To Rome with love

2012

Avec : Woody Allen (Jerry), Judy Davis (Phyllis), Alison Pill (Hayley), Flavio Parenti (Michelangelo), Fabio Armiliato (Giancarlo) et Jack (Jesse Eisenberg), Alec Baldwin (John), Greta Gerwig (Sally), Ellen Page (Monica) et Roberto Benigni (Leopoldo) et Alessandra Mastronardi (Milly), Alessandro Tiberi (Antonio), Penélope Cruz (Anna), Antonio Albanese (Luca Salta), Ornella Muti (Pia Fusari), Riccardo Scamarcio (Le voleur). 1h51.

Architecte de renom, John est en vacances à Rome, où il a vécu autrefois. Alors qu'il se balade dans son ancien quartier, il rencontre Jack, qui lui rappelle le jeune homme qu'il était. Lorsque Sally, petite amie de John, présente sa copine Monica, aussi pétillante que séductrice, à Jack, celui-ci ne tarde pas à tomber éperdument amoureux d'elle. John a alors le sentiment de revivre l'une de ses histoires d'amour les plus douloureuses...

Au même moment, Jerry, metteur en scène d'opéra à la retraite, s'envole pour Rome avec sa femme Phyllis pour faire la connaissance de Michelangelo, fiancé italien de leur fille Hayley. Quand Jerry entend le père de son futur gendre, Giancarlo, entrepreneur de pompes funèbres, chanter divinement sous la douche, il est fasciné, croyant entendre une aria digne de la Scala ! Convaincu qu'un tel don doit être révélé au grand jour, Jerry se dit qu'il tient sans doute là l'occasion de faire connaître Giancarlo et de donner un second souffle à sa propre carrière...

De son côté, Leopoldo Pisanello est un type parfaitement ennuyeux qui se retrouve un jour, sans vraiment comprendre pourquoi, dans la peau d'un des hommes les plus célèbres d'Italie. Rapidement, les paparazzis le traquent en permanence et s'interrogent sur ses moindres décisions. Tandis que Leopoldo s'habitue peu à peu aux plaisirs de la notoriété, il prend également conscience du prix à payer...

Entretemps, Antoni débarque de sa province à Rome, dans l'espoir d'impressionner ses oncles et tantes, très conservateurs, en leur présentant sa ravissante épouse Milly : il espère ainsi décrocher un boulot bien payé et s'installer dans la grande ville. Mais lorsque le hasard et les quiproquos s'en mêlent, le couple se retrouve séparé pour la journée. Antonio finit par faire passer une inconnue, Anna, pour sa femme, tandis que Milly est courtisée par le grand acteur Luca Salta...

Le talent de Woody Allen est encore bien présent dans cette comédie sentimentale totalement vaine. Ainsi cette très belle idée d'imposer la mise en scène d'opéra avec la douche comme accessoire comique récurent ou la grande liberté dans le croisement des quatre histoires, dégagées des impératifs de la vraisemblance chronologique (L'histoire de Jack et Monica durant une bonne semaine, celle de Milly et Antonio une seule journée). De même John, personnage réel au début, devient une forme de conscience d'un autre temps auprès de Jack ou cette façon de mélanger les tonalités comiques avec le burlesque et excellent Roberto Benigni.

Si les choix de mise en scène sont affirmés, la misanthropie du cinéaste condamne ses personnages. Pourquoi aucun des protagonistes de ces quatre histoires ne sera changé par les aventures vécues et reviendra à son point de départ ? Jerry à ses échecs de metteur en scène, Jack à sa vie paisible avec Sally, Antonio à la sienne avec Milly et Leopoldo à sa vie obscure. Chacun aura goûté à l'excitation de la nouveauté et repartira dans la vie un peu plus sage ou un peu plus expérimenté.

Rome n'a-t-il que cela à offrir ? Il y a comme un décalage entre la splendeur de la ville (bien qu'entre le début, Piazza Venezia, et la fin, Piazza di Spagna, le panoramique sur la Piazza del popolo est bien flou) et ce qu'elle apporte aux personnages. Comme un décalage entre la valorisation de la passion sexuelle et cette façon de la filmer en catimini, de l'extérieur d'une une voiture qui bouge ou de derrière des buissons. Le gendarme du début et le Romain à sa fenêtre de la fin, nous promettent mille histoires comme cela à nous raconter. Mais, puisque rien ne change, quatre sont amplement suffisantes.

Jean-Luc Lacuve le 12/07/2012

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