Anticipation of the night

1958

voir : photogrammes

. 0h42.

Sur le mur, le reflet d'une porte qui s'ouvre; sur le sol l'ombre d'un homme. Panoramique rapide sur un appartement. Une rose éclose dans un vase, délicatement posée à la surface de l’eau . Un parcourt de nuit rapide filmé d'une voiture sous les lampadaires allumés.

La porte s'ouvre, il fait jour, l'homme sort dans la forêt; trajet rapide en voiture; des arbres plantés le long d’une route. Retour à la vision depuis la fenêtre tournante de la maison. Tournoiement rapide de la caméra sous els arbres. Nuages du soir et du crépuscule. Retour à la maison et aux arbres de jour, panoramiques de nuit, de jour.

Retour à la maison. Tuyau d'arrosage, diffraction en arc en ciel. Splendeur de la nature et lumières de la ville

La caméra tourbillonne autour d'un bébé avec sa couche culotte qui marche à quatre pattes dans le jardin, alternance avec la route de nuit. La lune, les lampadaires, des phares de voiture, les lumières dans la nuit...

Monochrome noir, orange. Des enfants sur le manège circulaire d’une fête foraine ; d'autres enfants sur d'autres manèges de la fête foraine. La lune plusieurs fois, les arcades plusieurs fois la lune les traverse rapidement; la route aux arbres et lampadaires.

Un enfant qui dort dans un lit, un animal qui s'enfuit dans la nuit; la route aux arbres et lampadaires. Dans le lit, ce sont le bébé et son grand frère. Toujours la route de nuit. Un flamand rose qui tente de s'envoler puis dans l'eau. Un ours polaire. Dans les bois, l'homme lance une corde en haut d'un arbre. Sur le mur reflet d'un pendu.

Réalisé en 1958, quand il avait 25 ans, six ans après ses débuts de cinéaste expérimental, Anticipation of the Night est le 16e film de Stan Brakhage sur une œuvre qui en compte environ 400. C'est un voyage mental, probablement une série de flashes qu'éprouve un homme quelques temps avant de se suicider.

Historique parce qu'il est à l'origine de la création par Mekas de la Film-Maker's Coopérative de New York, ce film l'est aussi parce qu'il marque une étape décisive dans l'histoire des formes du cinéma expérimental. Le propos de ce film subjectif (dont le je invisible et suicidaire tente vainement de recouvrer la vision sauvage de l'enfance) compte désormais moins que le flux de la matière visuelle, où les ciels bleu sombre, les arbres dans le crépuscule, les jeux de lumières ou de lune dans la nuit se suivent et se fondent sans hiatus avec l'apparition finale des grands flamants roses et des ours blancs du "rêve des enfants".

La violence des mouvements de caméra est sans doute assez plus proche de l'art conceptuel, de Fluxus notamment que de la peinture expressionniste abstraite qui se développe à la même époque, la souveraine subjectivité de l’auteur.

Le film, totalement silencieux ne doit sa séduction qu'aux mouvements des images (accélérations, ralentis rendant d'abord indistinct ce qui est filmé), aux jeux de couleurs (opposition bleu et orange) qu'au contraste entre le jour (bébé, arc en ciel) et la nuit bleuté. Les toutes dernières images d'Anticipation of the night où l'on voit l'ombre d'un personnage installant le nœud d'une corde sur un arbre avec l'intention de se suicider, semblent aussi indiquer que Brakhage jugeait nécessaire l'ajout d'une couche de mélodrame.

Test du DVD

Editeur : Re-voir. Coffret DVD/Blu-ray Durée du film : 40'. Prix de vente public conseillé : 26.90 €.

Supplément : livret anglais-français