Pas sur la bouche

2003

D'après la pièce d'André Barde. Avec : Sabine Azéma (Gilberte Valandray), Isabelle Nanty (Arlette Poumaillac), Audrey Tautou (Huguette Verberie), Pierre Arditi (Georges Valandray), Jalil Lespert (Charley), Daniel Prévost (Faradel), Darry Cowl (Madame Foin). 1h55.

Gilberte et Georges Valandray forment un couple bourgeois harmonieux dans le Paris de 1925. Monsieur est un riche homme d'affaires spécialisé dans la métallurgie. Madame est une femme coquette qui aime faire craquer les hommes. Parmi eux, le serviable vieux garçon Faradel, dont la garçonnière ne sert pas beaucoup, et le jeune artiste Charley, dont est éprise la charmante Huguette. Au milieu de ce petit monde, Arlette, sœur de Gilberte et vieille fille volubile toujours prête à aider les autres.

Mais voilà qu'arrive celui que personne n'attendait : Eric Thomson, industriel américain qui fut le premier mari de Gilberte. Personne ne connaît son existence, hormis les deux sœurs. Georges Valandray entre en relation d'affaires avec Eric Thomson et se prend d'amitié pour lui..

Tourné pour employer des comédiens et des techniciens déjà engagés pour faire un autre film, Pas sur la bouche souffre d'un scénario inconsistant. Si Resnais s'y est intéressé c'est probablement pour continuer à travailler les genres dit mineurs comme il l’avait fait avec la BD dans I want to go home.

Les comédiens sont excellents mais ni eux ni la mise en scène n'arrivent à donner la moindre profondeur à ce vaudeville puritain. Acceptant cette inconsistance des personnages en dehors du cadre de la convention, Renais fait ainsi disparaître le personnage de Faradel par un trucage numérique dès qu'il franchit la porte du salon.

Mais dans cet espace de pure convention, seul le troisième acte échappe à l'ennui. L'action y est plus resserrée et les portes claquent et se referment comme dans les meilleures comédies sophistiquées de Lubitsch. On repêchera aussi la mise en scène vaguement inquiétante de la déclaration de Valandrey sur l'alchimie amoureuse qui nécessite d'épouser une femme vierge ainsi que le septuor errant dans le noir parmi les colonnes.

En paraphrasant le brillant générique final nous dirons ainsi : nous ne sommes pas partis avant la fin... Ce n'est déjà pas si mal. Et comme nous sommes gentils, nous attendrons avec impatience et sans rancune le prochain film d'Alain Resnais.