Les lèvres rouges

1971

Genre : fantastique
Thème :

Avec : Delphine Seyrig (Comtesse Elizabeth Báthory), John Karlen (Stefan Chiltern), Danielle Ouimet (Valerie), Andrea Rau (Ilona Harczy), Paul Esser (Le receptionniste de l'hotel), Georges Jamin (Le policier en retraite). 1h27.

Valérie et Stefan, se sont mariés en Suisse dans la journée et font l'amour dans le train de nuit qui doit les ramener à Ostende prendre le bateau pour rejoindre le manoir du jeune homme en Angleterre. Leur train se trouvant retardé par un accident, ils doivent séjourner à Ostende pour la journée du lendemain. Stefan refuse de téléphoner à sa mère de crainte de sa réaction négative vis à vis de son mariage; Valérie en est affectée. Le soir venu, la comtesse Bathory arrive avec sa suivante, Ilona. Le réceptionniste reconnaît en cette femme à la troublante beauté une cliente venue quarante ans plus tôt dans l’établissement.

Le lendemain matin, Valérie en lisant le journal, découvre avec dégout que trois meurtres de jeunes femmes viennent d'être commis à Bruges dans la semaine; Stefan qui retarde toujours leur départ décide d'aller visiter les canaux de Bruges. Alors qu’ils abordent une rue, ils s'arrêtent derrière une ambulance qui emporte le cadavre d'une jeune femme égorgée il y a quelques jours. Un passant les informe que, comme les trois autres meurtres précédents, aucune trace de sang n'a été retrouvée. Le soir en revenant de Bruges, Valérie fait remarquer à Stefan combien il a été excité par ce meurtre. Dans l'hôtel, ils retrouvent la comtesse qui les invite à prendre un verre avec elle.

Stefan lui rappelle que le portier lui a indiqué qu'elle semblait toujours aussi jeune après qu'il l'ait vu il y a quarante ans. Portant le nom d'Elizabeth Báthory elle tient à se démarquer de la célèbre comtesse Erzsebet Bathory, une aristocrate hongroise du XVIIe siècle accusée de se baigner dans le sang de jeunes filles vierges afin de conserver la jeunesse éternelle. Néanmoins, elle détaille les tortures que celle-ci faisait subir à ses victimes pour faire jaillir le sang ce qui provoque l'extase de Stefan et les cris de dégouts de Valérie. Survient alors Ilona avec un journal, boudeuse depuis la brouille de la veille. A sa suite entre le passant rencontré à Bruges qui s'avère être un policier à la retraite.

Le soir, Ilona voudrait mordre Valérie mais Stefan arrive à temps pour l'en empêcher. Il se comporte violemment avec Valérie la lacérant de ses coups de ceinture. Dans la nuit, Valérie fait sa valise et s'en va à la gare. Elizabeth envoie Ilona dans la chambre de Stefan pendant qu'elle se rend à la gare pour convaincre Valérie de revenir pardonner à Stefan. Elle sait qu'Ilona aura séduit Stefan. Cependant après l'amour où Ilona résiste à tuer Stefan, celui-ci la force à une douche alors qu'elle redoute l'eau en se débattant elle empoigne un rasoir et Stefan voulant le lui ôter la tue par accident. C'est alors que surgissent Valérie et Elizabeth; la première obéissant à la seconde face à un Stefan clamant en vain son innocence et rapidement effondré. Tous les trois entèrent le corps d'Ilona sur la plage. Le policier à la retraite les observe sans intervenir. Élizabeth emmène Valérie dans sa chambre pour la journée. Quand au début de la nuit, Valérie fait ses valises pour partir avec Elizabeth, Stefan se révolte et les deux femmes tentent de l'étouffer avec un plat en verre qui se brise et lui ouvre les veines. Elles s'abreuvent de son sang. Elles partent en voiture jette son cadavre dans un ruisseau. Valérie conduit la voiture le plus vite possible mais elles sont surprises par les rayons du soleil et perdent le contrôle de la voiture;  Elizabeth est éjectée et s'empale contre un pieu avant de prendre flammes.

Des jours plus tard, Valérie, blanche comme neige, se fait pour ami un gentil petit couple.

Un conte fantastique pour adultes, avec Delphine Seyrig en vampire lesbienne, réincarnation de la comtesse Bathory. Un film culte à l'atmosphère vénéneuse, servi par l'envoûtante musique de François de Roubaix.

On doit au réalisateur flamand Harry Kümel au moins deux films cultes : Malpertuis, adapté du roman de Jean Ray, avec Orson Welles, et Les lèvres rouges, réalisé un an auparavant, avec Delphine Seyrig. La fée de Peau d'âne y apparaît en vampire blond platine dans le pur style années 1930, dominatrice, ensorceleuse et manipulatrice. Son personnage est directement inspiré d'une aristocrate hongroise du XVIIe siècle accusée de se baigner dans le sang de jeunes filles vierges afin de conserver la jeunesse éternelle. Revisitée depuis, notamment par Julie Delpy (La comtesse), la légende entourant Erzsebet Bathory est devenue la principale source d'inspiration des films de vampires au féminin, un sous-genre où se mêlent fantastique et saphisme. À mi-chemin entre œuvre arty et série B.

Les décors systématiquement vidés de tout figurant accentuent l'étrangeté inquiétante le grand hôtel désert de la cité balnéaire belge, les canaux de Bruges, les plages désertes la nuit. La violence masculine latente de Stefan est dénoncée au moins autan que le vampirisme des femmes.

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