Le secret de Veronika Voss

1982

Genre : Mélodrame

(Die Sehnsucht der Veronika Voss). Ours d'or à berlin en 1982. Avec :  Rosel Zech (Veronika Voss), Hilmar Thate (Robert Krohn), Cornelia Froboess (Henriette), Annemarie Düringer (Dr. Marianne Katz), Doris Schade (Josefa), Erik Schumann (Dr. Edel), Günther Kaufmann (G.I., dealer). 1h44.

Un triste soir de pluie, Robert Krohn, journaliste sportif, rencontre l'ancienne star de la UFA, Veronika Voss, perdue au cœur de cette nuit munichoise des années 50. Troublé et fasciné par ce personnage, Robert évoque cette rencontre à son amie Henriette. Désireux de la revoir, il part à sa recherche. Il entre en contact avec le Docteur Katz, une dame très aimable qui lui apprend que Veronika Voss demeure chez elle en traitement...

Un soir, de retour de déplacement, Robert trouve Veronika qui lui propose de passer la nuit dans sa luxueuse villa. En pleine nuit Veronika est prise d'une violente crise. Robert la dépose chez le Dr Katz. Il retrouve Veronika dans les studios. A nouveau, elle est en proie à une violente crise... Un inconnu la fait conduire chez le Dr Katz ; c'est son ex-mari qui révèle à Robert l'existence tragique de son épouse. Star déchue, marquée par l'échec de son mariage, Veronika Voss est devenue dépressive et sombre dans l'alcool et la drogue.

Lié à Veronika, Robert tente de percer le secret qui entoure le cabinet du Dr Katz et ses patients. Une minutieuse enquête le conduit à ses fins : les malades dépressifs sont amenés à dépendre de la drogue que leur fournit le Dr Katz en échange de leur fortune, les conduisant peu à peu au suicide...

Robert et Henriette tentent de piéger le Dr Katz. Le plan échoue et Henriette est tuée. Quelques jours plus tard, Veronika meurt à son tour, victime d'une trop forte dose de somnifères. Séquestrée, sans morphine, elle ne pouvait plus s'accrocher à la vie. Sans preuve, Robert reste impuissant devant ce nouveau crime parfait.

Une spectatrice regarde un vieux film où l'héroïne supplie sa doctoresse avide de lui procurer une piqure de drogue en ces termes : "Aidez-moi, aidez-moi donc, cette douleur insupportable me déchire, me dévore. Elle me détruit. Je vous en supplie, ayez pitié, de grâce. Vous aurez tout ce que j'ai, tout ce que je suis. Je suis à vous maintenant. Tout ce que j'ai est à vous. Je ne peux plus vous offrir que ma mort."

Un flash mental nous ramène au tournage du film : il s'agissait de Venin sournois, de sa 142 scène, 5ème prise où Véronika Voss était en pleine gloire. Par le procédé d'une fermeture puis ouverture à l'iris, l'on suit Véronika sortir de la salle et rester sous la pluie où elle rencontre Robert Khron, le journaliste.

Effets de balayage d'un plan par l'autre, de troué du nouveau plan dans l'ancien. Tous ces plans de transitions disent l'artificialité du monde des apparences, la nature forcement incomplète du monde tel que nous le voyons.

Il en est de même des mutiples plans vus au travers des fenêtres. Autre marque du naturalisme prégnant du film : le plan du tatouage du numéro de Tréblinka sur le bras du juif survivant péniblement dans son magasin de porcelaine. Le nazisme n'aura été que l'une des figures d'un mal plus profond qui corompt la société: son gout se l'avidé et de la destruction.

Veronika est inspiré d'une actrice réelle, Sybille Schmitz, actrice de Dreyer pour Vampyr et qui se laissera aentainée par sa pulsion de mort comme Zarah Leander à l'inverse de Marlene Dietrich. Le film est dédié à Gerhard Zwerenz, écrivain de l'Allemagne de l'Est. Henriette est le prénom d'Henriette Vogel, avec laquelle Heinrich von Kleist se suicide le 20 novembre 1811. Fassbinder avait monté sa pièce, Le tremblement de terre au Chili (1807).