L'étranger

1967

(Lo Straniero). Avec : Marcello Mastroianni (Arthur Meursault), Anna Karina (Marie Cardona), Bernard Blier (l'avocat), Georges Wilson (le juge d'instruction), Bruno Crémer (le prêtre), Pierre Bertin (le juge), Jacques Herlin (le directeur de la maison de retraite), Marc Laurent (Emmanuel), Georges Géret (Raymond). 1h44.

Alger, 1935. Meursault, est arrêté. Modeste employé, il assista aux obsèques de sa mère morte dans un hospice sans manifester de douleur. Le lendemain, il passe la journée avec une jeune et jolie collègue, Marie Cardona. Il reprend ensuite sa vie de toujours, monotone, qu'interrompt un jour un voisin, Raymond, dont il ne s'est jamais occupé. Celui-ci s'étant querellé avec sa maîtresse le prie de lui écrire une lettre.

Les jours suivants, il revoit Marie qui lui demande de l'épouser. Sans trop savoir pourquoi, il refuse, comme il refuse l'offre de son directeur d'aller à Paris où sa carrière avancerait. Un soir, Raymond bat violemment sa maîtresse, une Arabe. La police clôt l'incident. Mais depuis, le frère de la victime suit Raymond, silencieusement, de loin, partout... Un dimanche, sur une plage où il était venu avec Marie et Raymond, Meursault tue cet homme qu'il n'avait jamais vu, pour des raisons qui ne le touchent pas.

Le juge d'instruction tente de comprendre Meursault et de découvrir les motifs qui ont fait de, lui un meurtrier. Celui-ci refuse d'admettre qu'il a éprouvé du chagrin à la mort de sa mère ou des remords à la suite de son meurtre et déclare qu'il ne croit pas en Dieu : s'il a commis ce crime, c'est parce que le soleil était intolérable.

Au cours du procès, Meursault découvre que c'est son absolue sincérité, son refus d'admettre l'hypocrisie sociale qui font de lui un monstre aux yeux du monde. Les témoignages accablants sur son insensibilité et le réquisitoire de l'avocat général construit sur la preuve de son cynisme le font condamner à mort. Dans sa cellule, Meursault refuse d'entendre l'aumônier. Il accepte la mort, ce qui fait de lui un homme libre car il a lui-même choisi sa destinée.

Avec L'étranger, Visconti entreprend de décrire l'Algérie coloniale de 1935. C'est probablement lors des longues scènes d'instruction et de procès que l'on peut, en partie, entrapercevoir son style. Le reste, la construcion en flash-back et la descriprion de cet homme qui refuse de s'étendre sur ses sentiments, est étranger à son style. Ansi l'interprétation trop expressive et charnelle de Mastroinani (il est poilu, il sue), les zooms incessants alourdissent les intentions de Camus.