disposition revolver et de quoi tracer Yoshii au GPS.
Yoshii est ligoté à une chaise dans un hangar d'une usine désaffectée. Toujours emmené par Takimoto, ses agresseurs promettent de le tuer à petit feu dans d'infinies souffrances. Miyake propose de commencer par lui brûler le visage au chalumeaux. Takimoto a toutefois l'intention de profiter pleinement du spectacle et pour cela de le filmer ce qui nécessite d'aller chercher le matériel vidéo dans la voiture. Miyake propose à Yoshii de le libérer puis de le tuer s'il rit de son infortune; ce qu'il ne fait pas et Miyake s'éloigne. Yoshii reprend espoir quand Akiko lui fait signe sur un promontoire. Mais c'est Sano qui vient le délivrer, abattant deux agresseurs. Puis Yoshii lui sauve la vie en tuant l'un d'eux. Takimoto s'avance vers eux avec son fusil et Sano le prend à revers avant que Yoshii l'abatte. Akiko a récupéré un revolver près d'un mort et avance vers Yoshii qui lui ouvre ses bras aveugle à sa duplicité. Elle exige ses cartes de crédit et va le tuer quand Sano le sauve une nouvelle fois. Yoshii n'a plus qu'à pleurer sur le corps sans vie d'Akiko.
Sano et Yoshii s'éloignent en voiture sous un ciel aux couleurs de fin du monde. Sano l'exhorte à continuer à travailler et à faire des profits, lui-même se mettant à son service pour acquérir toutes choses mêmes celles qui peuvent tout détruire. Yoshii désabusé murmure : "C'est donc comme ça que l'on va en enfer".
Même si le film emprunte au genre slasher, la dimension sociale est la partie la plus intéressante mettant en scène de jeunes hommes déboussolés dans la Japon contemporain. Yoshii en abusant de la faiblesse d'un couple manifestement aux abois a réussi une affaire exceptionnelle par la magie d'une bonne photo et la crédulité d'acheteurs sur internet. Il partage avec son condisciple Miyake, l'envie de faire fortune par la revente en ligne mais estime qu'il devra y consacrer tout son temps sous peine de voir les affaires s'envoler ainsi du stock de jeux vidéos. Dès lors, c'est un changement de vie qu'il propose à son amie mais ne peut comprendre qu'elle ne va pas y trouver son compte pas plus qu'il ne comprend la haine qui déchaîne autour de lui.
Akiko est un personnage opaque, découverte prostrée dans le lit et ayant une envie assez normale d'arrêter de travailler et de de passer son temps en shopping. Mais ni le lieu où ils sont exilés ni l'argent encore insuffisant de Yoshii ne lui permettent d'éviter l'ennui alors que la solitude lui pèse et qu'elle n'a pas de goût pour être femme d'intérieur. Elle se désolidarise de Yoshii et le menace d'une arme, dont elle n'aurait peut-être pas fait usage si Sano ne l'avait tuée pour protéger son patron.
Sano est aussi un personnage énigmatique, manifestement un ancien Yakuza assez haut placé qui avait décidé de se retirer. Yoshii lui offre l'occasion servir un nouveau maître et il respecte le code d'honneur de son ancien métier assurant son patron d'une fidélité absolue.
Le clan des agresseurs se composent d'anciens patrons, les Tonoyama ayant une capacité technique pas de sens commercial et Takimoto, le patron de la blanchisserie industrielle. celui-ci est le seul véritable psychopathe; on apprend en cours du film qu'il a assassiné sa famille et est ainsi en cavale. N'ayant plus rien à perdre, il abat le chasseur et concentre sa haine sur son espoir déçu d'une vie normale si Yoshii avait accepté son offre. Les autres sont des geeks plus ineptes les uns que les autres réunis par la haine de voir l'un d'eux avoir réussi. Cette même prétendue réussite facile vaut à Yoshii la haine de son agresseur du premier soir et celle de l'inspecteur de police.
les révélations successives a propos des personnages d'Akiko, Sano, Takimoto et Miyake entretiennent une atmosphère d'angoisse tout autant que les actes criminels dont est victime Yoshii depuis la chute en scooter provoquée par un câble tendu au milieu de la route, la vitre brisée du premier soir. Muraoka avec son masque assure la partie burlesque de ce conte qui se termine en parabole de fin du monde.
Jean-Luc Lacuve, le 10 juin 2025.