Miracles for sale

1939

Genre : Mélodrame

Avec : Robert Young (Michael 'Mike' Morgan), Florence Rice (Judy Barclay), Frank Craven (Dad Morgan), Henry Hull (Dave Duvallo). 1h11.

Marchand de matériels de prestidigitation et "sceptique fameux", ennemi acharné des charlatans de l'occultisme, Michael Morgan reçoit la visite de Judy Barclay; elle vient lui demander son aide à propos des agissements d'un certain docteur Sabbatt qui prétend pouvoir invoquer les démons.

Le soir même, le docteur Sabbatt est retrouvé étranglé, dans son appartement fermé de l'intérieur, au beau milieu d'un pentacle magique tracé sur le sol.

Les soupçons de la police se portent sur les quelques invités qui devaient assister à l'invocation du docteur Sabbatt; Dave Duvallo, le roi de l'évasion; le professeur Tauro, virtuose des tours de cartes; Al et Zelma La Clair, qui se produisent dans un numéro de transmission de pensée; Madame Rapport, une authentique spirite; et le colonel Watrous, un sceptique qui cherche à démasquer les charlatans. Le professeur Tauro s'éclipse car il a une émission de radio un peu plus tard. Morgan le suit en taxi mais le magicien se sert d'un tour d'évasion pour disparaître. Peu après, on le retrouve mort, lui aussi, dans son appartement, au centre d'un pentacle. Duvallo, qui était interrogé par l'inspecteur Gavigan au même instant, se trouve donc disculpé. Mais le médecin légiste établit que Tauro était mort une heure avant que le docteur Sabbatt fût tué. Morgan finit par découvrir que Judy était la soeur de Madame Rapport, elle-même épouse du docteur Sabbatt, qui a été assassiné par quelqu'un qu'il tenait par chantage. Au cours d'une soirée au Festival de la Magie, Morgan démasque l'habile criminel : Duvallo, qui avait personnifié Tauro alors qu'il l'avait déjà tué, afin de se ménager un alibi.

Browning conclut ici prématurément son œuvre par une réflexion sur la manipulation. La poétique du bizarre qui dominait son oeuvre semble récusée au profit d'une démarche rationnelle qui n'admet la magie que comme une construction distrayante et passagère. Browning n'aura pas le temps de développer plus avant cette thématique, le décès d'Irving Thalberg, qui l'avait toujours protégé malgré ses échecs commerciaux, signera la fin de sa carrière.

Il met pourtant ici en place une élégante comédie policière pleine d'ironie et de chausse-trappes à commencer par la première scène dont il laisse quelque temps croire qu'elle est réelle et non un numéro dont le héros est le metteur en scène.

L'enquête auprès des divers magiciens fait intervenir le mystère de la pièce fermée de l'intérieur (en fait l'assassin reste caché et attend l'entrée des policiers, tous attirés par le cadavre, pour s'éclipser) et pas moins de sept suspects dont on ne sait rapidement plus qui est vivant ou mort.

La concision dans les effets de mise en scène va de paire avec la succession des mystères alignés en quelques soixante-dix minutes : la disparition des cadavres, la porte qui s'ouvre aux noms de Cagliostro et de Robert Houdin, la scéance de spiritisme truquée, la machine à écrire qui frappe toute seule et le tour final de la balle magique : Judy doit attraper avec ses dents une balle tirée avec un fusil.