L'ultime razzia

1956

(The killing). Avec : Sterling Hayden (Johny Clay), Coleen Gray (Fay), Jay C. Flippen (Marvin Unger), Elisha Cook Jr (George Peatty), Mary Windsor (Sherry Peatty). 1h23.

Après avoir purgé une peine de prison pour vol à main armée, Johnny Clay retrouve son amie Fay. Mais Johnny veut tenter un dernier coup "avant de se retirer des affaires" : dérober la recette du pari-mutuel au champ de courses.

Il constitue une équipe dans ce but : Unger, un vieil ivrogne sympathique qui a donné l'idée, Peatty le caissier, O'Reilly le barman qui a besoin d'argent pour soigner sa femme, Kennan un flic qui a des dettes, et Arane un tireur d'élite. Mais Sherry, la femme de Peatty, est volage et son mari, pour la retenir, lui annonce qu'il prépare un coup retentissant. Sherry s'empresse d'en parler à son amant, Val Cannon...

Le hold-up a lieu. Arane abat un cheval durant la course pour créer une diversion. Leo, un client du bar engagé par Johnny, provoque une bagarre. Profitant de la cohue, Johnny, masqué, s'introduit dans la salle des caissiers et s'empare de la recette.

La bande doit se retrouver pour le partage. Mais Val Cannon est au rendez-vous. Un mortel règlement de comptes s'ensuit. Blessé à mort, Peatty trouve la force de tuer sa femme avant de succomber. Seul rescapé du carnage, Johnny s'enfuit avec Fay et le butin. A l'aéroport, la valise contenant le magot s'ouvre à la suite à cause d'un chien. Et l'argent s'envole avec leurs rêves sous le souffle des hélices.

La tuerie promise par le titre anglais ne doit rien au hasard pas plus que l'ouverture finale de la valise pleine de billets. Les protagonistes ont conçu un hold-up trop grand pour eux. Leur dernier acte intelligent se retourne finalement contre eux qui se sont jeté dans une opération de la dernière chance.

Pris dans leur intimité. Un flic endetté, un barman avec une épouse nécessitant des soins coûteux, un caissier affligé d'une épouse insatisfaite aspirant à l'aisance bourgeoise. Même Johnny Clay ne semble pas vraiment vouloir réussir. En prison, il a manigancé son plan qu'il répète dans une semi-inconscience. Mais, une fois le cou fait, il commet erreur sur erreur, se trompant de porte dans le bungalow où il doit récupérer l'argent, sous-estimant la circulation automobile, et surtout achetant une valise à vil prix chez un prêteur sur gage dont il voit bien vite qu'elle ferme très mal. La dernière réplique, "à quoi bon" indique bien que le personnage ne tenait que par son plan et que, lui non plus, ne tient pas à survivre.

Trois thèmes visuels ressassés par Kubrick viennent rythmer cette tragédie : la barriere qui se referme devant les chevaux de la septième course et qui marque le présent du récit. Celui des barreaux (persiennes, croisillons des fenêtres, cage du perroquet) et celui des chiffres. Les barreaux renvoient les personnages à la prison dont ils viennent de sortir au pire à leur univers étriqué où ils vont finir par mourir. Quant aux chiffres, ils marquent la contagion au monde tout entier du champ de courses où les perdants sont connus d'avances ( pour gagner, il faut miser sur tous les chevaux !).