Rosetta

1998

Genre : Drame social

Avec : Emilie Dequenne (Rosetta), Fabrizio Rongione (Riquet), Anne Yernaux (la mère), Olivier Gourmet (le patron) 1h30.

Une jeune fille, à peine sortie de l’adolescence, court dans les couloirs de l’usine où elle travaillait depuis quelques jours, furieuse d’avoir été licenciée sans explications. C’est Rosetta, qui vit avec sa mère, dépressive et alcoolique, dans l’inconfort d’une caravane posée sur un terrain de camping miteux. La vie de Rosetta est sommaire : elle s’attache à arracher sa mère à la boisson, se heurte fréquemment à elle à propos de ses relations douteuses avec le gardien, et surtout cherche du travail « pour ne pas tomber dans le trou ».

Elle récuse toute forme de générosité, qu’elle accueille comme de la pitié, et parcourt la ville à la recherche d’un emploi. Elle survit quelques jours en vendant des vêtements d’été à une friperie, pour quelques centaines de francs belges.

Elle rencontre bientôt Riquet, qui tient une baraque à gaufres. Bienveillant, le jeune homme la recommande à son patron, qui l’engage dans sa petite entreprise. Un soir, Riquet l’invite à dîner chez lui et cherche à briser le mur que la jeune fille a élevé autour d’elle, en la questionnant sur sa vie, ses goûts musicaux, etc. Dès qu’il veut danser avec elle et se montrer plus affectueux, elle se dérobe et fuit.

Le patron lui apprend bientôt que son emploi va échoir à son propre fils, qu’il veut former. Rosetta proteste, se bat, s’accroche à son poste, en vain. Prête à tout pour trouver enfin une situation stable, elle est à deux doigts de laisser Riquet se noyer alors qu’il est tombé dans l’eau glacée et marécageuse.

Finalement, elle le sauve mais le trahira bientôt en rapportant à son patron la combine qu’il avait mise en place pour récupérer à son compte une partie de la recette des ventes de gaufres. Riquet est congédié sur-le-champ et Rosetta récupère son tablier.

À la fin de sa journée de travail, elle est poursuivie en mobylette par Riquet, qui cherche une explication, mais elle lui échappe. De retour à la caravane, elle trouve sa mère ivre et inconsciente, elle la couche, allume le gaz et s’étend à son tour, attendant la fin… Mais une panne de bonbonne la sauve, juste avant que n’arrive Riquet, dépité mais, malgré tout, amoureux d’elle.

La Promesse, le précédent film des frères Dardenne avait fait sensation à la Quinzaine des Réalisateurs en 1996. La consécration arrive en 1999 avec Rosetta, film sans concessions qui décrit le combat d'une jeune femme déterminée à trouver, et conserver, un emploi. La caméra (à l'épaule) des Dardenne ne lâche pas d'une semelle Emilie Dequenne et son regard buté.

Président du jury à Cannes, David Cronenberg crée la surprise en décernant la Palme d'or à cette oeuvre radicale et le Prix d'interprétation féminine à sa comédienne débutante.