This other eden

1959

D’après la pièce de Louis d'Alton. Avec : Audrey Dalton (Maire McRoarty), Leslie Phillips (Crispin Brown), Niall MacGinnis (Devereaux), Geoffrey Golden (McRoarty), Norman Rodway (Conor Heaphy), Milo O'Shea (Pat Tweedy), Harry Brogan (Clannery), Paul Farrell (McNeely), Eddie Golden (le sergent Crilly), Hilton Edwards (Canon Moyle), Philip O'Flynn (le postier), Ria Mooney (la mère supérieure), Isobel Couser(Mrs. O'Flaherty). 1h21.

Une petite ville irlandaise veut élever une statue à la mémoire de Jack Carberry, membre de l’Armée républicaine irlandaise (IRA), tué pendant la guerre d’indépendance (1916-1921). Mais les esprits s’échauffent… L’élévation de la statue du rebelle ranime un fort sentiment antibritannique. Le village bouillonne, alors qu’un Anglais souhaite s’y installer, et qu’une enfant du pays revient, après des années passées à étudier dans une école anglaise. Les secrets jusque-là bien gardés commencent à émerger, le passé héroïque de Carberry est vu sous un jour nouveau.

This Other Eden est le premier film irlandais dirigé par une femme, et, ô ironie, par une Anglaise.

Muriel Box délaisse ici la comédie et s’attaque à un drame, à la fois politique et d’actualité. Le film est produit par Emmet Dalton pour les studios Ardmore qu’il vient de fonder en 1958. Dalton, avant de se lancer dans l’industrie cinématographique, fut soldat. Après avoir combattu sous l'uniforme britannique lors de la Première Guerre mondiale, il s’était engagé au sein de l’IRA et y devint un proche de Michael Collins, grande figure de la lutte pour l’indépendance. Dalton était à ses côtés lorsque ce dernier fut abattu dans une embuscade dressée par les loyalistes. Affaire de famille encore, Audrey Dalton, sœur d’Emmet, joue ici aux côtés des comédiens de l’Abbey Theater.

This Other Eden s’attaque à l’héritage traumatique de la guerre civile irlandaise, et pose la question de l’impact de la mort des héros – et en creux, de Michael Collins - sur les générations suivantes. Il interroge la complexité des politiques irlandaise et britannique, de la commémoration et du patriotisme. Ce classique du cinéma irlandais, pourtant très peu connu, est également le portrait, très spirituel – comme tous des films de Muriel Box –, d’une Irlande alors en pleine mutation.