La veine d'or

1955

Genre : Drame social

(La vena d'oro). Avec : Richard Basehart (Manfredi), Titina De Filippo (Teresa), Mario Girotti (Corrado), Leonardo Botta (L'ami de Corrado), Bianca Maria Ferrari (Carla), Violetta Napierskha (Violetta). 1h38.

Corrado, seize ans, est en vacances dans la maison de campagne de sa mère, Teresa, en cette fin d'année 1954. Pour tromper son ennui, il se rend sur le chantier de fouilles, non loin de chez lui. L'ingénieur Manfredi, amusé par la passion juvénile qu'il manifeste, lui permet de travailler comme apprenti archéologue.

Corrado est couvé par sa mère, Teresa dont il est l'unique passion et lui-même se conduit avec elle comme un enfant aimant et tyrannique. Il lui impose ainsi l'invitation de Manfredi pour dîner. Le coup de foudre est instantané. Teresa, qui préfère se croire retirée des passions du monde, ne se l'avoue pas mais accepte l'invitation de Manfredi, le lendemain, pour un moment important des fouilles.

Corrado est aimé de Carla, sa jeune voisine et de l'envahissante Violetta, sa tante, qui souhaite organiser pour le 31 décembre une grande fête chez eux. Il les dédaigne pour accompagner avec empressement sa mère pour la découverte archeologique de Manfredi : une maison romaine enfouie.

La découverte les bouleverse tous les trois et Manfredi fait une déclaration aussi délicate que passionnée à Teresa en lui offrant une coupe antique pour sa présence en cette journée capitale pour lui.

Le lendemain, Teresa a convié Manfredi et Corrado pour l'accompagner dans ses courses à Rome. Corrado est réquisitionné par Violetta et Manfredi parvient à grand peine à convaincre Teresa d'accepter sa seule présence à coté d'elle pour la journée. Le trajet du retour, sur la via Appia et avec un arrêt dans un bistrot, auront raison des réticences morales de Teresa qui accepte l'amour de Manfredi et reconnaît le sien.

Pendant la journée, Violetta, qui a réussi à faire de Corrado son amant, n'a pas cessé d'insinuer que Teresa s'était probablement donnée à Manfredi. Corrado, choqué par la fragilité de la vertu des femmes, voit ses soupçons confirmés par le retour très tardif de sa mère et de Manfredi. Ecoeuré, il repousse l'amour sincère de Carla.

Le 31 décembre, Teresa a mis sa plus belle robe pour recevoir Manfredi et les invités. Au passage de l'année nouvelle, Teresa et Manfredi échangent un baiser qui déclanche la colère de Corrado. Celui-ci s'enfuit en pleine nuit. Les efforts de Manfredi pour le retrouver demeurent vains. Teresa, qui comprend la jalousie de son fils, déclare à Manfredi qu'elle renonce à son amour.

Carla est la seule à savoir où Corrado se réfugie quand tout va mal. Elle le retrouve en pleine nuit, près d'une maisonnette dans laquelle ils entrent quand la pluie se met à tomber. Tous deux recueillent un lapereau qui s'était blessé et le réchauffent au feu de la cheminée.

Lorsque la pluie cesse, Corrado rentre à la maison. Il est accueilli avec effusion par Teresa. Ils décident de partir immédiatement pour la capitale. Corrado ne sachant comment rédiger sa lettre de départ pour Carla, c'est Teresa qui la lui souffle. Corrado se met en colère lorsqu'il s'aperçoit que Teresa n'a que Manfredi en tête.

De rage, il quitte la pièce et gifle sa vieille nourrice qui lui reproche sa tyrannie envers sa mère. Regrettant immédiatement son geste, il laisse la vieille femme finir son plaidoyer et comprend les sacrifies auxquels amère a consenti pour l'élever.

Il court retrouver Manfredi et, encouragé avec bienveillance par celui-ci, finit par trouver les mots pour lui demander de revenir à la maison. C'est lui-même qui annonce pour le soir la venue de Manfredi à sa mère. Quand, bouleversée, Teresa lui demande la raison de ce changement, il peut enfin lui dire "parce que je t'aime"

Très beau mélodrame sentimental dans les décors très romanesques des ruines romaines de la proche banlieue de la capitale italienne. L'interprétation très sensible de chacun des acteurs trouve un écho dans les paysages à la fois grandioses et fragiles.

En quelques jours, Corrado trouve sa voie entre l'amour charnel de sa tante, celui sincère de Carla et celui de sa mère qu'il doit transformer. Mais ce sont chacune des séquences, dont aucune n'est inutile, qui est l'occasion pour chacun des personnages d'exprimer un sentiment très fort.

Bolognini utilise des moyens aussi simples qu'efficaces : découpage qui semble rythmé par les émotions avec de légères plongées ou contre-plongées pour figurer les moments intenses de chaque séquence.

Magnifique dernier plan long du film, celui qui voit Corrado et sa mère, vus dans la glace, puis, lorsque Corrado a annoncé la nouvelle inespérée du retour de Manfredi, un court panoramique vers Teresa, saisie seule, comme en extase lui demandant pourquoi il a ainsi changé puis, élargissement du plan pour prendre l'enfant disant à sa mère "parce que je t'aime" avant l'incrustation du mot fin.

 

Jean-Luc Lacuve le 03/02/2010