Les innocents

1961

Genre : Fantastique

(The Innocents). D'après Le tour d'écrou Henry James. Avec : Deborah Kerr (Miss Giddens), Peter Wyngarde (Peter Quint), Megs Jenkins (Mrs. Grose), Michael Redgrave (l'oncle), Martin Stephens (Miles), Pamela Franklin (Flora), Clytie Jessop (Miss Jessel) . 1h39.

A la fin du XIXe siècle en Angleterre, Miss Giddens, une gouvernante, se voit chargée par un homme de l'éducation de ses deux jeunes neveux, Miles et Flora, qui vivent seuls avec leur nourrice Miss Grose.

Dans ce manoir inquiétant, Miss Giddens perçoit d'étranges comportements de la part de ses protégés. Elle apprend que la précédente préceptrice, Miss Jessel, a eu une relation avec le valet Quint, et que tous deux sont morts dans d'étranges circonstances. Peu après, elle commence à voir apparaître leurs fantômes dans le manoir et le jardin, et croit que les esprits de Quint et miss Jessel tentent de posséder Miles et Flora.

La mise en scène très fluide et un soin évident apporté au cadrage et à la composition des images maintiennent jusqu'au bout la possibilité d'une malédiction d'outre-tombe pesant sur les enfants. Néanmoins l'hypothèse fantastique s'afface progressivement au profit d'une psychose sexuelle de la jeune préceprice anglaise.

Une photographie de film fantastique

La photo noir et blanc de Freddie Francis accentue les jeux d'ombres lors d'apparition de silhouettes sinistres dans la pénombre et délivre une atmosphère mystérieuse et onirique lors des séquence en plein jour. Ainsi les apparitions toujours surprenantes et mystérieuse de Miss Jessel près du lac. Clayton joue également très habilement de la profondeur de champ (il employa une focale au diaphragme réduit pour l'augmenter) et de la disposition des personnages à l'écran. Ainsi d'un visage ou d'une silhouette ectoplasmique se glissant à l'arrière plan derrière Deborah Kerr. Le décor du château de Bly est typique de la demeure gothique Victorienne avec ses pièces innombrables, son escalier immense et imposant et ses corridors inquiétants la nuit venue.

La petite ritournelle musicale qui se fait entendre sur fond noir avant même l'apparition du logo Fox reviendra tout au long du film. Constamment narré selon le point de vue de Deborah Kerr, le film bascule plusieurs fois par ses cadrages à de la vue subjective supposée surnaturelle. Clayton joue également très bien des éléments de son décors comme ses statues disposée tout au long de la propriété qui semble toujours épier. Voil de rideau flottant, bande son chargée et portes qui claquent accentuent la dimension fantastique renforcée par de longs fondu- enchaînés. La mise en scène de Clayton qui cadre et éclaire sous des angles variés les deux enfants dévoile peu à peu une nature trouble de nature à renforcer l'hypothèse de la possession.

La névrose sexuelle

Le doute est maintenu tout du long entre la réelle présence de fantômes ou la folie gagnant peu à peu le personnage de Deborah Kerr. Jeune femme jolie, enjouée et souriante, progressivement rongée par l'atmosphère oppressante de la demeure, elle va sombrer dans la terreur et la psychose par sa peur doublée de frustration de la sexualité. Fille de pasteur, elle est venue s'enfermer au milieu de nulle part et se trouve confrontée au fantôme masculin et viril de Quint et à des rapports étranges, relevant presque de la séduction incestueuse, avec le jeune Miles. Lorsqu'elle traverse la maison en chemise de nuit, on entend le bruit des étreintes auxquels se livraient Quint et Miss Jessel avec des "Love me !" en écho. L'extrémité de la corde de rideau semble suivre les mouvements de va et vient en se cognant contre la vitre au même rythme que les cris. Miles s'avère particulièrement inquiétant, avec des remarques trop adulte pour son âge et la nature très séduisante avec laquelle il charme Deborah Kerr (dont un très appuyé baiser sur la bouche). Le tout culmine lors du face à face final entre les deux : Deborah Kerr tentant de l'exorciser coûte que coûte.


Source : Paperblog