Paris est une fête
- Un film en 18 vagues

2017

Avec: Mohamed le Guinéen, les militants écologistes, anarchistes, libertaires, protestant contre la COP21, contre la loi travail et les citoyens de la Nuit debout. 1h35.

Paris, les fêtes foraines, la grande roue des Tuileries, les militaires dans la rue.

Rue d'Aubervilliers près de la station Stalingrad, des réfugiés dorment à même le sol, enroulés dans des tapis, dans des cartons, dans des matelas de fortune. La police arrive et leur ordonne de partir

Mohamed, en provenance de Guinée, s'est trouvé le porche d'une mutuelle pour passer la nuit sur un amoncellement de tissus. Il décrit l’horreur des longues marches dans le désert et de la traversée de la Méditerranée. Son impossibilité, parce que trop fatigué, de se révolter contre les passeurs qui jetèrent à l'eau l'homme le plus gros parce qu’il fallait alléger l'embarcation de fortune en manque de vivre et de carburant.

Fuite d'un corps nu, la nuit, dans un champ de tournesols.

La stèle en mémoire de Zyed Benna et Bouna Traoré, tous deux électrocutés dans un transformateur EDF en 2005 à Clichy-sous-Bois à la suite d’une poursuite de policiers

Décembre 2015. Des militants écologistes, anarchistes, libertaires, protestent contre la COP21 et les interdictions de manifester qui viennent d’être décrétées dans le cadre de l’état d’urgence.

Un réfugié semble défier le taureau de Wall Street, la sculpture en bronze de l'artiste Arturo Di Modica située au Bowling Green Park près de la bourse de New York.

Les foules de Nuit debout rêvent ensemble à un monde meilleur. Un poème d'Henri Michaux est lu par une protagoniste de Nuit Debout. Un militant galvanise la foule qui répète ses paroles après lui.

Juin 2016 protestations violente de Nuit Debout contre la loi travail dite loi El Khomri. Répression violente.

Paris est une fête est un documentaire politique qui vise par son triple aspect, documentaire, militant et visionnaire à proposer une nouvelle image de la société portée par la jeunesse révoltée.

un film en 18 vagues

Le film documente le triple mouvement de révolte de décembre 2015 à juin 2016. En décembre 2015, des militants écologistes, anarchistes, libertaires, protestent contre la COP21 et les interdictions de manifester qui viennent d’être décrétées dans le cadre de l’état d’urgence après les attentats survenus au Bataclan le 13 novembre 2015. En avril-mai 2016. Nuit debout occupe la place de la république. En juin, la protestation se fait violente contre la loi travail dite loi El Khomri. La répression policière est violente.

Le film donne aussi la parole au guinéen Mohamed, encore mineur, qui raconte sa longue marche dans le désert et la traversée de la Méditerranée, son regret de n'avoir pu sauver le gros homme jeté à l'eau par les passeurs, sa ferme intention de rester en France.

Sylvain George cherche à articuler les révoltes des réfugiés avec celle des protestataires contre l'état d’urgence et contre la loi travail et pour la nouvelle société rêvée par Nuit Debout. On entendra une militante des quartiers exprimer l'échec des mouvements sociaux dans la rue et dans les entreprises par leur manque de liaison avec les habitants des quartiers défavorisés qui pourraient représenter le peuple beaucoup plus large qui leur manque.

Cette révolte qui gronde, celle d'une jeunesse sacrifiée, assassinée, insoumise et révoltée a déjà ses martyres. La stèle en mémoire de Zyed Benna et Bouna Traoré rappelle que tous deux furent électrocutés dans un transformateur EDF en 2005 à Clichy-sous-Bois à la suite d’une poursuite de policiers. Le corps nu qui erre dans un champ de tournesol finit par s'écrouler à même le sol. Les mains dans la nuit appellent...

Paris est une fête

Paris est une fête, Le livre d’Hemingway est redevenu un best-seller après l’intervention de Danielle, une septuagénaire interrogée par BFMTV, se révoltant contre la stupidité et pronant la tolérance le lundi 16 novembre 2015. Il devait aussi s’agir du titre d’un film de Bertrand Bonnello, avant qu'il ne le change pour Nocturama, sur des jeunes fomentant des attentats dans la capitale.

La fête ne viendra pas toute seule, des vagues se briseront contre la répression, mais si le goût de la beauté anime toujours la jeunesse grâce à Michaux, aux lumières de la ville, au symbole Égalité-Liberté-Fraternité de la république- seul plan en couleur-, si le goût de la beauté est toujours vivace alors oui, Paris est et sera une fête.

Jean-Luc Lacuve le 28/04/2017