Ishibumi

2015

Genre : Documentaire

Téléfilm. Avec : Haruka Ayase, Akira Ikegami (Eux-mêmes). 1h25.

Ishibumi (Monument de pierre)  est une nouvelle mise en scène d'un programme célèbre de télévision de 1969 produit par Hiroshima Television. Haruko Sugimura, célèbre actrice des films de Yasujiro Ozu, Mikio Naruse et d'autres maîtres d'âge de l'or lisait le livre qui recueillait les témoignages des proches de  322 élèves  de 12 à 13 ans et quatre enseignants d'Hiroshima qui périrent en effectuant des travaux de démolition à seulement 500 mètres de l'épicentre de l'explosion deal bombe nucléaire et en sont morts, immédiatement ou peu après. La culture de leur temps les avait éduqués pour qu'ils considèrent que la mort pour leur pays et l'Empereur était un honneur. Un garçon, après avoir pris le congé définitif de ses frères et sœurs demanda ainsi à sa mère de dire à son grand-père à Kagoshima qu'il était mort "de façon splendide" ("rippa ni").. Leurs proches ont recueilli des témoignages sur leurs derniers mots et actions qui ont servi de base au livre et au programme.

Dans la mise en scène modernisée de Kore-Eda, c'est l'actrice Haruka Ayase, originaire d'Hiroshima, celle qui joue la sœur ainée dans Notre petite sœur qui reprend le rôle de Haruko Sugimura. Elle est seule sur une chaise à dos droit et lit des extraits des témoignages. Pendant ce temps, des photographies sont projetées sur des boîtes en bois à côté d'elle et sur un écran recourbé derrière elle. Ces lectures sont intercalées avec des scènes du journaliste Akira Ikegami interviewant les membres de la famille des victimes et d'autres, principalement dans les milieux d'Hiroshima. Il est émouvant de voir leurs contemporains survivants, liens fragiles au passé qui seront prochainement balayés. Ainsi, cet homme âgé qui, en trouvant l'uniforme scolaire déchiré de son frère mort dans le musée de la paix, annonce qu'il y était aussi. La photo noir et blanc maintenant fanée du frère semble revenir à la vie, rendant a contrario plus sensible encore l'énormité de sa perte.

Le film documentaire s'inscrit dans le rituel annuel de la télévision japonaise où vers le 6 août un certain nombre de programmes spéciaux sont diffusés sur les bombardements atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki.