Chambre 212

2019

Cannes 2019 Avec : Chiara Mastroianni (Maria), Vincent Lacoste (Richard à 25 ans), Camille Cottin (Irène Haffner à 40 ans), Benjamin Biolay (Richard), Stéphane Roger (La Volonté), Harrison Arevalo (Asdrubal), Carole Bouquet (Irène Haffner à 60 ans), Marie-Christine Adam (La mère de Maria). 1h27.

Maria est chez son amant, Asdrubal, qui peine à faire sortir sa copine, venue à l'improviste. N'y tenant plus, Maria sort de sa cachette et avoue devant la copine, que professeure de droit, elle a séduit Asdrubal comme presque tous les étudiants de ses cours dont les patronymes étranges la fascinent. Maria rentre ensuite chez elle. Richard, son mari, trouve une série de messages enflammés laissée par Asdrubal sur son portable, qu'il jette dans la machine à laver. Il lui demande néanmoins de s'expliquer; elle part en douce et se refugie dans la chambre d'hôtel en face de chez elle où elle peut voir Richard errer solitaire en proie au chagrin.

Maria reçoit alors la visite de Richard âgé de 25 ans ; de la première amante de celui-ci, Irène, qui a toujours les 40 ans qu'elle avait alors qu'elle était sa professeure de piano quand il était adolescent ; de "sa volonté", sous les oripeaux d’un quinquagénaire imitateur de Charles Aznavour ; de ses multiples amants passés qui viennent en groupe;  de sa mère et de la mère de sa mère. Maria part avec Irène voir ce qu'elle est devenue aujourd'hui. Elle a alors l’âge de la retraite et habite une maison solitaire sur une plage de la baie de Somme, heureuse de ses aventures homosexuelles.

Irène voudrait profiter de ses quarante ans d'aujourd'hui pour reconquérir Richard, désormais à peine plus âgé qu'elle. Maria la laisse faire et lui donne le code d'entrée de l'immeuble. Mais Richard ne se prend pas au jeu, même s'il aimerait avoir eu un enfant avec elle. Il préfère attendre le retour de Maria.

Maria elle-même ne trouve pas mieux à faire, quand le soir sera venu, de retrouver son mari.

La beauté du texte et le ton de comédie n'y font rien :  Honoré n'aime pas le couple et en donne une vision terriblement triste, épuisé après 20 ans de mariage qui ne survit que grâce à l'aveuglement du mari et aux fantaisies sexuelles de la femme.

Pour ne pas sombrer avec un sujet qu'il n'aime pas, le film se déploie dans l'artifice :  Maria écoute les premiers vers du Pont Mirabeau récités par Apollinaire lui-même sur un rouleau phonographique au début ; fausse neige dans la rue ; fausses feuilles mortes sur le lit ; filmage en studio avec plongées totales ; voyages temporels. "C'est du cinéma", comme le rappelle celui, bien réel, Les 7 Parnassiens, en bas de l'appartement.

Le film est alors à la limite de l'insignifiance, tant rien n'arrive vraiment quand tout peut arriver.

Reste à piocher dans la bande-son, tout aussi hétéroclite : la sonate en fa mineur de Scarlatti, Désormais de Charles Aznavour,  My heart belongs to only you de Bobby Vinton, Nous dormirons ensemble de Jean Ferrat,  Could It Be Magic de Barry Manilow, How Deep is Your Love de The Rapture.

Jean-Luc Lacuve, le 19 octobre 2019.

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