Brazil

1985

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Avec : Jonathan Pryce (Sam Lowry), Robert De Niro (Harry Tuttle), Michael Palin (Jack Lint), Kim Greist (Jill Layton), Katherine Helmond (Ida Lowry). 2h22.

Dans un État monstrueux, quelque part au XXe siècle, soudain explose une devanture de magasin de télévisions. Au travers de ce qui reste de l'une d'elles, le vice-ministre de l'information, Eugène Helpmann, promet de mettre bientôt fin à treize ans d'attentats. Après tout, les 7 % du PNB que reçoit son ministère pour régenter la vie des individus doivent servir à quelque chose.

Pourtant les services de la recherche d'informations sont pauvrement dotés. Un employé monte sur une chaise pour écraser un scarabée qui tombe alors dans la machine à écrire provoquant un saut de fiches. La police politique débarque ainsi chez un certain M. Archibald Buttle, paisible père de famille, ouvrier-réparateur de chaussures et non chez Archibald Tuttle, ingénieur chauffagiste résistant-plombier clandestin très recherché. Jill Layton, la voisine du dessus des Buttle apprend des ouvriers venus réparer les dégâts de la police qu'il s'agit d'une erreur de nom.

Au service des archives du ministère de l'information, M. Kutzmann appelle désespérément Sam Lowry, son meilleur employé. Celui-ci rêve dans son lit : il se voit en Icare héroïque, croisant parfois dans les cieux une jeune fille angélique. Le coup de fil de son supérieur le réveille, mieux que ne l'avait fait son réveil matin victime d'une des nombreuses pannes d'électricité qui affectent la ville.

Au ministère de l'Information, Sam Lowry croise son ami Jack Lint qui lui reproche de moisir dans un emploi sans ambition. M. Kurtzmann l'entretient aussi dans cette modestie afin qu'il reste à ses côtés et est désespéré d'apprendre qu'il est promu au service de la recherche d'information. Cela met aussi en colère Sam qui sait que le piston vient de sa mère, Alma, préoccupée avant tout de chirurgie esthétique mais très proche du pouvoir et qui regrette l'isolement de son fils. Sam lui annonce qu'il refuse cette promotion. Au restaurant où sa mère l'a convié avec son amie Shirley Terrain avec qui elle discute des bienfaits comparés des docteurs Jaffe et Chapmann qui soigne à l'acide, il doit subir la pauvre conversation de la fille de sa son amie.

Dans un deuxième rêve, Sam fait deuxième cauchemar : d'immenses tours sortent de terre pour le séparer de sa bien-aimée. Il se réveille car son climatiseur est en panne. Les services centraux ne travaillent pas la nuit et c'est Harry Tuttle qui débarque chez lui. Sam sympathise avec lui qui travaille en free-lance car il ne supporte pas la papasserie. Sam renvoie les employés centraux qui n'ont pas le fameux formulaire 27B /6.

Kutzmann est effondré il ne sait que faire du remboursement de 31 dollars pour Buttle que la recherche de l'information a trop facturé. Sam lui apprend que Buttle a été retranché ; il est mort. Il veut bien aller rendre le chèque à la veuve. Il la trouve éplorée. Son fils l'agresse. Il aperçoit alors Jill mais elle s'enfuit dans un gros camion.

Pour la retrouver, Sam accepte le "piston" du ministre Helpmann et commet les plus audacieuses folies afin de protéger celle qu'il prend pour une résistante. Mais l'État-monstre le poursuit pour ses liens avec Tuttle. Capturé avec Jill, en passe d'être supplicié par Jack Lint, son collègue et ex-ami, Sam est heureusement sauvé par Tuttle et ses hommes, qui couvrent sa fuite. Il peut enfin partir avec Jill vers un monde idéal... qu'il n'atteindra qu'en pensée, étant en fait mort sous la torture.

Brazil vient après la saga de La planète des singes et les trois dystopies (récits d'une société futuriste qui vire au cauchemar, à une contre-utopie) majeures des années 70 : THX 1138 (George Lucas, 1971), Orange mécanique (Stanley Kubrick, 1971), Soleil vert (Richard Fleischer, 1973). Terry Gilliam renouvelle néanmoins le genre dont il donnera dix ans après un nouvel opus majeur avec L'armée des douze singes.

Le service de la Recherche d'information utilise des slogans qui réveillent les échos du nazisme : "The truth shall make you free" mais la société décrite est décadente : on se souvient du veau braisé à la sauce au vin seulement en photo et des vieux films, westerns ou burlesques des Marx Brother, sur des petites télés noirs et blanc.

L'image d'une société hyper-technologique disparait à chaque fois sous celle d'une société qui a implosé et ne survit plus que dans la dictature. Malheur à la décroissance non maitrisée.